(Reuters) - Les Bourses européennes ont fini en nette baisse vendredi, la poursuite du repli de Wall Street ne faisant qu'exacerber un mouvement général d'aversion au risque à quelques jours seulement des décisions de la Réserve fédérale et sur fond de tensions géopolitiques.

À Paris, le CAC 40 a perdu 1,75% (125,57 points) à 7.068,59 points, sa pire performance depuis le 26 novembre. À Londres, le FTSE 100 a reculé de 1,2% et à Francfort, le Dax a abandonné 1,94%.

L'indice EuroStoxx 50 a terminé sur une baisse de 1,63%, le FTSEurofirst 300 de 1,85% et le Stoxx 600 de 1,84%, son repli le plus marqué sur une séance depuis près de deux mois.

Wall Street connaît pour sa part une séance agitée: quelques minutes après la clôture en Europe, le Dow Jones était pratiquement inchangé après des débuts en dents de scie alors que le Standard & Poor's 500 cédait 0,36% et le Nasdaq Composite 0,71%. L'indice de volatilité du CBOE (+4,73%), baromètre de la nervosité des investisseurs, a atteint son plus haut niveau depuis le 6 décembre.

Le Nasdaq s'achemine vers sa pire performance hebdomadaire depuis mars 2020 avec à ce stade un recul de 5,8%, alors que les marchés américains sont restés fermés lundi.

Sur l'ensemble de la semaine, le CAC 40 a perdu 1,04% et le Stoxx 600 1,4%.

Alors que les actions, technologiques en tête, avaient souffert en début de semaine de la remontée des rendements obligataires liées aux anticipations de hausse des taux directeurs, elles n'ont pas profité du reflux des rendements, signe que l'aversion au risque dicte la tendance.

Les investisseurs peinent en effet à anticiper les décisions que prendra la Fed mercredi prochain et surveillent avec attention l'évolution des tensions entre la Russie et l'Occident après les avertissements lancés par Washington à Moscou sur les conséquences d'une éventuelle invasion de l'Ukraine.

Et les nouvelles macroéconomiques du jour n'ont rien fait pour leur remonter le moral, qu'il s'agisse de la baisse marquée des ventes au détail au Royaume-Uni en décembre ou de la très probable révision à la baisse de la prévision de croissance du gouvernement allemand.

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, qui intervenait dans le cafre d'un débat en ligne organisé par le Forum économique mondial, a confirmé tabler sur un reflux de l'inflation dans la zone euro d'ici la fin de l'année.

VALEURS

En Europe, aucun des grands secteurs de la cote n'a échappé au mouvement de repli. Les plus fortes baisses sont pour le compartiment des matières premières, qui a cédé 3,32% et pour celui de l'énergie (-3,15%).

À Paris, ArcelorMittal a abandonné 7,33%, Vallourec 6,59% et CGG 4,04%.

Les plus fortes baisses du Stoxx 600 sont pour le constructeur de turbines éoliennes Siemens Gamesa et sa maison mère Siemens Energy après un nouvel avertissement sur résultats, le troisième en neuf mois. Les deux titres ont perdu respectivement 14,04% et 16,63%.

À Wall Street, la tendance est plombée avant tout par la chute de 20,67% de Netflix après des performances et des prévisions décevantes en terme de nouveaux abonnés. Dans son sillage Walt Disney cède 4,91% et ViacomCBS 4,51%.

TAUX

Le repli sur les valeurs refuges a profité aux emprunts d'Etat avec pour conséquence un recul des rendements : celui du Bund allemand à dix ans perdait un peu plus de quatre points de base au moment de la clôture européenne à -0,062%, retombant ainsi à son niveau de vendredi dernier.

La baisse est plus marquée encore pour les rendements américains: elle approche cinq points pour celui des Treasuries à deux ans, brièvement repassé sous 1%, et dépasse sept points pour les titres à dix ans, à 1,7598%.

CHANGES

La baisse des rendements obligataires américains pénalise le dollar, qui recule de 0,14% par rapport à un panier de devises de référence. L'euro en profite pour remonter à 1,1342 dollar après être passé en tout début de journée sous 1,13 pour la première fois depuis le 10 janvier.

Le bitcoin perd par ailleurs 5,24% à 38.603,33 dollars, au plus bas depuis début août, pénalisé entre autres par la volonté affichée des autorités russes d'interdire le "minage" et les échanges de cryptomonnaies.

PÉTROLE

Le marché pétrolier cède du terrain au lendemain de l'annonce d'une augmentation inattendue des stocks de brut et d'essence aux Etats-Unis, qui favorise les prises de bénéfice après les plus hauts de sept ans atteints ces derniers jours.

Le Brent abandonne 0,76% à 87,71 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,7% à 84,95 dollars.

Ils conservent néanmoins une hausse de quelque 2% sur la semaine, leur cinquième hausse hebdomadaire consécutive.

par Marc Angrand