Les indices boursiers américains viennent d'enfiler une quatrième perle rouge d'affilée à leur collier de pertes, au point que le Nasdaq 100 a terminé la séance à son plus bas niveau depuis la fin du mois de septembre 2020. D'ailleurs si vous n'aimez pas les différentes nuances de rouge, mieux vaut passer votre chemin. On a droit à un joli vermeil au Japon et en Corée ce matin (-2,3%), pendant que l'Inde et l'Australie étaient plutôt du genre carmin (-0,3%). On avait du rouge écarlate pour le Nasdaq (-1%) et du rouge alizarine pour le S&P500 (-0,7%). En Europe, la France et la Suisse tiraient vers le rouge Andrinople (-0,45%), pendant que l'Allemagne portait haut son rouge Bismarck (-0,00%). Je précise que je ne connaissais pas les termes alizarine et Andrinople avant ce matin, ni que Bismarck avait donné son nom à une couleur. Mais vu la tête des indices, autant étoffer le nuancier.

On reste dans les couleurs chaudes avec les petits incendies qui ont tendance à se multiplier autour du gros brasier principal inflatio-géopolitico-monétaire. Brasier que les pompiers-pyromanes centraux banquiers centraux tentent tant bien que mal de contenir. Par exemple, le durcissement des règles d'export de matériel de haute technicité des Etats-Unis vers la Chine a désespéré le très stratégique et très suivi secteur des semiconducteurs, qui passe du statut d'eldorado sanctuarisé à celui de victime expiatoire de la démondialisation (Nvidia -60% sur l'année mais toujours généreusement valorisée. Je rappelle que pour compenser un -60%, il faut un +150%). D'où un nouvel accès de faiblesse hier pour l'indice technologique américain, et un nouveau plus bas depuis mars 2020 en clôture pour le fonds ARK Innovation de Cathie Wood, qui personnifie l'investissement ultra-agressif qui a si bien fonctionné pendant le super-cycle démarré en 2009.

Autre lieu, autre sinistre, le marché des obligations britanniques s'est à nouveau embrasé hier, en dépit des efforts de la Banque d'Angleterre pour le circonscrire. Le rendement des Gilts à 10 ans atteint 4,46%, soit à peine moins que la dette italienne (4,62%). Cette crise dans la crise est décrite par l'ancien gouverneur de la banque centrale indienne, Raghuram Rajan, comme une conséquence de la surabondance d'argent gratuit, qui a transformé les fonds de pension en fonds spéculatifs. En théorie plutôt sages, barbants probablement même pour une partie des financiers qui cherchent l'adrénaline de la volatilité, les fonds de pension ont fini par adopter des stratégies dites axées sur le passif. Rajan explique que pour compenser le faible rendement des Gilts à long terme (causé par les politiques d'assouplissement quantitatif), ces fonds ont augmenté le profil de risque de leurs autres actifs en utilisant un effet de levier plus élevé mais en couvrant leur risque d'intérêt avec des produits dérivés. Dans la configuration de marché actuelle, le coût de cette protection a explosé, entraînant des appels de marge considérables qui ont nécessité la vente de certains actifs, lesquels actifs n'avaient pas d'acheteurs, si bien que la Banque d'Angleterre a dû se remettre en face avec son chéquier. Les crises financières ont des causes multiples, mais le péché originel est invariable : l'appât du gain. Le papier de Rajan sur la liquidité a été traduit en français ici.

Parmi les désordres plus exotiques et destinés uniquement à vous détendre un peu, je note que la Chine envisagerait d'interdire aux fonctionnaires de boire de l'alcool pendant et après le travail, pour accroître leur productivité. Une annonce non-confirmée qui, en parallèle de chiffres touristiques plutôt médiocres durant la "Golden Week" chinoise, a fait baisser Pernod Ricard, Rémy Cointreau et consorts en bourse hier. Enfin, je pense qu'il faut saluer l'humour scandinave après que Ben Bernanke a co-remporté le Prix Nobel d'économie-qu'il-ne-faut-pas-appeler-comme-ça-parce-que-il-n'avait-pas-été-prévu-à-l'origine-par-Alfred-Nobel-mais-c'est-quand-même-le-jury-Nobel-qui-le-décerne. Lauréat pendant plusieurs années du prix de la barbe la plus soignée du secteur, Ben Bernanke a présidé la Fed de 2006 à 2014. L'Académie suédoise a choisi de le récompenser, avec deux de ses compatriotes, pour ses travaux sur les crises financières. Un choix audacieux quand on sait qu'il était aux manettes avant que la crise de 2008 n'éclate et qu'il est le père de la politique d'assouplissement quantitatif. Cet interventionnisme monétaire que certains jugent indispensable pour préserver la stabilité financière pendant que d'autres y voient la source de pas mal des maux actuels.

Les indicateurs avancés européens ne donnent pas vraiment de signes de reprise ce matin. On a clairement le sentiment que les investisseurs sont en phase de capitulation. La vraie question qui se pose désormais est de déterminer qui des porteurs d'actions et d'obligations ou des banques centrales capitulera en premier. La réponse n'est pas aussi évidente qu'il n'y paraît, mais je mets une petite pièce sur les autorités monétaires. Reste à savoir si c'est pour le meilleur ou pour le pire.

En Asie Pacifique, le rouge est bien installé comme je l'indiquais plus haut. La Chine continentale donne l'impression de chercher à résister, mais on sait que la Bourse de Shanghai a l'air dotée d'une vie propre. Pour finir, le FMI doit publier son rapport sur les perspectives économiques mondiales et la stabilité financière dans la journée. Et ce ne sera pas joli-joli, pour autant que le FMI ait encore un impact quelconque sur les marchés financiers, ce dont je doute. Le CAC40 perdait 0,8% sous 5800 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Il n'y aura pas d'indicateur macroéconomique majeur aujourd'hui. Quelques discours de banquiers centraux sont en vue, mais plutôt en soirée. Tout l'agenda macro ici.

L'euro a reculé à 0,9690 USD. L'once d'or repique du nez à 1665 USD. Le pétrole se stabilise, avec un Brent de Mer du Nord à 95,86 USD le baril et un brut léger américain WTI à 90,75 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte aux portes des 4%. Le bitcoin recule autour de 19 000 USD l'unité.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours réduit de 170 à 145 EUR.
  • Anheuser-Busch Inbev : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours réduit de 61 à 59 EUR.
  • Arkema : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 142 à 130 EUR.
  • Banco de Sabadell : Kepler Cheuvreux reprend le suivi l'achat en visant 0,80 EUR.
  • Bankinter : Kepler Cheuvreux reprend le suivi à l'achat en visant 7,10 EUR.
  • BB Biotech : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif réduit de 94 à 86 CHF.
  • CaixaBank : Kepler Cheuvreux reprend le suivi à conserver en visant 3,45 EUR.
  • Centrica : Citigroup passe de neutre à achat en visant 81 GBp.
  • Continental : Berenberg reste à conserver avec un objectif réduit de 80 à 59 EUR.
  • Credit Suisse : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 5 à 4,40 CHF.
  • Evonik : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 25 EUR.
  • Kingfisher : Numis passe d'alléger à vendre en visant 150 GBp.
  • Lanxess : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours réduit de 35 à 33 EUR.
  • Nacon : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 10 à 7 EUR.
  • Nexity : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 25 EUR.
  • Next : Numis passe d'accumuler à acheter en visant 6800 GBp.
  • PowerCell : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 135 SEK.
  • Roche : Intron Health passe de conserver à acheter en visant 360 CHF.
  • Schneider Electric : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 120 à 115 EUR. Par
  • Siemens : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 186 à 162 EUR.
  • Temenos : Julius Bär passe d'acheter à conserver en visant 70 CHF.
  • UBS : Credit Suisse reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 22,50 à 22 CHF.
  • UniCredit : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 17 à 17,50 EUR.
  • Valeo : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 24 à 22 EUR.
  • VAT Group : Research Partners reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 300 à 250 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Airbus a livré un total de 437 avions sur la période de janvier à septembre.
  • Une décision de BBVA contrarie les projets de BNP Paribas et Crédit Agricole en Espagne, selon Les Echos.
  • Sanofi obtient des données positives en phase III avec Dupixent pour l'oesophagite à éosinophiles chez l'enfant.
  • Vinci investit dans H2 Mobility.
  • Electricité de France renforce son arsenal de préconisations et ses offres en prévision de l'hiver.
  • JCDecaux renforce ses mesures de sobriété énergétique.
  • Somfy, partenaire historique du biathlon français, renouvelle son partenariat avec la FFS et les équipes de France de ski nordique.
  • Claranova s'offre Scanner App.
  • Getlink a publié ses chiffres de trafic de septembre.
  • Pixium Vision annonce la publication dans le Journal of Neural Engineering de données cliniques évaluées par des pairs portant sur l'efficacité du Système Prima chez des patients atteints de DMLA sèche.
  • AB Science a reçu le feu vert de trois agences de santé européenne pour une étude de phase III confirmatoire avec Masitinib dans la maladie d'Alzheimer.
  • Cnova (Cdiscount) nomme un nouveau directeur financier.
  • Lacroix lance son club des actionnaires.
  • Eurobio a publié ses comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Denbury flambe après des rumeurs de rachat par Exxon Mobil.
  • Samsung Electronics et Taiwan Semiconductor chutent, après la décision de Washington de restreindre les exportations vers la Chine.
  • Le fabricant chinois de batteries pour véhicules électriques Contemporary Amperex (CATL) prévoit un quasi-triplement de son bénéfice au troisième trimestre.
  • Meta Platforms organise une conférence sur la réalité augmentée.
  • Solvay signe un protocole d'accord pour s'approvisionner en carbonate de terres rares.
  • Givaudan confirme ses prévisions annuelles malgré une croissance organique un peu faible.
  • Bio-Rad et Qiagen envisagent un rapprochement, selon le Wall Street Journal.
  • Royal Boskalis va se retirer de la cote d'Euronext Amsterdam début novembre.
  • Le vaccin nasal COVID-19 d'AstraZeneca ne déclenche pas de forte réponse immunitaire dans l'étude de phase I.
  • PureTech Health met fin aux discussions de fusion avec Nektar Therapeutics.
  • Skanska décroche un contrat de 150 M$ pour améliorer des stations de métro aux États-Unis.
  • Leonteq chute après des soupçons d'aide au blanchiment d'argent révélées par le Financial Times.
  • Principales publications du jour : LVMH, Givaudan, About You… Tout l'agenda ici.

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