Les marchés européens ont enchaîné hier une quatrième séance consécutive de baisse, la plus forte d'ailleurs de la séquence. Pendant ce temps, Wall Street soufflait le chaud et le froid avec des replis concentrés sur les valeurs technologiques, en particulier celles dont la valorisation est la plus généreuse. La tectonique des plaques boursières a l'air de se réveiller, avec l'arrivée de forces nouvelles. Enfin nouvelles, il faut le dire vite puisque la première est patente depuis longtemps déjà. Il s'agit de la réduction à venir de la liquidité disponible, par le jeu du détricotage du soutien monétaire. Les banques centrales ont tout fait pour ne pas brusquer les choses. Un peu comme on le fait quand on menace de punir un enfant. Et comme un enfant, le marché a décidé de profiter de la mansuétude des banques centrales jusqu'à l'extrême limite. L'autre force du moment, dont on se serait bien passés, c'est la résurgence du coronavirus dans sa version Noël 2021. La montée des cas en Europe inquiète, ce qui explique le décalage de performances boursières par rapport aux Etats-Unis, en dépit des bons chiffres macroéconomiques publiés hier sur le vieux continent. Aujourd'hui à la veille de la fête de Thanksgiving, une pluie d'indicateurs "macro" est attendue outre-Atlantique.

Ah, ces bonnes vieilles statistiques. On me demande souvent pourquoi on donne autant d'importance aux statistiques en finance, et quelles sont celles qui sont le plus pertinentes. La réponse à la première question n'est pas bien compliquée. C'est parce qu'elles sont censées aider à prévoir l'avenir et par conséquent à réduire l'aléa futur. En conséquence, un investissement est moins risqué quand il repose sur les tendances prévues, ou du moins prévisibles. La BCE a consacré une page entière de son site web à expliquer pourquoi elle a besoin de statistiques pour bien faire son travail.

A l'ère du traitement des données de masse, il existe toutes sortes de statistiques. Les traditionnelles bien sûr, comme l'inflation ou le PIB, mais aussi des données bien plus ciblées. Les banques d'affaires traquent par exemple les images satellites de l'activité portuaire pour prévoir la vigueur du commerce. Les fintechs exploitent les données sur les paiements pour déterminer les tendances de consommation. Les entreprises s'appuient sur les réseaux sociaux pour coller au besoin de leur clientèle. Pour vous donner une idée de ce à quoi peut amener une exploitation fine des données, voici une petite anecdote. Certains hedge funds suivent les rotations des jets d'affaires pour essayer de prévoir les prochaines opérations financières. En 2019, un fonds avait ainsi prévu une opération entre Berkshire Hathaway et Occidental Petroleum en constatant qu'un jet affrété par le groupe pétrolier stationnait un peu trop longtemps sur le tarmac de l'aérodrome d'Omaha, le fief de Warren Buffett.

Bref, on peut exploiter toutes sortes de statistiques, mais intéressons-nous aux données officielles et publiques, dont on vous rebat les oreilles au quotidien : PMI, inscriptions hebdomadaires au chômage, indices de confiance, inflation, etc. Pour la société d'investissement Vanguard, ces indicateurs sont importants pour "réévaluer occasionnellement les stratégies d'investissement et s'assurer qu'elles reposent sur des attentes raisonnables", tout en évitant le "bruit" de court terme, qui peut conduire à des décisions impulsives et sous-optimales. Il est approprié ce terme "raisonnable". Les indicateurs permettent d'assoir les stratégies sur des hypothèses raisonnables. On peut grosse-modo les classer en deux catégories : ceux qui dressent un bilan du passé et ceux qui donnent une idée de l'avenir. En gardant à l'esprit que les statistiques-bilan peuvent donner des indications sur le futur et que les statistiques-avenir doivent être comparées avec le passé pour être pertinentes.

J'espère que vous y voyez un peu plus clair. Après cette approche théorique express, vient le moment où il faut identifier les indicateurs les plus pertinents. Et je m'en excuse déjà auprès des américanophobes, les investisseurs regardent avant tout les données en provenance des Etats-Unis. Dans le haut du palmarès, on retrouve les données hebdomadaires et mensuelles sur le marché du travail, car les Américains font de l'emploi un marqueur majeur de l'activité économique. On y retrouve aussi les statistiques de confiance et d'achats des consommateurs et des entreprises, ainsi que les données classiques du PIB et de l'inflation. Aux Etats-Unis comme en Europe, les indices PMI (ou ISM) sont aussi appréciés pour leur pouvoir prédictif : il s'agit d'une enquête mensuelle auprès des directeurs d'achats d'entreprises, qui constitue un très bon traceur du moral des milieux d'affaires. Hors marchés occidentaux, les investisseurs regardent en priorité les chiffres de la consommation et du commerce extérieur chinois. Il faut bien sûr ajouter à cela les communications périodiques des banques centrales (décisions de politiques monétaires, comptes-rendus de réunions, projections macroéconomiques) pour terminer notre tour d'horizon des données économiques d'importance.

La séance du jour sera la dernière de la semaine avec un niveau d'activité normal aux Etats-Unis. La bourse américaine sera fermée demain pour Thanksgiving et n'ouvrira vendredi que pour une demi-séance, généralement fort calme. Outre l'avalanche de statistiques en vue cet après-midi, il faut noter que Joe Biden a décidé, avec d'autres dirigeants mondiaux, de mettre à disposition une partie des réserves stratégiques nationales de pétrole pour détendre le marché. Pour l'instant c'est un coup d'épée dans l'eau puisque l'or noir s'est plutôt renforcé. Le CAC40 grappille 0,13% à 7053 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

L'indice Ifo allemand mesure la confiance des milieux d'affaires de la première économie européenne : sa version novembre sera publiée à 10h00. Aux Etats-Unis, le programme est chargé à cause du report des données de la journée fériée de jeudi. Les nouvelles demandes d'allocations chômage hebdomadaires, la seconde lecture du PIB du T3, les stocks des grossistes et les commandes de biens durables d'octobre (14h30) précéderont l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan de novembre, les chiffres de l'immobilier neuf d'octobre et la consommation des ménages d'octobre (16h30). Les stocks pétroliers hebdomadaires (16h30) et les minutes de la dernière réunion de la Fed (20h00) clôtureront la journée.

 La paire euro / dollar évolue à 1,1239 USD. L'once d'or reste sous pression à 1793 USD. Le pétrole a rebondi à 82,19 USD pour le Brent et 78,57 USD pour le WTI. Après être monté à 1,67% hier, le taux du T-Bond US 10 ans recule à 1,64%. Le bitcoin reperd 2% à 56 600 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Banco Comercial Português : Oddo BHF démarre le suivi à surperformance en visant 0,22 EUR.
  • Bic : Oddo BHF passe de surperformance à neutre en visant 55,50 EUR.
  • CRH : Ehrenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 53 à 55 EUR.
  • H. Lundbeck : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 212 DKK.
  • Ipsen : Berenberg reprend le suivi à conserver en visant 93 EUR.
  • ITM Power : Liberum démarre le suivi à l'achat en visant 641 GBp.
  • Julius Bär : Jefferies reste à l'achat avec un objectif réduit de 72 à 70 CHF.
  • Just Eat Takeaway : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 8632 GBp.
  • McPhy : Liberum démarre le suivi à l'achat en visant 31,30 EUR.
  • Medicover : Jefferies reste à conserver avec un objectif relevé de 165 à 274 SEK.
  • Nel ASA : Liberum démarre le suivi à l'achat en visant 23,10 NOK.
  • OVH : Citigroup démarre le suivi à l'achat en visant 28 EUR. Credit Suisse démarre le suivi à surperformance en visant 27 EUR. J.P. Morgan démarre le suivi à surpondérer en visant 25 EUR. Goldman Sachs démarre le suivi à neutre en visant 24 EUR.
  • SMA Solar : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 46 EUR.
  • TKH Group : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 59 à 67 EUR.
  • UCB : Berenberg reprend le suivi à l'achat en visant 124 EUR.
  • Vifor Pharma : Berenberg démarre le suivi à conserver en visant 116 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • L'avenir de Stéphane Richard à la tête d'Orange suspendu à l'arrêt de la Cour d'Appel rendu mercredi matin dans le dossier Tapie ?
  • Crédit Agricole pourrait céder La Médicale à Assicurazioni Generali pour 400 M€, selon Reuters.
  • Accor améliore le profil de sa dette.
  • Elior publie ses résultats et ses ambitions 2024.
  • L'AMF valide le rachat d'Europcar par Volkswagen.
  • Vicat signe un financement USPP de 250 M€ à taux faibles.
  • Valneva signe un accord d'achat avec la Commission européenne pour son vaccin inactivé contre la COVID-19, VLA2001.
  • Roctool émet 1,5 M€ d'ORNAN.
  • Median Technologies publie des résultats porteurs pour le diagnostic iBiopsy sur la caractérisation du cancer pulmonaire de stade 1.
  • Archos publie une feuille de route pour sa filiale Medical Devices Venture.
  • Atari cède des parcelles de terrain NFT et investit dans Antstream, tout en signant une option d'achat de Mobygames.
  • Eurobio investit dans Usense.
  • Le SPAC DEE Tech négocie une fusion avec Colis Privé.
  • Onxeo renforce son conseil d'administration.
  • Auplata fait son point mensuel de production.
  • Adthink va proposer de nouveaux services de marketing NFT.
  • Innate et DBV Technologies participent à des conférences investisseurs.
  • L'assemblée générale d'Enensys valide le principe d'une levée de fonds réservée de 5,4 M€ pour renflouer la société.
  • SES-imagotag sélectionné par Free pour la digitalisation de ses magasins.
  • Lexibook a publié ses comptes.

Dans le monde

Publications de résultats

  • Dell : l'action gagne 1,5% après la clôture et la publication de résultats solides.
  • HP Inc : le titre s'envole de 7% hors séance après les trimestriels.
  • The Gap : le titre plonge de 16% hors séance après une révision en baisse des prévisions sur fond de problèmes d'approvisionnement.

Annonces importantes (et autres)

Lectures