En effet, d’une manière générale, la majorité des options vaut zéro à l’échéance. Par conséquent, les vendre peut être un acte de gestion efficace et rentable.

Efficace car la valeur temps ou Thêta (un des critères de valorisation des options) tend vers zéro, graduellement, au fur et à mesure que l’échéance se rapproche. En plus de profiter de cet effet temps, le vendeur d’option peut rechercher le dégonflement de la volatilité ou Vega (un deuxième critère de valorisation). La prime peut donc fortement se réduire si la volatilité baisse, sans pour autant que le sous-jacent fasse des écarts significatifs.

Rentable car initialement, il ne s’agit pas de débourser du cash mais plutôt de démarrer la stratégie en encaissant un crédit. Le but final étant de le "défendre".

Et là, faisons une pause…..

Si le concept  de "vendre et attendre" paraît facile, l’interprétation est erronée. En effet, maîtriser la vente d’options se veut complexe et reste réservé aux personnes très initiées. Car gardez à l'esprit la caractéristique fondamentale de ces produits dérivés : les gains ou les pertes sont illimités. Dans le cas des ventes d’options, une forte variation du sous-jacent peut entraîner des pertes conséquentes. Le trader initié en a connaissance et se prépare à tout moment pour stopper sa position. Cette opération de débouclement ou aménagement atteste de sa compétence, de sa capacité à décaler ou à ne rien faire pour attendre un revirement de tendance. La technique consiste donc à défendre la position avec le crédit généré par la position initiale. Si le débours final est supérieur à l’encaissement de départ, la stratégie entre en phase de perte.
 
Prenons l’exemple d’une vente de "strangle". Non, il ne s’agit pas d’un groupe de rock des années 80, mais d’une combinaison de deux ventes simultanées (ou décalées, peu importe) d’un call et d’un put. Une chose est certaine, une des deux pattes cotera zéro à l’échéance. Le but consiste à cadrer le marché (to strangle en anglais voulant dire étrangler).

En date du 16 août 2018, le Future septembre se négocie à 5 400 points. Sur la même échéance, le call 5 500 vaut 40 et le put 5 200 points également 40. Nous parlons de Future car les options sont toujours "pricées" sur ce contrat et non pas sur le CAC40.

Remarque immédiate : le put à 200 points vaut le même prix que le call à seulement 100 points, signifiant que le risque de baisse l’emporte sur les chances de hausse.

Résumons : en vendant le put et le call simultanément, l’encaissement se monte à 80 soit 800 euros par contrat vendu (10 euros le point), montant considéré comme le gain maximum.
C’est donc le crédit de 80 qui va permettre de défendre la position jusqu’à l’échéance ou jusqu’au débouclement. A partir de ce moment, l’opérateur se retrouve en mode défensif. Il doit, soit attendre que s’écoule le temps en espérant que le sous-jacent se stabilise à l’intérieur des bornes "point mort", soit aménager sa position. 

La deuxième hypothèse nécessite la manipulation d’une des deux pattes vendues pour adapter la stratégie au parcours indiciel. Cela se traduit par un décalage de la borne "attaquée", en transférant la vente initiale sur un autre prix d’exercice.

A la hausse, il s’agira de racheter le call 5 500 pour revendre un 5 550 ou 5 600 avec un écart <80 pour garder du crédit, ou à la baisse, de racheter le put 5 200 pour revendre un 5 150 ou 5 100 avec les mêmes contraintes. L’opérateur doit maitriser cette manipulation pour se lancer dans la vente d’options, discipline souvent gagnante mais qui peut entraîner des pertes conséquentes, en cas de tendance affirmée sur plusieurs mois.
 
Continuons avec l’exemple de la vente de strangle à +80. L’encaissement permet d’obtenir les bornes (points jaunes)  délimitant la zone de gain et de perte, entre 5 200 - 80 = 5 120 et 5 500 + 80= 5 580


La vente d’un strangle (vente d’un put 5200 et vente d’un call 5500) pour jouer un maintien de l’indice entre les bornes jaunes jusqu’au 21 septembre (échéance du 09/2018)
 
Les extrêmes du graphique mettent en exergue les pertes potentielles en cas de fort décalage du CAC40. Cependant la plage 5 120/ 5 580 procure un espace de gain substantiel car il représente par rapport à 5 400 points (niveau de future 09/2018  lors du montage) des écarts de 4% à la baisse et 3.3% à la hausse, soit une fourchette de 460 points.
 
Imaginons un fort décalage à la baisse sur le CAC40 à 5 250 points avec un potentiel baissier non épuisé. Il faudra redescendre le put 5 200 sur 5 100 pour éviter le débordement.
Les initiés auront déjà compris qu’il faudra, en fait, acheter un put spread 5 200/5 100 qui devrait valoir autour de -35.

Après l’opération, la position se composera, d'un put vendu 5 100 (l’achat du put 5 200 venant déboucler la vente initiale) et toujours de la vente du call 5 500. Le crédit de 80 points se verra amputé de 35, ce qui génèrera un nouveau solde de 45 soit 450 euros par contrat.

Si vous êtes encore hyper concentré… vous pouvez calculer les nouvelles bornes "point mort".

Bon, je vous donne le résultat : nouveau crédit de 80-35 = 45
Ce qui fait à la baisse 5 100 - 45 = 5 055 et la hausse 5 500 + 45 = 5 545 points, soit un espoir de gains réduit (45) mais réalisé entre ces deux nouvelles bornes élargies : 5 055 / 5 545 = 490 points (460 de base + 100 de décalage – [35*2] = 490)



Résultat à l'échéance avec l'aménagement de la position  (vente put 5100 et vente du call 5500)
 

Voilà un exemple d’utilisation des options dans un schéma de vente. Les traders ont la fibre ou non pour la mise en place de ce genre de combinaisons car il convient d’avoir les bons réflexes en cas de débordement. Cela ne s’improvise pas. A défaut de vous lancer dans ces stratégies plus risquées vous connaîtrez au moins l’existence de ces opportunités de marchés que guettent les opérateurs. Ces derniers veulent profiter des phases de stabilité durable, ou, en cas de forte poussée de volatilité, de primes significatives à encaisser sur des prix d’exercice souvent loin du niveau du sous-jacent.
 
Lors de la mise en place de ce type de combinaison à la vente, le risque, comme on l’a vu, existe, ce qui fait que le broker demande un "dépôt de garantie" qui correspond à un certain niveau de perte (sur une estimation de 300 points de variation environ sur le CAC40). Les opérateurs les plus initiés n’hésitent pas à cumuler les ventes de strangle sur d’autres prix d’exercice pour élargir davantage les plages de gains , d’augmenter le crédit et par conséquent, d’intensifier les possibilités d’aménagements pour réduire le risque au fil du temps. Exercice passionnant.