Pour entrer un peu plus dans le détail, ce n'est pas la première fois que les marchés financiers essaient de se remettre la tête à l'endroit au cours des derniers mois, et j'ignore totalement, vous aussi d'ailleurs, si la tentative en cours sera la bonne. Ce que je sais en revanche, c'est que ces phases ont un air de déjà-vu et que les investisseurs ne donnent pas l'impression d'avoir suffisamment de billes pour être sereins. D'ailleurs, j'entends déjà au fond de la salle les ricanements en mode "mon gars, je te mets au défi d'en trouver seulement assez pour les doigts d'une seule main". Dont acte.

La séance de mardi, la première de la semaine aux Etats-Unis après un jour férié, a été marquée par une nette hausse. Pour mémoire, Wall Street avait déjà terminé dans le vert vendredi dernier, si bien qu'on peut parler de série haussière si l'on part du principe qu'une série commence avec deux termes et si l'on est adepte du positivisme. Il en faut peu pour être heureux, comme dirait l'ami Baloo (un ours d'ailleurs, ce qui est lourd de sens en bourse). Les trois principaux indices américains, S&P500, Nasdaq et Dow Jones sont remontés de plus de 2%. Tous les secteurs étaient en progression marquée, avec deux paradoxes toutefois.

Le premier, c'est que les valeurs pétrolières ont explosé en hausse pendant que les matériaux de base étaient le secteur le moins avantagé. Cela illustre le fait que les investisseurs ont un peu de mal à se positionner par rapport au scénario de récession et qu'ils ont bien vu que le baril de brut, en dépit des craintes récentes sur l'activité, a l'air indéboulonnable de son piédestal du moment. Prudence quand même sur l'or noir qui subit un nouveau coup de boutoir ce matin, après des rumeurs prêtant à Joe Biden l'intention de suspendre temporairement la taxe fédérale sur le gallon d'essence. Cette décision ne serait pas en soi particulièrement perturbante pour les cours, mais elle montre que les Etats-Unis cherchent des moyens d'alléger la pression sur les consommateurs, ce qui pourrait entraîner d'autres mesures plus ciblées sur l'offre. A suivre par conséquent. Un bon connaisseur du dossier me souffle aussi ce matin que les restrictions européennes sur le pétrole russe ne sont pas encore vraiment entrées en vigueur et qu'elles pourraient faire leur petit effet à la hausse une fois concrétisées. Ce qui est cocasse, c'est qu'on a beau multiplier les études, parler de rupture et palabrer sans fin sur le sujet, le pétrole reste un actif hautement stratégique mû par des forces à la fois simples à comprendre et complexes à anticiper.

L'autre paradoxe qui pour le coup tient beaucoup plus de l'anecdote, c'est Meta Platforms, seule baisse d'hier parmi les 15 plus grosses entreprises américaines. Et quelle baisse, puisque le groupe de Mark Zuckerberg a cédé 4%, portant son passif 2022 à 53%. Le groupe a perdu un procès symbolique aux Etats-Unis dans un affaire de ciblage, qui le force à revoir un algorithme publicitaire. Les investissements dans la technologie en 2022 sont compliqués, mais certains le sont plus que d'autres. Mais les investisseurs ne peuvent pas faire l'impasse sur toutes les boîtes dirigées par des mégalos, puisque manifestement elles ont du succès.

Dans le volet macroéconomique, les chiffres des ventes dans l'immobilier ancien aux Etats-Unis en mai publiés hier étaient en baisse, comme prévu. En économie, il y a souvent des mécaniques complexes à l'œuvre, mais la relation entre hausse des taux directeurs et marché de l'immobilier est diaphane : l'argent coûte plus cher donc les conditions de prêt se durcissent, excluant de facto certains pans de la population du crédit immobilier et poussant les autres à la prudence sur leurs achats. Les chiffres de l'inflation de mai attendus aujourd'hui au Royaume-Uni et au Canada ne devraient rien faire pour calmer la frénésie inflationniste. En Chine, le gouvernement appelle à renforcer l'investissement et fait savoir qu'il prépare des mesures en faveur de la croissance. Les plus malicieux auront noté que cela fait deux ans que ces mesures sont censées être en préparation.

Mais la grosse "actu" du jour, c'est l'oral biannuel du patron de la Fed Jerome Powell devant le comité bancaire du sénat américain, à partir de 15h30 heure de Paris. Le marché va une nouvelle fois boire ses paroles pour tenter d'affiner ses compétences en divination de trajectoire de taux. C'est futile mais c'est ainsi. Le texte du discours est publié dès le début de l'intervention et peut être utilisé par la Fed pour faire passer des messages. Une séance de questions-réponses suit avec des échanges un peu moins lisses qu'une communication calibrée. Intéressant donc et source de volatilité, donc d'influence, pour des marchés boursiers aux abois.

Les parcours boursiers sont un peu disparates en Asie Pacifique ce matin. Le Japon et l'Australie évoluent autour de l'équilibre tandis que Hong Kong perd plus de 1%.En Europe, le CAC40 a démarré la séance en baisse de -1,45% à 5878 points et le SMI de -0,7% à 10 403 points.

Les temps forts économiques du jour

Rien à signaler, hormis bien sûr l'audition biannuelle de Jerome Powell devant le congrès. Tout l'agenda macro ici.

L'euro et le dollar se neutralisent toujours autour de 1,05 USD. L'once d'or recule à 1827 USD. Le pétrole rebaisse avec un Brent de Mer du Nord à 110,74 USD le baril et un brut léger américain WTI à 105,45 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans recule à nouveau légèrement à 3,26%, pendant que les maturités courtes (3 mois et 6 mois) remontent. Le bitcoin rebondit à 21 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Admicom : Inderes passe d'accumuler à acheter en visant 63 EUR.
  • ArcelorMittal : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 32,50 EUR.
  • Carrefour : Bernstein passe de performance de marché à sousperformance en visant 16,50 EUR.
  • Ceres Power : Goldman Sachs passe de vendre à achat en visant 700 GBp.
  • Derichebourg : Oddo BHF passe de surperformance à neutre en visant 9 EUR.
  • Flatexdegiro : Oddo BHF reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 30 à 16 EUR.
  • Grifols : Alantra Securities passe d'achat à neutre en visant 20,39 EUR.
  • Kingspan : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 100 à 86 EUR.
  • Kone : Goldman Sachs passe de neutre à vendre en visant 44 EUR. Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 50 EUR.
  • Mips : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 600 SEK.
  • NatWest : Jefferies passe de conserver à achat en visant 359 GBp.
  • Orange : Barclays passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 10,50 EUR.
  • Rieter : UBS reste neutre avec un objectif de cours réduit de 132 à 124 CHF.
  • Sage Group : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 890 à 740 GBp.
  • Salzgitter : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 31,60 EUR.
  • Sartorius Stedim Biotech : HSBC démarre le suivi à l'achat en visant 410 EUR.
  • Schindler : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 195 à 180 CHF.
  • Smurfit Kappa : Jefferies passe de conserver à achat en visant 3700 GBp.
  • Stora Enso : Handelsbanken reprend le suivi à l'achat.
  • Telia : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 50 SEK.
  • Vodafone : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 140 GBp.
  • Voestalpine : J.P. Morgan passe de surpondérer à souspondérer en visant 27,50 EUR.
  • Vossloh : Jefferies reste à conserver avec un objectif réduit de 42 à 32 EUR.
  • Zur Rose : Crédit Suisse démarre le suivi à sousperformance en visant 73 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Crédit Agricole organise une journée investisseurs et présente ses objectifs 2025.
  • Safran inaugure l'extension de son site de nacelles d'avions à Casablanca.
  • Les accords suisses de Sonepar, Rexel, Schneider et Legrand sous l'œil de la justice, selon Mediapart.
  • Stellantis prépare l'après-SUV avec sa nouvelle Peugeot 408.
  • La société d'Orange et de Capgemini dans le cloud devrait être lancée d'ici fin 2022.
  • Faurecia a finalisé l'augmentation de capital de 705 M€ en marge du rachat d'Hella.
  • Dassault Aviation a proposé la vente de 15 Rafale à la Colombie.
  • Amundi vise une croissance moyenne annuelle du résultat net d'environ 5% sur 2022-2025.
  • Accor négocie la vente de 10,8% d'Ennismore à un consortium qatari pour 185 M€.
  • Eiffage remporte en groupement le contrat des pièces de transition du futur parc éolien offshore EnBW He Dreiht au large de l'Allemagne.
  • Euronext fait le premier pas vers une chambre de compensation européenne.
  • Gaztransport & Technigaz obtient une commande de Hyundai Samho Heavy Industries pour la conception des réservoirs de quatre nouveaux porte-conteneurs propulsés au GNL.
  • JCDecaux et VIOOH lancent une offre DOOH programmatique au Brésil.
  • Le conseil d'administration d'Albioma recommande l'offre de Kyoto Bidco.
  • Alten, Korian et GL Events organisent leurs assemblées générales.
  • Shell commande des dérivés de bio-isobutène pour la réalisation de tests à Global Bioenergies.
  • Hopscotch rachète trois sociétés dans le domaine du sport.
  • L'essai de phase II d'Adocia avec M1Pram atteint son objectif principal dans le diabète de type 1.
  • Altheora renforce sa direction.
  • SA Metalliance reçoit une commande en Italie.
  • Hydrogen Refueling Solutions reçoit commande d’une station de ravitaillement en hydrogène vert en Vendée.
  • Drone Volt vend un Héliplane LRS au Canada au Groupe Gilbert.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures