Hier, les indices boursiers du monde sont partis un peu dans tous les sens, pris entre plusieurs feux. Des valorisations élevées, des résultats d'entreprises plutôt rassurants et des indicateurs macroéconomiques qui s'agitent. Le Nasdaq 100, le CAC 40 ou le DAX ont reculé, pendant que le Dow Jones grappillait quelques points. Peu d'enseignements, hormis l'appétit confirmé pour les valeurs cycliques.

Il y a des signes qui ne trompent pas. Par exemple la façon dont la pandémie de coronavirus est traitée dans la presse américaine. Les tableaux de décompte existent toujours, mais ils ont disparu des hauts de page avec la baisse du nombre des contaminations quotidiennes. Même si le cap des 500 000 décès sera atteint sous une semaine aux Etats-Unis – un demi-million de morts ! – le combat sanitaire est considéré comme gagné avec la progression de la vaccination. Espérons que ce soit le cas. Cette normalisation recentre l'attention des investisseurs sur les marqueurs économiques classiques, qui avaient un peu disparu des radars au motif que l'année que nous avons vécue était si exceptionnelle à tous points de vue que l'exubérance était devenue la norme.

Ainsi donc, les craintes sur l'émergence d'une inflation hors de contrôle font leur retour. Par "hors de contrôle", comprenez "contrôlable uniquement par le démantèlement d'une partie des dispositifs d'irrigation monétaires des banques centrales". La reprise économique mécanique induite par la fin des confinements et la réouverture de certains secteurs à l'arrêt est une source d'inflation. Les pénuries constatées actuellement çà et là (matières premières, semiconducteurs, containers…) en sont aussi une. Comme la hausse actuelle des cours pétroliers ou la nette reprise de la consommation aux Etats-Unis en janvier. L'inflation a un impact économique positif quand elle est modérée et autant que faire se peut prévisible. Ce sont les excès ou les déséquilibres qui posent problème.

Je parlais hier de l'étude que mène chaque mois BofA Merrill Lynch auprès des grands gérants institutionnels pour prendre leur pouls. En février, ces professionnels avaient identifié comme facteurs de risques principaux un retard dans le déploiement des vaccins (28%), un accès de fièvre sur les rendements obligataires duSi à un changement de comportement de la Fed (25%) et la montée de l'inflation (24%). Depuis quelques jours, l'inflation a probablement pris la première place dans les préoccupations, d'autant que le second risque identifié, un changement de la politique de la banque centrale américaine, est étroitement lié à l'évolution des prix.

Les investisseurs mettent par conséquent la Fed sous surveillance, ou sous surveillance renforcée si vous préférez, pour déceler des indices d'inflexion dans son discours. Le scénario d'un resserrement monétaire n'est plus renvoyé aux Calendes Grecques, comme c'était le cas il y a quelques mois, mais à un horizon plus tangible. Probablement pas en 2022, mais peut-être en 2023, qui sait ? Pour adapter leurs portefeuilles à la reprise économique et au probable retour de la hausse des prix, les investisseurs continuent à miser sur les valeurs cycliques, en conservant, par prudence, une certaine exposition au compartiment technologique, toujours considéré comme tout-terrain.

Le CAC40 perdait 0,1% à 5759 points peu après l'ouverture. Une grosse livraisons de résultats d'entreprises a lieu en Europe, d'Airbus à Orange en passant par Daimler, Carrefour et Nestlé.  

Les temps forts économiques du jour

L'indice des prix à la consommation dans l'UE en janvier (11h00) précèdera plusieurs statistiques aux Etats-Unis à 14h30 : l'indice Philly Fed de février, les inscriptions hebdomadaires au chômage et les mises en chantier & permis de construire de janvier. Les stocks pétroliers clôtureront l'agenda "macro" à 17h00.

L'euro se négocie en baisse à 1,2037 USD. L'once d'or remonte légèrement à 1783 USD. Le pétrole a poursuivi son ascension hier, à 65,12 USD le baril de Brent et à 61,70 USD le baril WTI. Le rendement de la dette américaine atteinte 1,27 % sur 10 ans. Le bitcoin s'échange 51 863 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Basilea : Research Partners passe d'acheter à conserver.
  • Banco Bilbao Vizcaya Argentaria : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 5,93 à 6,59 EUR.
  • Beiersdorf : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours réduit de 100 à 90 EUR.
  • Crédit Agricole : AlphaValue passe de vendre à accumuler en visant 12,60 EUR.
  • Dätwyler : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 264 à 312 CHF.
  • Dermapharm : Berenberg reste acheteur avec un objectif relevé de 53 à 72 EUR.
  • DSV Panalpina : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1225 à 1300 DKK.
  • Eramet : AlphaValue passe d'alléger à acheter avec un objectif de cours relevé de 52 à 62,30 EUR.
  • Fagron : Berenberg reste acheteur avec un objectif relevé de 24 à 27 EUR.
  • Formycon : Kepler Cheuvreux passe d'acheter à conserver avec un objectif relevé de 45 à 65 EUR.
  • Infineon : Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 17 à 45 EUR.
  • Subsea 7 : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 90 NOK.
  • Sage Group : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 780 à 830 GBp.
  • STMicroelectronics : Berenberg passe de vendre à conserver en visant 39 EUR.
  • Telia : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 33 SEK.
  • Temenos : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 129 à 123 CHF.
  • Vallourec : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 28 à 29 EUR.

L’actualité des sociétés

En France

Résultats des sociétés

  • Air France-KLM : la perte nette a atteint 7,1 Mds€ en 2020. L'objectif de rentabilité de moyen terme, déjà repoussé, a été retardé sine die.
  • Airbus : les résultats 2020 sont en berne, évidemment. Le groupe vise cette année un résultat opérationnel ajusté de 2 Mds€, et l'équilibre au niveau de la génération de cash-flow libre avant opérations de fusions-acquisitions et financement clients. En 2020, l'industriel a brûlé 6,9 Mds€ de trésorerie.
  • Atos : la marge opérationnelle a reculé de 10,1 à 9%, pour des revenus en retrait de 3 % en organique. Le groupe vise cette année une croissance à taux de change constant de 3,5 à 4 % et un taux de marge opérationnelle en hausse de 40 à 80 points de base, pour un flux de trésorerie disponible entre 550 et 600 M€.
  • Bouygues : le chiffre d'affaires a reculé de 9 % à 34,7 Mds€, pour un résultat opérationnel courant en baisse à 1,22 Md€. Martin Bouygues va passer la main à Olivier Roussat en restant président.
  • Capgemini : les résultats 2020 sont supérieurs aux attentes. Cette année, la croissance organique devrait être comprise entre 7 et 9 %, et la marge opérationnelle entre 12,2 et 12,4 %, c'est-à-dire un retour sur les niveaux de 2019.
  • Carrefour : le groupe vise cette année plus de 1 Md€ de génération de cash-flow libre et veut économiser 2,4 Mds€ en année pleine à partir de 2023. Le résultat opérationnel courant a bondi de 16,4% à 2,173 Md€ en 2020 avec des revenus en hausse de 3,6% en données ajustées. Un dividende de 0,48 EUR sera proposé, en numéraire.
  • Electricité de France : le groupe vise en 2021 un Ebitda de plus de 17 Mds€ cette année, contre 16,2 Mds€ un an avant. Les résultats 2020 ont lourdement chuté, de moitié à 1,7 Md€ pour le bénéfice net courant. Un dividende de 0,21 EUR est proposé.
  • Groupe ADP : pas de miracle pour l'exploitant aéroportuaire, dont le chiffre d'affaires a chuté de plus de moitié à 2,14 Mds€ en 2020, tandis que la dette progressait fortement à 7,48 Mds€. Les prévisions 2021 ont été réduites : le trafic devrait atteindre 35 à 45 % de celui de 2019, contre 45 à 55 % prévus jusque-là.
  • Klépierre : les revenus 2020 ont baissé de 14,7 %, dont 25,2 % de contraction pour les loyers. La dette nette a limité sa progression à 2,5 % à 9 Mds€. Le groupe espère que les mesures restrictives sur ses centres commerciaux n'iront pas au-delà de mars.
  • Orange : l'opérateur a publié des résultats légèrement inférieurs aux attentes au T4. Le groupe a aussi annoncé la création de sa société spécialisée dans les antennes relais en Europe, Totem.
  • Vallourec : malgré un chiffre d'affaires 2020 en baisse de 22 % à 3,24 Mds€, la marge brute d'exploitation a atteint 8 % (258 M€). Le marché devrait rester difficile cette année, avec une marge brute d'exploitation attendue entre 250 et 300 M€ et une consommation de trésorerie de 300 à 380 M€.

Annonces importantes

  • La technologie de Thales a été choisie pour l'expansion de la flotte SkyTrain de Vancouver.
  • Suez remporte le contrat d'exploitation et de maintenance d'une des plus grandes stations d'épuration d'Afrique, en Egypte.
  • Gecina signe un bail sur 11 600 m² et porte la commercialisation de l'immeuble Carré Michelet à 83 %.
  • Société Foncière Lyonnaise vend l'immeuble 9 Percier a Deka Immobilien.
  • La Française de l'Energie se félicite de la réussite du financement participatif de Gazonor Béthune.
  • Neoen remporte 73,6 MWc de projets solaires en France.
  • OSE Immuno obtient un premier brevet européen protégeant OSE-127/S95011.
  • Neovacs lève 3 M€ avec ses OCEANE-BSA.
  • CNIM Groupe entre en négociations exclusives pour les cessions de Bertin IT et de ses participations biomasses.
  • Hervé Milcent nommé directeur général de Solocal.
  • Imerys, Plastic Omnium, Prodware, Covivio, CBo Territoria, Carmila, D.L.S.I, Linedata, ont publié leurs comptes et/ou leurs résultats.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Baidu : les résultats trimestriels sont légèrement supérieurs aux attentes et les prévisions du T1 sont un peu meilleures que prévu.
  • Barclays : les résultats sont supérieurs aux attentes et un programme de rachat d'actions de 700 M£ a été lancé.
  • Crédit Suisse : le bénéfice net a reculé de 22 % à 2,7 MdsCHF. Le dividende proposé est en hausse à 0,2926 CHF.
  • Daimler : les revenus et les résultats devraient être nettement supérieurs en 2021, a annoncé le constructeur en marge de l'annonce de ses chiffres 2020.
  • Nestlé : le numéro un mondial de l'agroalimentaire a publié des résultats proches des attentes en 2020, notamment une croissance organique de 3,6 %. Cette année, l'entreprise vise une hausse continue de sa croissance organique "à un chiffre".

Annonces importantes

  • Royal Dutch Shell scelle la vente de ses actifs canadiens dans le schiste à Crescent Point Energy pour 707 M$.
  • ThyssenKrupp met fin à ses discussions avec Liberty Steel.
  • General Motors contraint de geler certaines opérations au Mexique à cause de la pénurie de gaz naturel.
  • Facebook bloque les médias en Australie en réponse à la nouvelle réglementation dans le pays.
  • Befimmo étend son portefeuille au Grand-Duché de Luxembourg.
  • Jaguar Land Rover (Tata Motors) va supprimer 2000 emplois dans le monde.

Ça publie aujourd'hui. Walmart, Nestlé, Applied Materials, Airbus, Daimler, Roku, Electricité de France, Barclays, Crédit Suisse, Orange, Moncler, Bouygues, Carrefour

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