« La Fed a une peur bleue de la récession et fera tout pour l’empêcher », a déclaré Thomas Costerg, économiste senior US chez Pictet Wealth Management. L’existence de l’assurance que constitue une baisse des taux en cas d’aggravation du conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis est l’une des raisons pour lesquelles il affiche un optimiste prudent sur les perspectives économiques des Etats-Unis.

A la différence du marché, qui attribue une probabilité de plus de 50% à une baisse des taux de la Fed dès juin, Thomas Costerg s'attend à ce qu'elle assouplisse sa politique monétaire plus tard dans l'année. Selon lui, elle préférera prendre connaissance des résultats du sommet du G20 à Osaka fin juin et des chiffres de la croissance au deuxième trimestre, attendus fin juillet.

Si les créations d'emplois mensuelles étaient inférieures à 100 000 pendant deux mois d'affilée, le calendrier de la Fed pourrait s'accélérer, a cependant averti Thomas Costerg. Or, le chiffre du mois de mai dévoilé quelques heures après sa présentation est ressorti à 75 000.

Les Etats-Unis se trouvent actuellement dans la troisième décélération cyclique d'une phase d'expansion économique historiquement longue, ce qui conjugué avec le conflit commercial sino-américain n'est pas un " bon cocktail ".

Pour autant, l'économiste du gérant de fortune juge que son impact sur l'économie est modéré, même si les tarifs douaniers sont étendus aux produits électroniques, comme les téléphones et les tablettes. Son scénario central repose sur une taxation à hauteur de 10% de l'ensemble des produits chinois importés aux Etats-Unis, qui représentent un total de 500 milliards. Elle coûterait 0,2 point de croissance et ajouterait 0,2 point d'inflation. Thomas Costerg a cependant précisé que ses prévisions ne prennent pas en compte les effets sur le " sentiment économique ".

S'agissant des possibles déclencheurs d'une récession en 2020, Pictet Wealth Management cite notamment un baril de pétrole sous les 40 dollars, qui pourrait créer du stress sur le crédit du secteur énergétique et se propager. Thomas Costerg conseille également de surveiller le taux de défaut des cartes de crédit, même si le taux de chômage continue de reculer. Les banques ont déjà commencé à resserrer les conditions de crédit, ajoute-t-il.