(Actualisé avec taux, changes et pétrole)

* La Fed ne devrait pas réduire les taux cette semaine

* Elle devrait ouvrir la voie à une baisse de taux en 2019

* L'indice "Empire State" accuse un repli record en juin

* Le pétrole perd plus de 1%, craintes sur la demande de brut

* Le Dow et le S&P ont gagné 0,09% et le Nasdaq a pris 0,62%

par Noel Randewich

NEW YORK, 17 juin (Reuters) - La Bourse de New York a fini en légère hausse lundi, valeurs technologiques en tête, à deux jours de la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui devrait ouvrir la voie à une baisse des taux dans le courant de l'année.

L'indice Dow Jones a gagné 22,92 points, soit 0,09%, à 26.112,53. Le S&P-500, plus large, a pris 2,69 points, soit 0,09% aussi, à 2.889,67. Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 48,37 points (+0,62%) à 7.845,02 points.

Les marchés sont suspendus à l'annonce, prévue mercredi à 18h00 GMT, des décisions de politique monétaire de la Fed, qui seront suivies d'une conférence de presse de son président.

La banque centrale américaine devrait certes prolonger le statu quo sur les taux, mais les marchés attendent des précisions sur les perspectives économiques et surtout sur la possibilité d'une baisse prochaine de taux face aux tensions commerciales et aux signes de ralentissement économique. Selon le baromètre FedWatch de CME Group, la probabilité estimée par les investisseurs d'une baisse de taux dès mercredi oscille autour de 20%, alors que plus de 80% des investisseurs tablent sur au moins une baisse d'ici fin juillet.

Dans ce contexte, le S&P 500 s'est adjugé 5% depuis le début du mois, après avoir chuté en mai en raison des inquiétudes sur les relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis.

Selon les analystes de Morgan Stanley, le Fed pourrait même ramener les taux près de zéro d'ici au printemps 2020 si les relations entre les Etats-Unis et la Chine continuent à se détériorer et plongent l'économie américaine dans la récession.

Ce scénario du pire entraînerait le S&P vers 2.400 points, en baisse de 17% par rapport à son niveau actuel, et le rendement de l'obligation à 10 ans du Trésor à 1,75% au cours de l'année, en baisse de 33 points de base par rapport au taux actuel, écrivent-ils dans une note publiée lundi.

Un repli de l'indice "Empire State" d'activité manufacturière dans la région de New York, au plus bas depuis deux ans et demi, a alimenté l'espoir de baisse de taux en 2019.

"Les chiffres d'activité manufacturière de l'"Empire State" ont été affreux", a souligné Jack Ablin (Cresset Wealth Advisors). "On est revenu au point où les mauvaises nouvelles sont bonnes (pour le marché) à l'approche de la réunion de la Fed, dans l'espoir que la Fed réagira en abaissant les taux."

VALEURS

Boeing a pris 2,22%, la meilleure performance du Dow. L'avionneur a relevé de 3% sa prévision sur 20 ans pour le marché des avions de ligne.

Les poids lourds des hautes technologies ont été entourés: Facebook a pris 4,24, Netflix 3,21%, Cisco 1,19%, Apple 0,6% et Amazon 0,88%.

Ailleurs, Array Biopharma s'est envolé de 56,94% après l'annonce de son rachat par Pfizer pour 10,64 milliards de dollars (9,48 milliards d'euros), une opération en numéraire qui permettra au géant de la pharmacie d'avoir accès aux traitements anticancéreux de sa cible.

LES INDICATEURS DU JOUR

Aux Etats-Unis, l'indice "Empire State" d'activité manufacturière dans la région de New York a acccusé une baisse record en juin, à -8,6 contre 17,8 en mai, avec une chute des entrées de commandes.

L'indice NAHB de confiance des professionnels du secteur de l'immobilier a accusé de son côté un tassement inattendu en juin à 64 contre 66 en mai et 67 attendu par le marché.

LA SÉANCE EN EUROPE

Tirées par Wall Street, les Bourses européennes ont fini au-dessus de leurs plus bas du jour mais en ordre dispersé, les investisseurs semblant hésiter à prendre des positions tranchées avant les grands rendez-vous de la semaine sur le front des politiques monétaires.

Parallèlement aux décisions de la Fed mercredi, les marchés attendent dans les jours à venir des déclarations de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), au Forum de Sintra, puis les décisions de la Banque du Japon et de la Banque de Norvège jeudi.

À Paris, l'indice CAC 40 a fini en hausse de 0,44% (23,33 points) à 5.390,95 points après un pic à 5.408,75. A Londres, le FTSE 100 a gagné 0,16% mais à Francfort, le Dax a reculé de 0,09% après avoir cédé jusqu'à 0,3%.

L'indice EuroStoxx 50 a pris 0,12%, le FTSEurofirst 300 0,06% et le Stoxx 600 0,09%. Madrid, Milan, Amsterdam et Stockholm ont fini dans le rouge.

les valeurs de l'aéronautique se sont distinguées, portées par les annonces de gros contrats au Salon du Bourget. Airbus a gagné 2,11%, meilleure performance du CAC 40, avec à la clé un nouveau record à 125,14 euros. Safran a pris 1,55% et BAE Systems 0,76%.

TAUX

Les rendements des obligations du Trésor américain qui étaient orientés à la hausse en début de journée, ont réduit leurs gains après la publication de mauvais indicateurs économiques américains, le dix ans étant revenu sous son niveau de vendredi soir, autour de 2,085%.

Les rendements des emprunts d'Etat européens de référence étaient en légère hausse en fin de séance, mais à -0,245%, celui du Bund allemand à dix ans peinait à s'éloigner du plus bas historique touché vendredi à -0,271%.

CHANGES

Le dollar est quasiment inchangé face à un panier de devises de référence, proche de son plus haut de deux semaines atteint en début de séance, en attendant la réunion de la Fed.

L'euro est remonté autour de 1,1220 dollar après être tombé à 1,1205 avant les déclarations à Sintra (Portugal) des responsables de la BCE dans les jours à venir, et les chiffres de l'inflation en zone euro mardi; il était tombé vendredi à 1,1200 dollar pour la première fois depuis le 3 juin.

La livre sterling, elle, a touché un plus bas de cinq mois et demi face au dollar comme face à l'euro, la perspective de voir l'ex-maire de Londres Boris Johnson succéder à Theresa May à la tête du gouvernement britannique ravivant la crainte d'un Brexit sans accord.

PÉTROLE

Les cours du pétrole perdent plus de 1%, le ralentissement de la production industrielle chinoise annoncé vendredi ayant renforcé les inquiétudes sur la demande mondiale de brut.

Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 59 cents, soit 1,12%, à 51,92 dollars le baril et le Brent abandonne 1,03 dollar (-1,66%) à 60,98 dollars.

Les pertes ont cependant été limitées par le fait que l'Arabie saoudite ait réaffirmé viser une prolongation de l'accord "Opep+" de limitation de la production.

Mais la réunion entre les ministres du Pétrole iranien et russe a pris fin sans accord sur la date de la prochaine réunion de l'Opep comme l'espéraient certains intervenants.

Les cours ont chuté de 20% depuis leur pic d'avril, en raison des inquiétudes autour de la guerre commerciale entre Pékin et Washington et d'indicateurs économiques décevants.

A SUIVRE MARDI

La journée de mardi sera animée entre autres par un discours de Mario Draghi au Forum de Sintra, par l'indice mensuel ZEW du sentiment des investisseurs en Allemagne et par les chiffres des mises en chantier du mois de mai aux Etats-Unis. (Juliette Rouillon pour le service français)