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PARIS (awp/afp) - Après une semaine assombrie par une résurgence des craintes sur la croissance mondiale, les Bourses européennes vont se tourner dans les jours à venir vers les banquiers centraux, qui tiennent leur réunion annuelle à Jackson Hole, aux Etats-Unis.

Les marchés en Europe ont vu rouge cette semaine, malgré un "démarrage plutôt positif", note auprès de l'AFP Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

Les Etats-Unis avaient notamment décidé mardi de reporter de septembre à décembre les taxes supplémentaires de 10% que Washington veut imposer sur l'électronique fabriqué en Chine, ce qui avait eu pour effet de soutenir les marchés boursiers.

Mais l'euphorie a été mise à mal dès le lendemain par un renforcement des craintes sur la santé de l'économie mondiale, avec la multitude de foyers d'incertitude, que ce soit en Italie, en Iran, en Argentine ou encore au Royaume-Uni.

En cause: tout d'abord la publication mercredi d'indicateurs décevants en Chine et en Allemagne. La production industrielle chinoise a fortement ralenti le mois dernier, son taux de croissance tombant à 4,8% sur un an, soit sa plus faible progression en 17 ans.

"Cet inquiétant repli confirme que la croissance chinoise est bien en train de reculer vers 6%, ce qui constituera alors un plancher depuis 1999", fait remarquer dans une note Marc Touati, directeur du cabinet ACDEFI.

"Accumulation de risques"

La place londonienne a particulièrement souffert de ce climat pessimiste, compte tenu de son exposition au secteur des matières premières. Elle compte en son sein des poids lourds du secteur minier très sensibles à la conjoncture mondiale et sous pression en cas de mauvaises nouvelles concernant la Chine, le premier importateur mondial de métaux.

"Ces mêmes causes produisent des conséquences encore plus inquiétantes en Allemagne", où le PIB est ressorti en recul de 0,1% par rapport aux trois mois précédents, poursuit M. Touati.

Mais c'est l'inversion temporaire de la courbe des rendements obligataires américains qui a fini de mettre le feu aux poudres sur les marchés boursiers.

Le taux d'intérêt sur les bons du Trésor américains à dix ans est passé temporairement sous celui des bons à deux ans, pour la première fois depuis 2007, une situation généralement interprétée comme un signe avant coureur de récession.

"On est dans un contexte où il y a une telle accumulation de risques que cette inversion de la courbe des rendements est un facteur de risque supplémentaire", estime Christopher Dembik. "Il faut être prudent sur la grille de lecture, il serait erroné de dire que l'inversion de la courbe des taux entraîne une récession", met-il toutefois en garde.

Jackson Hole

"Ce dont on est sûr, enchaîne-t-il, c'est que l'inversion de la courbe des taux signifie que les investisseurs considèrent que la croissance future sera plus faible que la croissance à court terme".

Dans ce contexte, la réunion annuelle des banquiers centraux à Jackson Hole, dans le Wyoming (centre-ouest des Etats-Unis) "va être le grand rendez-vous de la semaine et éclipser tout le reste en terme de macroéconomie", juge M. Dembik.

Le symposium de Jackson Hole, s'ouvrira jeudi, mais son point d'orgue aura lieu vendredi avec le discours du patron de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell.

"Systématiquement depuis la crise, on a eu à Jackson Hole des annonces de la part des banquiers centraux", rappelle le spécialiste, précisant que "les attentes sont élevées car tout le monde s'attend à des actions des banquiers centraux, notamment de la BCE et de la Fed en septembre".

Le dossier commercial sera toujours scruté de près. Dernier épisode en date, le président américain a affirmé jeudi que la prochaine session de négociations commerciales avec Pékin début septembre était "toujours prévue". Son principal conseiller Peter Navarro a assuré vendredi que les négociations "allaient de l'avant".

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