L’annonce la semaine dernière par Peugeot que le constructeur allait, à partir d’aujourd’hui, adopter une démarche visant à "renforcer le travail à distance, et d'en faire la référence pour les activités non reliées directement à la production" n’est pas passée inaperçue. La démarche concerne tout de même 80 000 personnes dans ce groupe qui l’avait initiée dès 2014. Avec ce coup d’accélérateur, le flex-office sera privilégié, les employés étant appelés à être présents sur site de 1 journée à 1 journée et demie par semaine, en moyenne.

Il n’y a pas que chez PSA que l’essai du télétravail sera transformé. D’après l’étude diffusée par le think tank Terra Nova, malgré les contraintes du confinement et l’impréparation, les retours d’expériences sont largement positifs comme le résument ces diagrammes de restitution de l’enquête menée par le "Think tank progressiste" auprès de 1860 télétravailleurs.

Source : Terra Nova

La note conclut que "le travail ne sera plus tout à fait comme avant, mais le télétravail non plus", les résultats obtenus étant bien différents selon les conditions dont ont pu bénéficier les télétravailleurs.

Source : Terra Nova

Les conséquences de cette présence plus fréquente au domicile et moindre au bureau seront multiples et durables. Nous avons tenté ici de les traduire en pistes d’investissement dans entreprises cotées, essentiellement françaises et de taille moyenne, mêmes si elles ont souvent leur équivalent à l’étranger.

Car derrière Amazon.com et Microsoft, vainqueurs évidents de cette crise, se cachent de nombreuses valeurs que le télétravail impactera favorablement. Quant aux perdants, le lecteur pourra en déduire aisément quelques-uns…

Qui dit télétravail dit … équipement

Matériel (mobilier, PC, connectique…) ou immatériel (logiciels), il s’agit peu ou prou de dupliquer à la maison l’outil disponible au bureau, les logiciels de visioconférence et les infrastructures de communication venant s’ajouter pour faire le lien entre les collaborateurs.

Parmi les entreprises qui répondent à ces besoins, la place parisienne est riche en opérateurs télécoms (Orange, Iliad, Altice, Bouygues…) et leurs fournisseurs (Solutions 30, Nexans, Ekinops, We.connect…) ou des fournisseurs de services et logiciels de visioconférence (Vidélio) et de cybersécurité (Wallix, Verimatrix …) et bien entendu toutes les ESN qui participent à la transformation numérique, hébergent et protègent les données (Atos, Sopra Steria, Visiativ, Neurones…).

Qui dit télétravail dit… achats en ligne

Le télétravailleur fréquente moins les magasins situés à proximité ou sur le chemin de son employeur ou de ses clients. Ainsi, il se rend moins au restaurant et a davantage recours à la livraison à domicile/à proximité de chez lui et donc à l’achat en ligne. Aux côtés de pure players comme Vente-Unique.com (mobilier et décoration) ou Showroomprivé.com (SRP Groupe), on trouve des acteurs de la bureautique très bien positionnés en ligne (LDLC, Fnac Darty…).

Qui dit télétravail dit…logement adapté

Il faut de la place pour disposer tous ces équipements, une pièce de plus sera donc à prévoir. Cela ne va pas sans s’éloigner des centres villes pour retrouver du pouvoir d’achat de mètres carrés supplémentaires. Mais comme les transports sont réduits, le problème est réglé. De plus, le confinement a souligné l’intérêt d’avoir un jardin. La maison individuelle, qui avait perdu de son attrait ces dernières années (étalement urbain, temps de transport, etc.) voit son attractivité renouvelée par la crise. Hexaôm et AST Groupe sont bien positionnés. Le premier est de loin le n°1 français de la maison individuelle, avec une offre de promotion immobilière plus récente en périphérie des grandes villes, et le second est bien positionné sur la maison en bois avec Natilia, sachant que ses studios de jardin Natibox permettent de s’offrir un bureau chez soi tout en travaillant au calme.

Qui dit télétravail dit…repas à la maison

Le télétravailleur déjeune chez lui et moins au restaurant ou à la cantine d’entreprise. Il achète, plus localement et en GMS (Carrefour, Casino, sachant que le drive et la livraison à domicile ont pris durablement des parts de marché mais qu’ils imposent des coûts supplémentaires à la grande distribution) des produits plus sains (les acteurs du bio cotés sont rares, on peut citer Wessanen, sous OPA) et plus basiques (Bonduelle, Tipiak, LDC ou encore Paulic Meunerie quoiqu’affectée par la fermeture des crêperies…) s’il souhaite continuer de cuisiner après le confinement (les produits électroménager du Groupe Seb seront bien utiles, ainsi que les ustensiles de cuisine de la microcap Mastrad), des plats cuisinés tout préparés (Fleury Michon, LDC, Saint Jean Group, Tipiak …), voire se fait livrer à la maison des kits à cuisiner (succès de l’allemand HelloFresh). Le succès des potagers pourrait se poursuivre, les bienfaits du jardinage pour la santé physique et mentale du télétravailleur (et dans une moindre mesure le portefeuille…) n’étant plus à démontrer. On regardera du côté des semenciers Graines Voltz (semences plus traditionnelles) et Vilmorin (n°1 mondial des semences potagères).

La liste n’est pas exhaustive, nous aurions pu citer également les sociétés Hitechpros et Freelance.com qui mettent en relation travailleurs indépendants et entreprises et bien sûr, tous les concurrents cotés des entreprises citées.

N’hésitez pas à enrichir la liste en commentaire de cet article et si vous ne détenez aucune de ces sociétés en portefeuille, vous devriez en profiter à travers les gains de productivité occasionnés par le télétravail selon cette étude de 2015 de Stanford reprise il y a quelques jours l’économiste Frédéric Gonand dans sa chronique pour l’Opinion. Il y note également les limites du télétravail qui ne remplacera bien évidemment jamais totalement la richesse de la présence réelle à l’autre !

(L’auteur est actionnaire à titre personnel d’Hexaôm, Solutions 30 et We.connect).