(Actualisé avec la déception de diplomates européens)

par Parisa Hafezi, John Irish et Francois Murphy

VIENNE, 3 décembre (Reuters) - Les discussions indirects entre les États-Unis et l'Iran pour sauver l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, qui ont frôlé la crise vendredi, ont été interrompues et reprendront la semaine prochaine, les responsables européens exprimant leur consternation face aux exigences des négociateurs iraniens.

Le septième cycle de négociations à Vienne est le premier auquel participent des délégués envoyés par l'actuel président iranien Ebrahim Raisi.

Son élection en juin avait entraîné une interruption de cinq mois des pourparlers, renforçant les soupçons des responsables américains et européens selon lesquels l'Iran cherche à gagner du temps tout en réalisant des avancées sur le nucléaire.

De hauts diplomates de France, d'Allemagne et de Grande-Bretagne, ont exprimé vendredi leur "déception et leur inquiétude" devant les modifications proposées par Téhéran à un texte qui avait fait l'objet d'un accord lors de précédents cycles de négociations.

"Des changements importants (ont été) demandés (par l'Iran)", ont déclaré les diplomates dans un communiqué, ajoutant que certains changements souhaités étaient incompatibles avec l'accord de 2015.

Cet accord de 2015 a imposé des restrictions aux activités d'enrichissement de l'uranium de l'Iran, retardant le temps nécessaire pour produire suffisamment de matière fissile pour une bombe nucléaire d'environ deux à trois mois à au moins un an.

L'Iran dément vouloir se doter d'armes nucléaires, affirmant vouloir uniquement maîtriser la technologie nucléaire à des fins pacifiques.

En échange des restrictions sur le nucléaire, l'accord de 2015 a levé une série de sanctions internationales contre la République islamique.

Cependant, après plus de deux ans d'adhésion de l'Iran aux principales restrictions, l'ancien président américain Donald Trump a retiré en 2018 les États-Unis de l'accord et a de nouveau imposé des lourdes sanctions économiques contre Téhéran.

L'Iran a réagi à partir de 2019 en s'affranchissant de nombreuses restrictions contenues dans l'accord.

Des responsables occidentaux estiment qu'il reste désormais peu de temps avant que les fondements de l'accord ne soient irrémédiablement endommagés. (Reportage Parisa Hafezi et François Murphy à Vienne et John Irish à Dubaï, version française Matthieu Protard et Federica Mileo, édité par Matthieu Protard)