Londres (awp/afp) - Demande au plus haut depuis 2011, record d'achats des banques centrales en 55 ans... Durant une année ébranlée par la guerre en Ukraine, l'or a profité de son statut de valeur refuge en temps de crise.

Pour l'année 2022, la demande mondiale d'or s'est établie à 4.740,7 tonnes, un bond de 18% par rapport à l'année 2021 et son plus haut niveau depuis plus d'une décennie d'après le rapport trimestriel du Conseil mondial de l'or (CMO) publié mardi.

Mais l'or n'a pas totalement effacé les effets de la pandémie de Covid-19, notamment pour les investissements en lingots, pièces et bijoux.

"La grande surprise de l'année a été la demande record des banques centrales, qui a atteint son plus haut niveau depuis 55 ans", affirme à l'AFP Louise Street, analyste au sein de l'organisation.

Ces institutions se sont en effet ruées vers l'or l'an passé, leurs achats ayant plus que doublé sur un an à 1.135,7 tonnes.

Les banques centrales s'en servent "comme d'une réserve de valeur à long terme", parallèlement à leurs réserves de devises, explique Mme Street: "l'or se porte bien en temps de crise".

Ces facteurs ont été des moteurs importants de la demande en 2022, année marquée par la guerre en Ukraine, des inquiétudes particulièrement fortes autour de l'économie mondiale au sortir de la pandémie de Covid-19, et des records du niveau de l'inflation dans de très nombreux pays.

Côté prix, les cours de l'or n'ont augmenté que de 1,25% sur l'année mais le métal précieux a connu un bond colossal en mars, au début de l'invasion russe de l'Ukraine, illustrant la qualité de valeur refuge du métal précieux.

Il a poussé jusqu'à 2.070,44 dollars l'once, à quelques dollars du record historique de 2020, avant de retomber sur le restant de l'année, notamment face à la concurrence de l'autre valeur refuge reine, le dollar, qui s'est renforcé l'an passé.

La pandémie se fait encore sentir

Les effets de la pandémie de Covid-19 se faisaient cependant encore fortement sentir sur la demande d'or en 2022, notamment du côté des investissements en lingots et pièces mais aussi en bijoux en Chine.

Au total, les investissements en lingots et pièces ont totalisé 1.217,1 tonnes en 2022, contre 1.190,9 en 2021, parvenant à se maintenir grâce à la demande venant d'autres pays.

Les marchés de l'Inde et de la Chine sont cruciaux pour la demande en lingots et pièces d'or, mais surtout de bijoux.

Traditionnellement, les familles profitent des mariages et autres fêtes pour mettre une partie de leurs économies à l'abri en les changeant en lingots, colliers, bagues, bracelets et autres objets en or, valeur refuge traditionnelle.

Mais jusqu'en décembre, la Chine a appliqué une très stricte politique sanitaire de "zéro-Covid" qui imposait notamment des tests de dépistage généralisés, un suivi strict des déplacements mais également des confinements et quarantaines obligatoires dès la découverte de cas.

Après l'abandon de cette politique, la demande a été affectée "par le pic massif d'infections au Coronavirus qui a frappé les consommateurs à la fin de l'année", rappelle Louise Street, la Chine faisant actuellement face à sa plus forte vague épidémique depuis trois ans.

Résultat: la demande chinoise de bijoux a dévissée de 15% par rapport à 2021, et les investissements en lingots et pièces de 24%.

"Ce qui est encourageant, c'est la façon dont le reste du monde a pris le relais", affirme Mme Street. Au niveau global, la demande de bijoux n'a fléchi que de 2%, s'établissant à 2.189,8 tonnes.

Le secteur technologique a également encore ressenti en 2022 des effets indirects de la pandémie de Covid-19, notamment de la persistance des perturbations des chaines d'approvisionnement et du ralentissement économique mondial qui a pesé sur la consommation.

Le métal jaune se retrouve dans les composants de nombreux appareils électroniques comme les ordinateurs ou les téléphones mobiles, et les achats du secteur sont retombés de 7% en 2022 sur un an, à 308,5 tonnes.

afp/rp