Après une grosse série de séances sans gros relief, mais globalement positives, les marchés actions sont entrés dans une phase plus compliquée. Les deux dernières séances ont été marquées par des baisses assez prononcées. Elles ont même été assez brutales pour certaines places, à l'image de Paris, trahie par ses valeurs du luxe. Les évolutions récentes donnent l'impression que le fardeau des mauvaises nouvelles est devenu un peu lourd à porter et qu'il faudra l'alléger pour repasser la marche avant. Le plateau gauche de la balance contient les âpres négociations sur le plafond de la dette américaine, les craintes de récession aux Etats-Unis et en Europe, la déception sur la croissance chinoise et la menace inflationniste qui perdure. Quant au plateau de droite, il est bien moins garni puisqu'il contient essentiellement une relative résistance des résultats des entreprises et surtout l'espoir de voir la banque centrale américaine revenir à une politique de taux plus favorable à l'économie.

La Fed, justement, qui a publié hier soir le compte-rendu des débats de sa dernière réunion du 3 mai sur les taux. Une réunion qui s'était soldée par une hausse de 25 points de base, mais qui avait surtout laissé les investisseurs sur le sentiment que la banque centrale allait faire une pause lors du rendez-vous du 14 juin. Sentiment confirmé par le compte-rendu, puisque la probabilité d'un statu quo est restée à peu près inchangée à 70%, selon l'outil de prédiction FedWatch du CME. Quant au coup d'après, il reste incertain. Certains banquiers centraux pensent qu'il faudra encore serrer la vis plus tard dans l'année pour mettre l'inflation en coupe réglée, pendant que d'autres estiment que l'effort est probablement suffisant au regard des signaux de ralentissement de l'économie déjà visibles. L'un dans l'autre, on n'est pas beaucoup plus avancés… De toute façon, les choses doivent être prises dans l'ordre : la préoccupation de court terme, c'est le plafond de la dette.

Au milieu de ces grands blocs macroéconomiques qui façonnent les tendances de marché, il y a aussi des événements d'apparence secondaires qui sont capables de changer la donne, au moins momentanément. C'est peut-être le cas des résultats publiés par Nvidia hier soir. J'en parlais justement la veille, le groupe américain est entré dans le milieu assez étroit des faiseurs de tendances, au même titre que quelques illustres dossiers technologiques bien connus. Il a publié des prévisions époustouflantes, nettement supérieures à ce que prévoyaient les analystes. Cela arrive assez rarement dans le secteur, d'autant plus concernant l'entreprise de Santa Clara, qui publie tardivement à cause de son exercice décalé (l'exercice est clôturé au 31 janvier), ce qui laisse généralement le temps au marché d'ajuster ses anticipations avec les indications fournies par la concurrence. Donc là, c'est décoiffant et il y a une explication derrière tout ça : l'intelligence artificielle bien sûr. D'ailleurs, pour vous donner une idée, j'ai repris la retranscription de la présentation des résultats de Nvidia hier soir pour faire une statistique : le terme "AI" est présent 209 fois. On m'a demandé hier pourquoi la société est au cœur de l'essor du secteur alors que c'est un spécialiste des cartes graphiques. La réponse est simple : les processeurs graphiques ont des capacités de calcul hors normes. Du coup, Nvidia est invité à tous les festins depuis des années. Au festin du jeu vidéo et de la numérisation, son premier métier. Puis au festin du minage de cryptomonnaies, qui a permis la seconde phase d'explosion haussière de Nvidia. Ensuite au festin de l'informatique accélérée, qui dope les performances des centres de données. Enfin, au festin de l'IA générative qui se profile. En d'autres termes, Nvidia est encore au bon endroit, au bon moment.

Tout ça pour dire que la qualité des chiffres de Nvidia a réveillé le compartiment technologique depuis la clôture de Wall Street hier soir. Le titre lui-même fait un stupéfiant +25% hors séance. Et on ne parle pas d'une petite capitalisation. Quand on sait que l'action pèse déjà 755 Mds$ en bourse, cela signifie qu'elle pourrait monter à 940 Mds$ si la hausse tient. Soit peu ou prou LVMH, L'Oréal, TotalEnergies et Sanofi réunis. Voilà qui confirme que l'intelligence artificielle, à l'origine d'une grande partie de la progression du S&P500 et du Nasdaq en 2023, est un gisement de valeur de poids. En tout cas pour Nvidia à ce stade.

Dans le reste de l'actualité, l'agence de notation Fitch a placé la note "AAA" des Etats-Unis sous surveillance en vue d'une éventuelle révision à la baisse, à cause des tensions sur le plafond de la dette. Les investisseurs attendent toujours des progrès sur ce front. Ils suivront aussi une nouvelle estimation du PIB américain du T1 à 14h30, ainsi que les chiffres de l'immobilier ancien, à l'heure où le marché hypothécaire est fragilisé par les hausses de taux.

Sur les marchés d'Asie Pacifique, le Nikkei 225 retrouve quelques couleurs au Japon, même si le Topix évolue encore dans le rouge. La glissade du yen soutient le marché, comme c'est traditionnellement le cas. La Chine déprime en revanche sur fond de craintes pour le dynamisme économique, avec notamment un Hang Seng au fond du seau : -2,5% en séance. La Corée du Sud cède 0,3%, en dépit de la bonne tenue du compartiment semiconducteurs dans le sillage de Nvidia. L'Australie a clôturé en baisse de 1%. Les indicateurs avancés européens sont proches de l'équilibre avec un biais haussier assez mince. L'apport de Nvidia donne une belle couleur verte un peu artificielle au futures du S&P et du Nasdaq, alors que le Dow Jones recule. Le CAC40 grappille 0,04% à 7256 points.

Les temps forts économiques du jour

Nous aurons donc droit à deux nouvelles lectures de PIB du T1 2023, pour l'Allemagne (8h00) et les Etats-Unis (14h30). Outre-Atlantique, les investisseurs prendront aussi connaissance des traditionnels chiffres hebdomadaires de l'emploi (14h30) et des ventes de logements dans l'ancien (16h00). Tout l'agenda ici.

L'euro recule à 1,0737 USD. L'once d'or se négocie 1957 USD. Le pétrole est ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 78,17 USD le baril et un brut léger américain WTI à 74,17 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans se renforce 3,75%. Le bitcoin se négocie 26 700 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aixtron : Morgan Stanley reprend le suivi à pondération en ligne en visant 31 EUR.
  • bioMérieux : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 110 à 114 EUR.
  • CaixaBank : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 4,60 EUR.
  • Embracer : ABG passe d'acheter à conserver en visant 27 SEK.
  • Eurocommercial Properties : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 22 à 24 EUR.
  • Indivior : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 2115 à 2330 GBp.
  • JCDecaux : J.P. Morgan reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 15,90 à 15,40 EUR.
  • Julius Bär : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 80 à 76 CHF.
  • MFE-MediaForEurope : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 0,64 EUR.
  • Renault : Mediobanca démarre le suivi à l'achat en visant 49 EUR.
  • Sartorius Stedim Biotech : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 408 à 374 EUR.
  • Soitec : Morgan Stanley reprend le suivi à surpondérer en visant 173 EUR.
  • Standard Chartered : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 980 à 1010 GBp.
  • VAT : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 305 à 375 CHF.
  • Vicat : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 23 à 29 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Casino se dirige vers l'ouverture de négociations officielles avec ses créanciers afin de résoudre ses difficultés financières, ont indiqué mercredi deux sources proches du dossier.
  • Pierre Palmieri (Société Générale) élu président du conseil d’administration d'ALD.
  • Dassault Aviation annule 0,7% de son propre capital.
  • La procédure de sauvegarde accélérée d'Orpea prorogée jusqu'au 24/07. Le rapport du cabinet mandaté pour se prononcer sur la restructuration financière la juge équitable pour les actionnaires.
  • Waga Energy démarre sa première unité de production de gaz naturel renouvelable au Canada.
  • Voyageurs du Monde annonce la reprise totale de l'activité après la cyberattaque.
  • L'acquéreur potentiel des activités américaines d'Egide se désengage.
  • OSE Immunotherapeutics annonce la fin du recrutement de l'essai de phase II avec Tedopi.
  • PCAS va vendre sa filiale canadienne à DIC.
  • Wallix lance une offre de cybersécurité.
  • Hunyvers se renforce dans le nautisme avec l’acquisition de Marine Plaisance Service.
  • Transgene et BioInvent annoncent des résultats positifs pour l’essai de phase Ia du virus oncolytique BT-001 dans le traitement des tumeurs solides.
  • Le petit coin de la dilution : Delta Drone nous gratifie d'un nouveau montage financier audacieux marqué par l'arrivée d'un nouvel investisseur. Spineway signe une OCA avec Negma. Atari veut émettre 30 M€ d'OC. Boostheat signe une lettre d'intention pour un projet sur une solution logicielle. Pharnext publie des données sur une étude de suivi ouverte de long terme avec PXT3003.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Derichebourg, Coface, Aramis, Figeac Aero, Netgem, Pierre & Vacances

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Nvidia : le titre explose à la hausse de près de 25% après la publication des prévisions trimestrielles inattendues.
  • Snowflake : le titre chute de 13% hors séance après des résultats décevants.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures