En Allemagne donc, les tractations ont démarré pour former une coalition capable de soutenir un nouveau chancelier. Le SPD d'Olaf Scholz a recueilli 25,7% des suffrages et la CDU d'Armin Laschet 24,1%. Les deux leaders vont devoir courtiser les verts, les libéraux et les autres formations pour former un gouvernement. Il faudra sans doute quelques semaines avant de connaître l'identité du successeur d'Angela Merkel, qui prolongera donc un peu son bail de 16 ans.

Les amoureux du français correct qui m'interpellent régulièrement à cause du franglais qui s'insinue dans le vocabulaire financier vont devoir me pardonner ce matin, avec la resucée de "Crunch" qui s'annonce. Et je ne parle ni de chocolat croustillant ni de duel rugbystique franco-anglais, mais de "Power Crunch" ou d'"Energy Crunch", un terme que vous n'avez pas fini de lire ou d'entendre dans les jours à venir. Il désigne une flambée inhabituelle du prix de l'énergie. Après le gaz, c'est le pétrole qui prend la pente ascendante. Pas dans les mêmes proportions heureusement, mais le retour du baril sur des niveaux symboliques (80 USD le Brent, 75 USD le WTI) provoque un certain émoi. Mais comme la machine a l'air de s'emballer un peu trop, on redoute le "Power Crunch", c’est-à-dire un mauvais coup porté aux portefeuilles des entreprises et des ménages sous forme d'effet boule-de-neige. L'Opep+, qui se réunit la semaine prochaine, devra choisir si elle profite du mouvement pour rouvrir les vannes ou si elle se contente de l'accompagner pour ne pas déstabiliser les cours.

Les tressautements des prix de l'énergie s'inscrivent dans un contexte plus global de volatilité qui affecte les cours des matières premières depuis des mois, avec en toile de fond des lignes d'approvisionnement désorganisées et des pénuries qui frappent un peu partout. De nombreux articles de presse s'émeuvent ces derniers jours des délais qui s'allongent pour la fourniture d'une large gamme de produits, alors que les plus optimistes espéraient que les choses rentreraient dans l'ordre, bon gré, mal gré, à partir de ce second semestre 2021. La situation renvoie à la répartition des sites de production dans le monde et à la façon d'acheminer les produits bruts, semi-finis ou finis depuis ces sites vers le reste de la planète. Force est de constater que les désordres engendrés par le coronavirus ne sont toujours pas résorbés et que les postures politiques incantatoires sur la réindustrialisation font pour l'instant partie du domaine de la fiction. A cela s'ajoute la politique, bien réelle celle-là, de la Chine visant à juguler les émissions polluantes, qui pèse sur la production énergétique du pays et sur l'activité des industries, forcées de se plier aux nouvelles contraintes.

Restons en Chine justement, où l'agonie d'Evergrande continue, même si elle est un peu moins omniprésente dans les médias financiers (la preuve, son "score" Google Trends est passé de 100 à 15 en quatre jours). Mais gardons-nous de minimiser l'impact de cette affaire sur l'économie chinoise. Je cite l'économiste Erik Nielsen, qui a consacré une longue explication dominicale à ce sujet. Les bulles immobilières financées par la dette sont dangereuses et lorsqu'elles commencent à s'effondrer, explique-t-il, cela se produit presque toujours plus rapidement et plus gravement que ce que ne le pensent les prévisionnistes. Et si la Chine est un cas particulier du fait de son organisation dictatoriale et interventionniste dans l'économie, "je ne parierais pas sur sa capacité à marcher sur l'eau", ajoute Nielsen. La trajectoire de la croissance chinoise devrait probablement être le sujet de vigilance principal des investisseurs à l'heure actuelle.

Avec l'arrivée de l'automne, les discours de banquiers centraux se ramassent à la pelle des deux côtés de l'Atlantique. Les calendriers en recensent une vingtaine sur les cinq jours qui viennent, dont une palanquée dès aujourd'hui. Parmi les autres temps forts, citons les commandes de biens durables aux Etats-Unis (cet après-midi) et les chiffres de l'inflation américaine (vendredi). Entre les deux, la Chine aura publié mercredi ses derniers indicateurs PMI, qui seront scrutés avec attention puisqu'ils flirtaient avec la zone de contraction dernièrement. Enfin, les parlementaires américains doivent procéder au vote définitif du plan d'investissement dans les infrastructures (celui qui est doté de 1000 Mds$), ce qui ne sera apparemment pas une partie de plaisir pour le camp Biden. Encore plus controversé, l'autre plan fourre-tout de 3500 Mds$ va encore faire l'objet de tractations, mais il a toutes les chances de devoir subir maints coups de rabot avant de pouvoir espérer franchir les écueils au Capitole.

Le CAC40 a démarré la séance en hausse de 0,7% à 6684 points.

Les temps forts économiques du jour

Les commandes de biens durables américaines d'août seront publiées à 14h30.

La paire euro / dollar stagne toujours autour de 1,74 USD. L'once d'or n'est pas beaucoup plus active, à 1759 USD. Le pétrole reste haut perché, à 79,40 USD le baril de Brent et à 74,90 USD le baril WTI. Le rendement du T-Bond ressort à 1,44% sur 10 ans et celui du Bund à -0,23%. Le bitcoin reprend du poil de la bête à 44 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • AB Volvo : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 245 à 235 SEK.
  • Adthink : Genesta reste neutre avec un objectif réduit de 1,30 à 0,95 EUR.
  • Adyen : AlphaValue reste à vendre avec un objectif relevé de 1403 à 1548 EUR. Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 3050 EUR.
  • Auto1 : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 50 EUR.
  • Cellnex : Citigroup passe de neutre à vendre en visant 50 EUR.
  • Daimler : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif réduit de 110 à 108 EUR.
  • Dufry : Baader Helvea passe d'alléger à accumuler en visant 55 CHF.
  • Ferrexpo : Citigroup passe de vendre à neutre.
  • Guillemot : Genesta reste à l'achat fort avec un objectif relevé de 20,30 à 23,55 EUR.
  • HelloFresh : J.P. Morgan reste à pondération en ligne avec un objectif réduit de 85 à 82 EUR.
  • Medica : Liberum reste à l'achat avec un objectif relevé de 235 à 245 GBp.
  • MorphoSys : Citigroup passe d'achat à neutre en visant 52 EUR.
  • Nordic Entertainment : Berenberg reste acheteur avec un objectif relevé de 590 à 625 SEK.
  • Securitas : SEB Equities passe de conserver à acheter en visant 160 SEK.
  • Swisscom : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 420 à 427 CHF.
  • Traton : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 30 à 27 EUR.
  • Universal Music Group : Bernstein entame le suivi à performance de marché en visant 22 EUR.
  • Valeo : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 29 EUR.
  • Volkswagen : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif relevé de 301 à 308 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • Le président du Credit Suisse, Antonio Horta-Osorio a démenti les spéculations selon lesquelles il voudrait remplacer le directeur général Thomas Gottstein.
  • EQT propose 470 EUR par action pour racheter Zooplus, qui se tourne vers le fonds suédois aux dépens d'Hellman & Friedman, qui avait proposé 460 EUR.
  • Intel pose la première pierre de deux nouvelles usines de semi-conducteurs en Arizona.
  • Pénurie de carburant dans un tiers des stations-services britanniques de BP Plc.
  • Apple TV+ comptait moins de 20 millions d'abonnés aux Etats-Unis et au Canada en juillet dernier, loin derrière les autres services de streaming.
  • Rolls-Royce remporte un contrat de l'US Air Force pouvant aller jusqu'à 2,6 Mds$.
  • Les autorités chinoises arrêtent le président et le directeur général de HNA.
  • La directrice financière d'Huawei peut quitter le Canada.
  • Polestar pourrait entrer en bourse via le SPAC Gores Guggenheim.
  • Principales publications de résultats. United Utilities, Concentrix, Quadient, Bonduelle

Lectures