D'un point de vue purement statistique, les séances boursières qui se déroulent les jours de décision de politique monétaire de la Fed se soldent assez majoritairement par des hausses. Cela tient au fait que la banque centrale américaine brosse souvent les investisseurs dans le sens du poil, ou du moins que lesdits investisseurs trouvent généralement leur compte dans la communication de l'institution. Mais hier, quelque chose a manifestement foiré puisque je constate au réveil ce matin que le S&P500 a perdu 2,5% et que le Nasdaq 100 a décroché de 3,4%. Je précise ici que compte-tenu de l'heure à laquelle je me lève pour vous raconter ces historiettes quotidiennes, je n'ai pas le luxe de laisser filer ma soirée en regardant les indices américains ou les conférences de presse des banques centrales. Non, à cette heure-là, je m'endors généralement sur un livre en sirotant une Infusion des Marmottes©, que nous surconsommons apparemment par chez nous.

Gros raté donc hier soir. Enfin pas initialement, parce que la publication du communiqué de presse de la Fed à 19h00 a plutôt eu l'effet inverse en faisant monter les actions et baisser les rendements obligataires. Le document-papier soulignait que la banque centrale avait pris la décision de relever ses taux de 75 points de base – ça c'était prévu – et qu'elle adaptera la suite de sa politique au contexte. Les marchés ont cru déceler dans les termes employés le signal après lequel ils courent depuis des mois, c’est-à-dire un retour de la Fed à une attitude moins belliciste dans un futur proche.

Mais la conférence de presse qui a suivi a sévèrement plombé l'ambiance. Jerome Powell a détruit l'enthousiasme récent des investisseurs en une seule phrase, quand il a indiqué que le pic de taux pourrait être plus élevé que le marché ne l'anticipe. Et il a cimenté sa position en rappelant que le chemin reste encore long pour revendiquer une victoire contre l'inflation et qu'il faudra d'autres tours de vis monétaires pour y parvenir. Pas forcément des mouvements aussi amples que 75 points de base, mais des tours de vis quand même.

Au final, le discours était trop éloigné de la fable que commençaient à se raconter les marchés depuis quelques jours pour que les actions tiennent. Le message est qu'il y aura encore du sang et des larmes sur le chemin de la lutte contre l'envolée des prix et que la Fed ne sait pas encore jusqu'où il lui faudra aller. Il y a bien eu quelques signes d'une position plus souple, mais pas suffisamment pour constituer le fameux "pivot" dans le discours que les financiers espéraient.

Mais histoire de ne pas broyer du noir, introduisons quand même quelques nuances (de gris). Je rappelle ici qu'en matière de politique monétaire et de sentiment de marché, il faut généralement attendre que la poussière retombe pour avoir un tableau plus fiable. Quelques variables d'ajustement sont encore possibles. A commencer par les statistiques sur l'emploi américain qui sont attendues aujourd'hui et surtout demain. On sait que la Fed utilise beaucoup le marché du travail comme déterminant de sa politique. Ceci dit, les dernières données, qui montrent que l'emploi est toujours extrêmement vigoureux malgré le resserrement des conditions de financement, n'apportent pas d'eau au moulin des partisans d'une politique monétaire plus ouverte. La Fed peut aussi avoir pris une posture un peu rigide en faisant à dessein endosser le rôle du "méchant flic" à Powell, avant de laisser d'autres membres du comité de politique monétaire jouer les "bons flics" dans les médias dans les jours qui viennent. On le sait, l'art de la communication monétaire est subtil et peut avoir une énorme influence sur la psychologie des investisseurs et donc sur la couleur des indices. Prudence donc sur les réactions haussières écervelées, comme sur les crises d'hystérie baissières.

La saison des résultats trimestriels bat toujours son plein avec des chiffres en veux-tu, en voilà, de ConocoPhillips à Amgen en passant par Starbucks et PayPal aux Etats-Unis un peu plus tard, sans oublier en Europe des AXA, des BNP Paribas, des Stellantis ou des BMW. La nuit dernière, les résultats américains ont soufflé le chaud et le froid du côté d'eBay ou de Qualcomm. Il y aura aussi pas mal d'indicateurs macroéconomiques, même s'ils risquent d'être relégués au second plan à cause du bruit de la Fed. Les marchés jetteront quand même un œil à la décision de la Banque d'Angleterre sur ses taux, qui devrait là aussi se solder par une hausse de 75 points de base.

Tokyo échappe à une correction ce matin par l'entremise d'un jour férié. En Chine, le Hang Seng rend 2,8% et le CSI 300 environ 0,9%. La Bourse de Sydney est pour sa part en baisse de 1,8%. Tout cela évidemment dans le sillage de Wall Street. Les indicateurs avancés européens sont baissiers, après une séance déjà négative hier sur la plupart des places du vieux continent, Suisse exceptée. Le CAC40 perdait 0,8% à 6277 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

La seconde lecture des indicateurs PMI des services sa publiée tout au long de la journée pour les principales économies. Il y aura aussi une décision de la Banque d'Angleterre sur ses taux et un gros empilage de statistiques américaines : étude Challenger sur l'emploi, inscriptions hebdomadaires au chômage, commandes industrielles et ISM des services. Tout l'agenda macro ici. Ce matin, Caixin a annoncé que son indice PMI des services chinois s'est dégradé à 48,4 points, soit en zone de contraction pour le second mois consécutif.

L'euro recule à 0,9835 USD. L'once d'or retombe à 1637 USD. Le pétrole est ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 95,67 USD le baril et un brut léger américain WTI à 89,43 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte 4,10 or %. Le bitcoin se négocie autour de 20 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas : Bankhaus Metzler démarre le suivi à l'achat.
  • AMS-Osram : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 8 à 6,80 EUR.
  • Austevoll-Seafood : Nordea passe de conserver à acheter en visant 100 NOK.
  • Beiersdorf : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 120 à 116 EUR.
  • BP Plc : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 500 à 560 GBp.
  • Demant : Oddo BHF passe de surperformance à neutre en visant 188 DKK.
  • Encavis : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 21,50 à 24 EUR.
  • Eramet : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 123 à 102 EUR.
  • Fielmann : Oddo BHF passe de surperformance à neutre en visant 33 EUR.
  • GN Stores : Morgan Stanley reprend le suivi à pondération en ligne en visant 198 DKK.
  • Grieg Seafood : Nordea passe de conserver à acheter en visant 90 NOK.
  • Hiscox : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 990 à 1015 GBp.
  • Icade : Citigroup passe de neutre à vendre en visant 21,30 EUR.
  • Kongsberg : SpareBank passe de vendre à neutre en visant 390 NOK.
  • L'Oréal : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 300 à 280 EUR.
  • Meyer Burger : UBS reste neutre avec un objectif de cours réduit de 0,46 à 0,42 CHF.
  • Pets at Home : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 470 à 370 GBp.
  • Sinch : ABG passe de conserver à achat en visant 60 SEK.
  • ThyssenKrupp : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 7,50 EUR.
  • Vestas : J.P. Morgan reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 127 à 125 DKK.

En France

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • AXA : les revenus sur neuf mois sont en hausse de 2%. Le coût de l'ouragan Ian est évalué à 0,4 Md€.
  • BNP Paribas : le bénéfice net trimestriel est significativement plus élevé que les attentes du consensus.
  • CGG : le fond du marché s'améliore mais les revenus seront stables cette année, à cause du décalage de certains projets.
  • Legrand : confirme ses objectifs 2022 après une hausse de ses résultats sur 9 mois.
  • SES : confirme ses objectifs 2022 après un 3e trimestre porté par la division Networks.
  • Stellantis : confirme ses objectifs pour 2022 après un 3e trimestre meilleur que prévu.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • L'Oréal n'a pas décidé de suspendre la publicité payante sur Twitter, après des rumeurs en ce sens du Financial Times.
  • TotalEnergies minimise ses émissions de carbone, affirme Greenpeace.
  • Thales n'a identifié aucune trace de compromission sur ses systèmes d'information, après des informations sur une cyberattaque.
  • Veolia, ADQ et Vision Invest ont signé un contrat d'acquisition auprès d'ADNOC Refining de deux usines de traitement des déchets dangereux du complexe de Al Ruways.
  • Forvia (Faurecia) vise 30 Mds€ de chiffre d'affaires en 2025.
  • Argan finalise l'acquisition du plus grand site de pièces et accessoires de Renault dans le cadre d'un sale & lease-back.
  • Elis lance une augmentation de capital réservée à ses salariés.
  • Voltalia construit une centrale solaire de 12,1 MW dans la région Grand-Est.
  • Groupe Gorgé remporte un contrat auprès de la DGA pour une nouvelle expérimentation du drone maritime Drix.
  • L’analyse intermédiaire de l’essai de phase II évaluant TG4001 de Transgène en association avec Avelumab dans les cancers anogénitaux HPV-positifs se poursuit après une analyse intermédiaire favorable.
  • Groupe Berkem choisit Barentz pour être son distributeur de soins aux Etats-Unis et au Canada.
  • Predilife veut lever 3 M€ via une ORNANE.
  • Gaussin, qui va devoir trouver de nouveaux financements externes pour alimenter sa croissance, précise qu'il privilégie un mode de financement équilibré entre emprunts bancaires, emprunts obligataires simples non convertibles en actions, crédit fournisseurs, mobilisation des créances clients, et augmentation de capital.
  • Biophytis confirme son intention de demander une autorisation conditionnelle et d’urgence de mise sur le marché en 2023 pour Sarconeos dans les formes sévère de covid..
  • Alan Allman Associates acquiert la société canadienne Teccweb.
  • Nanobiotix forme un conseil scientifique consultatif pour NBTXR3.
  • Autres publications : Euronext, Eiffage, Erold, Selectirente, Sogeclair, Adomos, Hybrigenics

Dans le monde

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • Adecco : annonce un troisième trimestre conforme aux prévisions
  • BMW : le résultat opérationnel du T3 atteint 3,68 Mds€, légèrement au-dessus des attentes.
  • eBay : l'action rebondit de 7% post-clôture après la publication des chiffres du T3.
  • Etsy : le titre bondit de 10% hors séance après la publication de ses résultats trimestriels.
  • Geberit : a annoncé une baisse de 7,5% de ses ventes au troisième trimestre, liée à l'affaiblissement de la récente tendance à la rénovation des maisons.
  • ING Groep : le bénéfice net ressort en-deçà des attentes.
  • Lenovo : le chinois accuse sa première décroissance en dix trimestres.
  • Orsted : relève ses perspectives pour l'exercice 2022. 
  • Qualcomm : les résultats du groupe technologique américain ne convainquent pas, avec une action qui perd 7,5% après la séance.
  • Solvay : le chimiste signe des résultats records au T3 et relève sa prévision de free cash-flow 2022, après avoir déjà relevé celle d'Ebitda le 24 octobre.
  • Uniper : la perte nette sur neuf mois avoisine 40 Mds€, à cause de l'explosion des prix du gaz.
  • Verbund :
  • Zalando : revoit ses résultats annuels dans le bas de sa fourchette d'objectifs.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures