Allez zou, comme dirait ma mamie, petit bilan du mois de janvier, puisqu'il vient de se terminer. Globalement, la libido des investisseurs s'est réveillée, ce qui a profité aux actifs à risque. Ils se sont d'abord positionnés sur les grosses technologiques qui avaient beaucoup baissé et sur le thème de la reprise économique chinoise. Avant de se lancer dans des paris plus intrépides sur des titres dézingués en 2022 ou largement spéculatifs. A petits pas d'abord, et plus franchement à mesure que le mois a avancé.

Voilà comment cela s'est traduit pour les indices :

  • En Europe, l'indice large STOXX Europe 600 a gagné 6,7% sur le mois. Les gains ont été copieux jusqu'au 18 du mois, avant que le vieux continent ne marque le pas. Les pays du Sud (Italie, Grèce, Espagne), dont les actions sont perçues comme plus risquées, donc avec un potentiel plus élevé en phase de hausse, sont aux avant-postes. Le CAC40 et le DAX ne sont pas loin grâce pour le premier à son compartiment luxe et pour le second à son contingent de valeurs cycliques. Les marchés nordiques (Norvège, Finlande, Danemark), plus défensifs ou plus exposés aux valeurs de l'énergie, ferment généralement la marche, hormis en Suède où les performances ont été solides. Le SMI suisse et le FTSE 100 britannique ont posté des gains, mais inférieurs aux grands marchés de l'UE. Les plus fortes hausses chez les grosses capitalisations du STOXX Europe 600 sont Unicredit, STMicroelectronics, Kering et ASML (finance, luxe, semiconducteurs). Les plus fortes baisses, Equinor, Genmab et AstraZeneca (santé, pétrole).
  • Aux Etats-Unis, l'indice large S&P500 a affiché à peu près le même parcours que le STOXX Europe 600, avec une hausse mensuelle de 6,2%. A ceci près que le départ a été plus poussif et que la performance a été renforcée à la fin du mois. L'indice fait la synthèse entre un Dow Jones dont les gains se limitent à 2,8% et un Nasdaq 100 qui a engrangé 10,6%. Ce grand écart s'explique par le profil plus conservateur du Dow Jones, dont les plus grosses pondérations sont des dossiers traditionnels, comme UnitedHealth ou The Home Depot. L'appétit retrouvé des investisseurs pour le risque les a poussés vers les actions technologiques et de croissance, qui pullulent dans le Nasdaq. Parmi les poids-lourds de l'indice, Nvidia et Tesla ont repris plus de 30% et Amazon et Meta Platforms plus de 20%. Ça aide !
  • En Asie, ce sont les indices chinois qui ont eu le vent en poupe, prise de risque et réouverture du pays obligent. L'essentiel de la performance (11% de gains pour le MSCI China et le Hang Seng) date du début et du milieu du mois, parce que la fin janvier a été plus compliquée : après la coupure du nouvel an lunaire, les investisseurs ont lancé une vague de prises de bénéfices. La Corée du Sud, grâce à son fort contingent technologique, a gagné 9%. Les progressions étaient moindres en Australie (6%) et au Japon (5%). Un seul marché affiche une performance négative, la star de l'année 2022 : l'Inde. Le SENSEX perd 2%. Le sentiment négatif est aggravé depuis quelques jours par les déboires du conglomérat Adani Enterprises, qui s'est effondré en bourse avec ses filiales cotées, après un rapport à charge du vendeur à découvert Hindenburg, qui pense avoir mis en lumière des risques cachés sur le dossier.

Le gros morceau du jour, c'est donc la décision de politique monétaire que la Fed rendra ce soir à 20h00. Sur le fond, il n'y a pas de gros suspense, enfin si l'on considère les paris du marché matérialisés par l'outil FedWatch du CME : 98,7% de probabilité que la banque centrale relève son taux directeur de la fourchette 4,25 à 4,50 à la fourchette 4,50 à 4,75%, soit un tour de vis de 25 points de base. C'est la forme qui importe, c’est-à-dire les commentaires que formulera à partir de 20h30 le patron de la banque, Jerome Powell. Qui n'est pas dans une position très confortable. Il doit en effet composer avec des marchés financiers qui ont déjà décidé que l'inflation était mise en coupe réglée et que la Fed n'aura plus qu'un tour de vis à donner après celui-là pour boucler son cycle de resserrement monétaire actuel. Mais il ne peut pas trop les conforter dans cette analyse. D'une part parce que la crédibilité de la banque centrale, c’est-à-dire son niveau de contrôle de l'économie, repose sur sa capacité à dicter la tendance plutôt qu'à la subir. D'autre part parce que Jerome connaît bien les investisseurs et sait que s'il leur lâche la bride, ça va tourner à la fiesta spéculative dans tous les sens. Et enfin parce que Jerome n'est pas encore tout à fait à l'aise avec l’idée que le combat contre l'inflation est gagné.

Tout ça fait que l'exercice de communication de ce soir s'annonce périlleux. A moins que tout ceci ne serve à rien. Je ne résiste pas au plaisir de citer quelques passages d'un article publié la semaine dernière par le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz (disponible en français, d'ailleurs). Stiglitz n'a jamais caché ses doutes sur la politique monétaire menée actuellement, qu'il considère comme un remède pire que le mal. Je le cite "Certains diront aussi que l’inflation a justement pu être contenue en raison de la détermination dont ont fait preuve les banques centrales. Mon chien Woofie pourrait avoir tiré les mêmes conclusions de ses aboiements lorsque des avions survolent la maison. Il pourrait tout à fait penser qu’il les a effrayés, et que s’il n’avait pas aboyé, le risque était plus élevé que ces avions s’écrasent sur lui." En d'autres termes, et si l'on fait abstraction du fait qu'on peut être à la fois prix Nobel et avoir un chien qui s'appelle Woofie, Stiglitz pense que la crise d'autorité de la Fed est peut-être inutile, voire contreproductive et qu'elle devrait cesser. En un sens, cela rejoint les aspirations des investisseurs, mais pour des raisons plus fondamentales que bassement spéculatives.

En attendant la banque centrale américaine, on aura droit à un agenda macroéconomique bien garni, agrémenté de nombreuses publications de résultats d'entreprises. Advanced Micro Devices, Amgen, Electronic Arts hier soir aux Etats-Unis. Novo Nordisk ou Novartis en Europe ce matin. Post-clôture américaine, ce sera au tour de Meta Platforms et d'Alibaba. Du lourd donc, sans même parler de toutes les autres. Dans le volet plus généraliste, la Grande-Bretagne et l'Union européenne auraient trouvé un accord visant à régler le contentieux sur le protocole nord-irlandais, selon la presse britannique. La Commission européenne doit présenter aujourd'hui un plan visant à permettre à l'UE de rivaliser avec les Etats-Unis dans le domaine des technologies vertes tout en réduisant sa dépendance vis-à-vis de Pékin.

Les marchés d'Asie sont plutôt haussiers ce matin. Au Japon, le Nikkei 225 a gagné 0,1% en clôture, tandis que la Chine continentale s'adjuge 0,5%. Hong Kong rebondit après une passe compliquée en prenant 0,8%, pendant que la Corée gagne 1,2%. Dans le Pacifique, l'Australie est en progression de 0,3%. Même l'Inde, après un début d'année baissier, retrouve le chemin de la hausse ce matin, en prenant 0,8%. Les indicateurs avancés européens sont légèrement haussiers, en dépit d'une tendance négative des "futures" américains. Le CAC40 a démarré la séance en hausse de 0,17% à 7095 points.

Les temps forts économiques du jour

Les statistiques tombent dru aujourd'hui. La seconde lecture des indices PMI manufacturiers mondiaux est programmée pour les grandes économies, ainsi que l'inflation européenne de janvier. Aux Etats-Unis en attendant la décision de la Fed (20h00), on aura doit aux enquêtes ADP (14h15) et JOLTS sur l'emploi (16h00), et à l'ISM manufacturier et aux dépenses de construction (16h00 aussi). Tout l'agenda ici. Ce matin, l'indice PMI manufacturier Caixin pour la Chine est ressorti inférieur aux attentes à 49,2 points, alors que le PMI "officiel" était en zone d'expansion.

L'euro est stable à 1,0867 USD. L'once d'or remonte à 1927 USD. Le pétrole se reprend, avec un Brent de Mer du Nord à 85,67 USD le baril et un brut léger américain WTI à 79,19 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 3,51%. Le bitcoin remonte à 23 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABN Amro : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 13,20 à 14,60 EUR.
  • Aena : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 120 à 130 EUR.
  • ASM International : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 320 à 365 EUR.
  • ATOSS Software : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 167 à 185 EUR.
  • Chemring : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 360 GBp.
  • Compagnie Plastic Omnium : TP ICAP passe d'acheter à conserver en visant 21 EUR.
  • Elementis : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 130 GBp.
  • Elis : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 20 à 21 EUR.
  • Eramet : Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 141 EUR.
  • Friedrich Vorwerk : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 41 à 14 EUR.
  • Geberit : Barclays passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 420 CHF.
  • Holmen : DNB Markets passe de conserver à acheter en visant 490 SEK.
  • ING Groep : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 16,20 à 16,60 EUR
  • Interroll : Research Partners reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 3000 à 3300 CHF. Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 3565 EUR.
  • KBC : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 70 à 80 EUR.
  • Lonza : Research Partners reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 800 à 750 CHF.
  • Novozymes : SEB Equities passe d'acheter à conserver en visant 440 DKK.
  • Philips : Société Générale passe de conserver à vendre en visant 15,10 EUR.
  • QinetiQ : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 390 GBp.
  • SAP : Baader Helvea passe d'acheter à accumuler en visant 122 EUR.
  • Soitec : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 260 à 205 EUR.
  • STMicroelectronics : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 37 à 45 EUR.
  • Stora Enso : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 17,94 à 17,70 EUR.
  • Synthomer : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 160 GBp.
  • TeamViewer : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 11 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Bonduelle : les revenus du S1 sont en hausse de 6,1% en comparable. Le groupe précisera ses objectifs annuels lors de la publication des résultats intermédiaires.
  • Derichebourg : les revenus du T1 fiscal sont en hausse, mais l'Ebitda se contracte.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les immatriculations de véhicules neufs ont progressé de 8,8% en janvier en France, selon le PFA.
  • Airbus et le Qatar devrait trouver un terrain d'entente sur leur contentieux autour de l'A350.
  • TotalEnergies met en service sa quatrième centrale solaire au Japon.
  • Orpea annonce un accord de principe sur un plan de restructuration financière, sans offre publique. Les actionnaires existants qui ne suivraient pas les augmentations de capital seraient dilués à 0,4% du capital de la société.
  • Imerys finalise la vente de ses solutions haute température.
  • JCDecaux signe un contrat de 15 ans à Macao.
  • Vallourec modifie son comité exécutif.
  • ALD Automotive et Mitsubishi HC Capital créent une coentreprise en Thaïlande.
  • Cogelec signe un partenariat avec Koné.
  • Biosynex va racheter Chembio pour 17,2 M$.
  • CGG et 2CRSi lancent une offre commune de HPC-as-a-Service.
  • Plug Power commande quatre stations à Hydrogen Refueling Solutions.
  • Le transfert des actions Actia Group sur le marché d’Euronext Growth Paris est effectif.
  • L'Olympique Lyonnais fait son mercato.
  • Madvertise rembourse par anticipation ses OCA.
  • AB Science tire la seconde tranche de 6 M€ dans le cadre de son contrat de financement avec la Banque Européenne d'Investissement.
  • Hopium tire une tranche d'OCA.
  • Alpha Mos lève 3 M€ via des OCA.
  • Ils ont publié aussi / ils sont sur l'agenda : Antin, Synergie, Cafom, Bassac, Bonduelle, Ober, Netgem, Groupe Berkem, Adomos, Munic, Altur, Sogeclair, Graines Voltz

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont données à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Advanced Micro Devices : le titre gagne 1,4% après les résultats du T4.
  • Amgen : les résultats du T4 sont plutôt bons, mais le titre ne bouge pas beaucoup après la séance.
  • Electronic Arts : l'éditeur de jeux vidéo manque le consensus trimestriel, entraînant le titre en baisse de plus de 10% hors séance.
  • GSK : annonce un bénéfice et un chiffre d'affaires au quatrième trimestre supérieurs aux estimations.
  • Novartis : les revenus annuels sont inférieurs aux attentes mais la rentabilité dépasse le consensus.
  • Novo Nordisk : prévoit une croissance des ventes comprise entre 13 et 19 % en 2023.
  • PayPal va supprimer près de 7% de ses effectifs mondiaux.
  • Snap : l'action perd 15 % hors séance après la publication des trimestriels.
  • Software AG : le groupe vise une marge opérationnelle inférieure aux prévisions en 2023.
  • Vale : la production du géant minier brésilien au T4 est inférieure aux prévisions.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures