Le retour du risque politique italien a touché les actifs de la zone euro qui y sont le plus sensibles : les actions et les obligations d'Europe du Sud et plus spécialement le secteur financier, observe Cholet Dupont. Après deux mois de tractations infructueuses pour former une majorité après les élections législatives, les deux partis populistes, le Mouvement 5 Etoiles (M5S) antisystème, et la Ligue eurosceptique, ont créé la surprise en annonçant un accord sur un programme commun de gouvernement, avec le soutien de Forza Italia de Berlusconi, rappelle la société de gestion.

Dans un premier temps, le Président du Conseil initialement choisi n'a été accepté par le Président italien, garant des institutions, qui le jugeait trop anti-européen. Face à une éventualité de nouvelles élections dont les résultats auraient pu être encore meilleurs pour les partis populistes, une autre personnalité issue de la coalition, plus neutre, Giuseppe Conte, a été retenue et nommée par le Président Mattarella. Son gouvernement a obtenu la confiance des deux Assemblées, rappelle une nouvelle fois Cholet Dupont.

Didactique, le gérant revient sur le programme commun. Ce dernier prévoit notamment l'abrogation de la loi sur les retraites qui augmentait l'âge légal de départ, l'instauration d'un revenu citoyen mensuel de 780 euros, une baisse du barème des impôts à 15% et 20%. Le coût de ces mesures est évalué à plus de 100 milliards d'euros soit 6% du PIB, alors que le déficit budgétaire dépasse 2% du PIB et la dette totale 130% de celui-ci.

"Elles ne sont pas financées autrement que par quelques économies et sont surtout gagées sur les recettes fiscales issues du surplus de croissance qu'elles entraîneraient !", souligne le gérant.

Par ailleurs, l'autre pilier du programme est la baisse du poids de l'immigration en Italie et la réduction de l'encadrement européen sur la politique italienne. Il n'est nul besoin de préciser que toutes ces mesures ne seront pas du goût de Bruxelles et qu'elles font peser un risque financier important sur la dette italienne.

Les marchés en ont pris acte, après plusieurs séances de crises, où les taux italiens ont explosé à la hausse avant de refluer en partie. La Bourse italienne et les banques européennes ont baissé fortement en souvenir des précédents épisodes grecs, portugais, espagnols et italiens des années 2010/2011. Puis, un calme relatif s'est installé.

En effet, les investisseurs considèrent que le Président italien peut encore bloquer des lois trop onéreuses et anti-européennes. La logique voudrait que le Gouvernement italien "négocie" avec la Commission Européenne dans un premier temps une application même partielle de son programme.

Enfin, le poids et la stature de l'Italie font que la Commission ne peut pas se permettre une crise aiguë qui mettrait à l'épreuve la cohésion de toute l'Union Européenne.

Une nouvelle fois "enfin", ajoute Cholet Dupont, "il est possible que cette situation permettre de faire bouger les lignes de l'Union Européenne en termes de gouvernance ou d'immigration, seul moyen de faire reculer le populisme grandissant en Europe…".

"Comme à chaque fois, le pire n'est pas certain, mais nous devons probablement nous préparer à d'autres périodes de tensions car les négociations seront ardues", redoute le gérant.