Les marchés actions européens ont adopté un biais prudemment optimiste hier, en l'absence des investisseurs américains qui bénéficiaient d'un weekend rallongé par un jour férié. Les variations positives ont été inférieures à 0,4% en France, en Allemagne ou au Royaume-Uni. La Suisse s'est distinguée avec un SMI en hausse plus marquée de 1,29%, grâce aux gains copieux de Novartis, d'UBS et de Sika. Le sentiment général reste bon, comme depuis le début de l'année boursière. Il est alimenté par une réduction de la pression inflationniste, la chute des prix de l'énergie en Europe et des économies qui continuent à tourner en dépit de taux directeurs pénalisants. Et par les espoirs d'une reprise en Chine, même si les signes sont encore diffus, comme le montrent les dernières données publiées ce matin, que je vais passer un peu de temps à commenter en profitant de l'occasion pour aborder un élément clef de la compréhension des marchés financiers : la différence entre la qualité des chiffres et la signification des chiffres pour les investisseurs.

En finance, il faut toujours considérer le relatif et l'absolu. Attendez, ne partez pas en courant, il n'y a rien de philosophique là-dedans. Je vais prendre un cas très concret en exemple, les résultats trimestriels des entreprises. Il se peut que, dans l'absolu, ils baissent d'une année sur l'autre. Mais ce qui intéresse surtout les investisseurs, c'est de savoir s'ils sont plus ou moins élevés que ce qui était prévu par les analystes. Pourquoi ? Parce que le marché se nourrit des décalages entre ce qui est attendu et ce qui est annoncé pour forger des tendances. Dans la réalité, c'est un peu plus complexe que cela parce que le code de bonne conduite des entreprises cotées implique désormais de dépasser les prévisions. Sinon vous êtes un tocard. Par conséquent, une sorte de rituel s'est installé avec des dirigeants qui orientent les analystes vers des objectifs un peu sous-optimaux, de façon à scénariser au mieux les publications trimestrielles. Disons que c'est de bonne guerre, même si ça complique la lecture.  

Pourquoi parler de relatif et d'absolu ce matin ? D'abord pour une piqûre de rappel parce que la saison des résultats trimestriels se profile. Mais aussi pour introduire les statistiques du jour en provenance de Chine. Je l'écrivais hier, la nuit de lundi à mardi constituait l'un des temps forts de la semaine avec une batterie de chiffres importants pour la seconde économie mondiale. On va d'abord parler en relatif si vous le voulez bien. Et si vous ne voulez pas aussi d'ailleurs puisque c'est moi qui parle, non mais. Sur cette base relative donc, tous les chiffres sont meilleurs que ce que craignaient les économistes. Un économiste, je vous le rappelle, est quelqu'un qui passe son temps à se tromper mais qui a suffisamment de connaissances pour expliquer pourquoi. Un chroniqueur boursier, c'est pareil, mais les connaissances en moins. En tout cas, la croissance chinoise a atteint 3% en 2022, ce qui est légèrement supérieur à ce qui était attendu. Et qui ferait saliver la plupart des économies matures. Le commentaire, relatif lui aussi, du Bureau national des statistiques de la Chine, est ainsi libellé "L'économie nationale a résisté à la pression et a atteint un nouveau niveau en 2022".

En absolu, c'est beaucoup moins glamour. La croissance chinoise n'avait pas été aussi faible depuis 1976, si l'on fait exception de l'année 2020, marquée par les confinements. Elle est à la fois significativement inférieure aux objectifs de début d'année (5,5%) et très en-deçà de la moyenne des années précédentes. La Chine n'a plus besoin d'afficher plus de 8% de croissance annuelle pour créer des emplois susceptibles d'absorber l'exode rural des dernières décennies. Mais elle ne peut pas se permettre non plus de descendre trop bas. L'autre information de la nuit, c'est que la population du pays a baissé, ce qui ne s'était plus vu depuis les suites de la grande famine de 1959. L'ancien Empire du Milieu a perdu 850 000 personnes en 2022, par rapport à 1,412 milliard d'habitants en 2021. On ne peut pas parler d'hémorragie, mais cela donne une idée du défi sociétal qui attend le pays.

Les investisseurs doivent mouliner tout ça ce matin. La croissance chinoise n'est pas terrible, mais les chiffres du dernier trimestre sont un peu moins mauvais que prévu, sur la consommation et l'investissement en particulier. Des données macroéconomiques aussi médiocres ne pousseraient-elles pas le parti communiste à lancer des plans de soutien ? Quand on mélange le relatif et l'absolu avec le concept "une mauvaise nouvelle économique est une bonne nouvelle pour les marchés financiers parce qu'elle entraînera une réponse politique et/ou monétaire", on se retrouve avec une multitude de possibles. Qui complique singulièrement le jeu des pronostics.

Cette indécision se retrouve au niveau des marchés d'Asie Pacifique ce matin. Ils partent dans tous les sens. Tokyo efface ses pertes de la veille en rebondissant de 1,2% du côté du Nikkei 225. Le Hang Seng perd 1% à Hong Kong pendant que le CSI300 en Chine continentale est proche de l'équilibre, manifestement peu affecté par les chiffres économiques précités. Le KOSPI coréen, qui ne baissait plus depuis le 3 janvier, lâche 1%. Quant au SENSEX indien, il repasse la marche avant. On termine en Australie où l'ASX200 n'avait aucune motivation ce matin : il clôture en baisse de 0,03%. Les indicateurs avancés européens sont légèrement baissiers autour de 8h00. Le CAC40 perdait 0,04% à 7041 points à l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

L'Allemagne publiera à 8h00 la seconde lecture de son inflation de décembre, puis à 11h00 l'indice de confiance des financiers ZEW. Aux Etats-Unis, l'indice Empire Manufacturing de janvier est programmé à 14h30. Tout l'agenda ici.

L'euro recule légèrement à 1,0824 USD. L'once d'or se replie de concert à 1910 USD. Le pétrole est ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 84,66 USD le baril et un brut léger américain WTI à 79,60 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans remonte légèrement à 3,53%. Le bitcoin se maintient autour de 21 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • 888 Holdings : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 320 A220 GBp.
  • Aéroports de Paris : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 142 à 155 EUR.
  • Alfa Laval : SEB Equities passe d'acheter à conserver en visant 330 SEK.
  • Arbonia : Research Partners reste à acheter avec un objectif de cours réduit de 19 à 16,50 CHF.
  • ASM International : Barclays démarre le suivi à souspondérer en visant 230 EUR.
  • ASML : Barclays démarre le suivi à pondération en ligne en visant 680 EUR.
  • Asos : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 625 à 750 GBp.
  • Associated British Foods : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1500 à 1750 GBp.
  • Aston Martin : HSBC passe d'acheter à conserver.
  • Axa : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 32 à 34 EUR.
  • BE Semiconductor : Barclays démarre le suivi à souspondérer en visant 55 EUR.
  • CA Immo : Raiffeisen passe d'acheter à conserver en visant 32,50 EUR.
  • Coca-Cola HBC : Numis reprend le suivi à accumuler en visant 2200 GBp.
  • Dätwyler : PS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 293 à 264 CHF.
  • Entain : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 2000 à 1930 GBp.
  • Fraport : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 33 à 37 EUR.
  • Geberit : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 346 à 341 CHF.
  • Infineon : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 47 EUR.
  • Konecranes : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 29 EUR.
  • Leonardo : Goldman Sachs passe de neutre à acheter en visant 11,70 EUR.
  • NatWest : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 350 à 380 GBp.
  • NCC Group : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 240 GBp.
  • OCI : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 47 à 38 EUR.
  • Royal Unibrew : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 520 à 500 DKK.
  • STMicroelectronics : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 60 EUR.
  • Swatch Group : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 370 CHF.
  • Temenos : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 70 à 79 CHF.
  • Tornos : Research Partners reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 6,50 à 6 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Vulcan et Stellantis étudient l'alimentation de l'usine de Rüsselsheim en énergie géothermique.
  • Les actions d'Aveva suspendues mercredi dans le cadre de l'accord avec Schneider.
  • Un tribunal français rejette l'accusation de complicité de crimes de guerre en Ukraine contre TotalEnergies.
  • Schneider Electric sous le coup d'un appel national à la grève pour les salaires.
  • Renault et Geely travaillent à faire entrer Saudi Aramco dans une coentreprise de moteurs à essence et hybrides. Par ailleurs, Renault et Nissan auraient convenu de finaliser les discussions sur leurs rapports capitalistiques, industriels et commerciaux d'ici la fin du mois, selon la presse nippone. Enfin, les ventes mondiales de Renault ont baissé de 9,4% en 2022, à 1,466 million d'unités.
  • Danone lance un programme de réduction des émissions de méthane.
  • Technip Energies remporte un contrat auprès d'ADNOC dans le cadre du projet gazier Hail & Ghasha aux Emirats Arabes Unis.
  • Arkema émet 400 M€ d'obligations à huit ans avec un coupon de 3,5%.
  • Xavier Niel lorgnerait la fréquence TNT de M6 Métropole Télévision lors du renouvellement en vue, selon les Echos.
  • Euronext va transférer la compensation des produits dérivés en Italie en 2024.
  • Alstom remporte un contrat de maintenance avec VR en Suède.
  • Aéroports de Paris revient à un peu plus de 80% de son trafic d'avant crise en 2022.
  • SII rachète Metanext.
  • Jennifer Hubber démissionne de son mandat d’administratrice d'Ipsos.
  • Argan renoue avec un taux d'occupation de 100%.
  • Guerbet présente sa stratégie 2023.
  • Roctool signe un accord mondial avec Standex.
  • Namr veut lever 4,8 M€, avec une garantie pour la quasi-totalité du montant par la Société Générale et la Banque des Territoires. Cette somme donne 18 mois de visibilité.
  • Alpha Mos renouvelle le mandat de son directeur général.
  • Catana et Genoway ont publié leurs comptes.
  • Sur l'agenda du jour : Esker, Pierre & Vacances, Kalray

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont données à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Experian : la croissance organique a atteint 6% au T3 fiscal, permettant de confirmer les prévisions pour l'ensemble de l'année.
  • Lindt : le chiffre d'affaires annuel progresse de 10,8% en organique à 4,97 MdsCHF (consensus +10%).
  • Ocado : les ventes trimestrielles ont légèrement progressé, bien que l'augmentation du nombre de clients ait été partiellement compensée par une diminution du nombre d'articles achetés par commande.
  • Oxford Nanopore Technologies : le britannique évalue son chiffre d'affaires annuel 2022 à 199 M£.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures