La première semaine du mois d'août a démarré sur deux séances négatives pour les actions occidentales, dont l'enthousiasme juilletiste un peu suspect a été terni par le retour en force des tensions géopolitiques. En l'occurrence, celles qui opposent la Chine et les Etats-Unis à propos de Taiwan. Les marchés actions ont donc reflué hier, en bon ordre pour l’instant c’est-à-dire sans écarts trop brutaux. Les principaux ajustements négatifs ont eu lieu sur les secteurs les plus sensibles aux événements extérieurs, en particulier le compartiment cyclique, celui-là même qui avait le plus bénéficié du rebond des dernières semaines. Au final, le S&P500 a perdu 0,7% et le Nasdaq 0,3%. En Europe, les replis des principaux marchés vont de 0,06% pour le FTSE britannique à -0,42% pour le CAC40 français.

Après quelques hésitations, Washington a clairement décidé de durcir sa ligne vis-à-vis de la Chine, en catapultant la patronne des parlementaires démocrates, l'indéboulonnable Nancy Pelosi, en visite officielle à Taiwan. Si j'en crois les dernières alertes reçues ce matin, elle a bruyamment réitéré le soutien des Etats-Unis à Taipei, en déclarant notamment que son pays n'abandonnera pas Taiwan. Pour faire une parenthèse très terre à terre, j'imagine que cela enterre les derniers espoirs de ceux qui comptaient sur une réduction des surtaxes douanières appliquées aux produits chinois pour réduire la pression inflationniste aux Etats-Unis. La presse internationale est assez partagée sur cette visite, avec il me semble un biais négatif même si j'ai tendance à toujours tourner sur les mêmes titres quand je commence ma journée, notamment le Financial Times, le Wall Street Journal, Bloomberg, le New York Times ou le Nikkei Asia.

Mais pour revenir sur des considérations plus globales, Washington est allé au-delà des paroles en utilisant le symbole de la visite officielle, ce qui va probablement marquer une nouvelle phase de dégradation des relations entre les deux puissances. Pékin a réagi avec le renforcement de ses manœuvres militaires et quelques mesures de rétorsion à l'import et à l'export. Et bien sûr une rhétorique menaçante. Pour les marchés financiers, cette situation est synonyme de variable négative additionnelle à prendre en compte. Une variable à haut risque dans le contexte de désorganisation de la logistique internationale que l'on connaît. Le principal garde-fou, c'est l'interdépendance élevée entre les économies américaine et chinoise et le fait que la Chine ne semble pas vraiment prête, opérationnellement et politiquement, à franchir le Rubicon. Toutefois, plusieurs commentateurs soulignent que cette visite va venir renforcer le sentiment d'humiliation ressenti par Pékin, qui est un puissant vecteur de nationalisme.

Il devrait donc y avoir des désordres et des pics de tension qui auront nécessairement un impact sur les marchés financiers et sur l'économie. D'ailleurs, je peux d'ores et déjà l'illustrer avec un exemple puisque le plus gros producteur de batteries automobiles du monde, le chinois CATL (Contemporary Amperex Technology), a gelé cette nuit son projet de construction d'une usine aux Etats-Unis. On sait aussi que certains secteurs, comme le Luxe, préfèrent un consommateur chinois apaisé à un consommateur chinois va-t-en guerre. 

En Europe ce matin, ce sont une fois de plus les publications de résultats d'entreprises qui font l'actualité. Notamment les deux financières Société Générale et Axa en France, ainsi que les allemandes BMW, Infineon et Commerzbank, pour ne citer que les plus grosses. Hier soir aux Etats-Unis, les chiffres d'Airbnb et d'Advanced Micro Devices ont déçu tandis que les actions PayPal flambaient après plusieurs annonces jugées positives.

Dans le domaine "macro", les membres de la Fed qui se sont exprimés hier ont contribué à faire brutalement remonter les rendements obligataires américains, en faisant part du chemin encore long à parcourir pour contrer l'inflation. Ces derniers jours, le sentiment général était plutôt que la Fed allait passer en mode guimauve pour éviter de trop abîmer la croissance américaine. Les rendements restent toutefois moins élevés qu'il y a un mois et toujours inversés entre le 10 ans et certaines échéances plus courtes. C'est d'une part le signe que le marché voit les taux directeurs américains grimper un peu moins loin que ce qui était redouté il y a peu, et d'autre part que le ralentissement économique est bien intégré par les investisseurs. Enfin pour clore cette page macro, une réunion de l'OPEP est prévue aujourd'hui mais sans enjeu particulier apparemment.

Après avoir corrigé hier, les places japonaises rebondissent modérément ce matin. Les gains se limitent à 0,2% sur le TOPIX. En Chine, Hong Kong se remet doucement de sa chute de 2,4% de la veille en reprenant 0,9%. Les indices de Chine continentale, chahutés eux-aussi la veille, sont pour leur part en modeste progression. Les indicateurs avancés européens évoluent non loin de l'équilibre, tandis que ceux des Etats-Unis sont plus franchement haussiers ce matin. L'indice de volatilité VIX, qui était revenu à son plus bas niveau depuis mai en ouverture de la semaine, reprend un peu de hauteur, signe que les investisseurs sont préoccupés par la situation en Extrême-Orient. Le CAC40 gagnait 0,14% à 6419 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

C'est le jour des indicateurs PMI des services pour les principales économies. Il y aura aussi les chiffre de la consommation en Europe (11h00) puis, aux Etats-Unis, l'ISM des services et les commandes industrielles (16h00). Tout l'agenda macro ici. Ce matin, le PMI Caixin chinois des services a accéléré à 55,5 points en juillet.

L'euro remonte légèrement à 1,0182 USD. L'once d'or se stabilise autour de 1767 USD. Le pétrole se reprend légèrement, avec un Brent de Mer du Nord à 100,20 USD le baril et un brut léger américain WTI à 94,10 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte à 2,7%. Le bitcoin s'échange autour de 22 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Ascential : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 290 GBp.
  • BAE Systems : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 965 GBp.
  • Comet : Research Partners passe de conserver à acheter en visant 240 CHF.
  • Crédit Suisse : Goldman Sachs passe de neutre à vendre avec un objectif de cours de 5,80 EUR.
  • Electricité de France : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 12 EUR.
  • Groupe Bruxelles Lambert : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 89 EUR.
  • Holcim : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 59 à 58 CHF.
  • Idorsia : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 25 à 24 CHF.
  • Lonza : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 770 à 747 CHF.
  • Mondi : ABSA Securities passe de pondération en ligne surpondérer en visant 1671 GBp.
  • Nokian Renkaat : Inderes passe d'alléger à accumuler en visant 12 EUR.
  • Renault : RBC reste neutre avec un objectif de cours relevé de 26 à 33 EUR.
  • Royal DSM : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 200 à 180 EUR.
  • Sixt : Baader Helvea passe d'alléger à accumuler en visant 140 EUR.
  • Temenos : UBS reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 84,50 à 66,30 CHF.
  • UBS : Julius Bär reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 21 à 19 CHF.
  • Universal Music Group : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 24 à 25 EUR.
  • Varta : Berenberg reste à conserver avec un objectif réduit de 95 à 75 EUR.
  • Zur Rose : UBS reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 93 à 56 CHF.

En France

Résultats des sociétés

  • Axa : Le bénéfice net semestriel est en légère hausse, après impact de la guerre en Ukraine évalué à 300 M€. L'assureur lance un programme de rachat d'actions d'1 Md€.
  • Bic : Le groupe a relevé sa prévision annuelle de croissance du chiffre d'affaires entre 10% et 12% contre 7% à 9% auparavant.
  • Société Générale : Le groupe est en pertes au second trimestre, à cause de son retrait de Russie. Mais devrait profiter de la hausse des taux pour renforcer ses revenus.
  • Veolia : Les objectifs annuels sont confirmés à l'issue du T2.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Stellantis confronté à un arrêt de production en Italie suite à la grève des entreprises logistiques.
  • Saint-Gobain émet 1,5 Md$ en trois obligations.
  • Ipsen en échec en phase III avec Onivyde en monothérapie de deuxième ligne dans le cancer du poumon à petites cellules.
  • La CNSA réclame 55,8 M€ de restitution de financements jugés indus à Orpea, qui en remboursera une partie et contestera le reste.
  • Pixium Vision peut utiliser son système de rééducation à distance pour les patients participant aux essais cliniques.
  • Eduform'action va lever 1,75 M€ à 1 EUR l'action par placement privé.
  • Poulaillon, Hopscotch , MDXHealth… ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Advanced Micro Devices : L'action perdait 7% après la clôture et la publication de ses résultats trimestriels.
  • Airbnb : Les résultats trimestriels reçoivent un mauvais accueil avec un titre qui perd 8% après la clôture.
  • BMW : Le bénéfice net du constructeur est plus élevé que prévu au T2.
  • Commerzbank : La banque allemande a réalisé un bénéfice net plus important que prévu au deuxième trimestre, grâce à la hausse des taux d'intérêt.
  • Infineon : Le groupe de semiconducteurs relève légèrement sa prévision de marge annuelle.
  • PayPal : L'action s'envole de 11% post-clôture après la publication des résultats, l'annonce d'un nouveau rachat d'actions et la présence du fonds activiste Elliott au capital.
  • Starbucks : Le titre gagnait 1,5% hors séance après la publication de ses résultats trimestriels.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures