Les marchés actions occidentaux sont repartis de l'avant hier, dans une actualité qui reste très anxiogène après la chute du Crédit Suisse, piteusement sauvé par son rival UBS sur demande des autorités helvétiques. La crise bancaire en cours n'est pas circonscrite pour autant, comme le démontre le nouveau plongeon de la First Republic américaine, dont le cours s'est encore effondré de 47% hier. L'action a été divisée par dix en moins de deux semaines, pour s'établir à 12,18 USD hier à la clôture. Les rumeurs d'une tentative de sauvetage de l'établissement orchestrée par plusieurs autres banques emmenées par JPMorgan Chase n'ont pour l'heure pas permis de rattraper le couteau qui tombe.

Dans ce contexte explosif, les indices actions ont donc choisi la voie du rebond. En Europe, l'indice large Stoxx Europe 600 s'est adjugé 1%, pendant que le S&P500 américain gagnait 0,9%. La bourse de Zurich elle-même s'est payée le luxe de boucler sur un gain de 0,3%, malgré le plongeon de 56% du Crédit Suisse, puisqu'UBS va racheter son compatriote à prix cassé pour lui éviter l'avanie de la faillite. Marcherait-on sur la tête ? Pas vraiment : la résistance des marchés actions repose principalement sur le pari selon lequel la banque centrale américaine va privilégier la stabilité financière plutôt que la stabilité des prix.

Pour ce faire, la Fed a déjà déployé un arsenal considérable de garanties et de lignes de financement, qui a contribué à juguler la chute de certains établissements bancaires. Mais pas de First Republic, j'en ai parlé plus haut et j'y reviendrais ensuite. Evidemment, cela crée de "l'aléa moral", vous savez, ce petit goût amer dans la bouche parce que ceux qui font n'importe quoi se retrouvent sauvés avec les autres au titre de l'intérêt général. On laisse quand même sombrer les établissements qui ont trop tiré sur la corde, histoire de ne pas sponsoriser excessivement la prime de risque quand même.

La Fed va avoir l'occasion de préciser ses intentions demain soir, avec une décision de politique monétaire et les commentaires subséquents de Jerome Powell. Le marché pense que la banque centrale va relever ses taux de 25 points de base, un compromis entre un statu quo qui passerait pour un aveu de panique, et un tour de vis de 50 points de base, qui risquerait de faire s'effondrer le moral des investisseurs en sabrant un peu plus encore la valeur des portefeuilles obligataires détenus par les intermédiaires financiers. Et les investisseurs ont de la suite dans les idées : ils voient déjà les taux directeurs américains à 4% en fin d'année, soit en-dessous des niveaux actuels. Le mois dernier, ils pensaient plutôt qu'ils avoisineraient 5,5 à 6%.

De mon point de vue, nous sommes à nouveau entrés dans une phase où tout peut basculer sur la forme en plus du fond. Chaque détail va compter. Le fait que l'hémorragie continue sur la First Republic montre que les financiers sont toujours en chasse de la prochaine victime. C'est probablement la raison pour laquelle les grandes banques de Wall Street cherchent à la sauver : si elle devait tomber, le marché se mettrait en quête de la suivante, guidé par l'odeur du sang. En attendant, la confusion est visible dans le parcours des actifs. L'or monte en même temps que le grand indice américain le plus risqué, le Nasdaq. Les obligations progressent alors que les banques centrales relèvent leurs taux. Les cryptomonnaies flambent alors que leurs banques tutélaires disparaissent. La bourse suisse est en hausse le lendemain de la plus grosse catastrophe bancaire de son histoire. A l'inverse, on peut souligner que la nette décrue du pétrole est plutôt en phase avec ce que l'inversion de la courbe des taux directeurs américains souligne depuis un moment : la récession se profile.  

Dans le reste de l'actualité, les Etats-Unis seraient en train d'étudier une garantie globale des dépôts bancaires en cas de crise aggravée, selon Bloomberg. Le débat se poursuit après l'annulation des obligations CoCo du Crédit Suisse (lire ici), qui a par exemple coûté 340 M$ de pertes au grand gestionnaire obligataire Pimco. En France, les motions de censure visant le gouvernement ont été rejetées et la réforme des retraites a été adoptée. En Chine, Xi Jinping et Vladimir Poutine discutent d'un "plan de paix chinois" en Ukraine.

En Asie-Pacifique, Tokyo est fermée pour l'équinoxe vernal. En Chine, le Hang Seng récupère péniblement une partie de ses pertes de la veille (-2,65%) en reprenant 0,9%. La hausse est proche en Chine Continentale. Elle se limite en revanche à 0,4% en Inde et en Corée du Sud. L'Australie a clôturé sur un gain de 0,8%. Les indicateurs avancés sont haussiers en Europe ce matin. Le CAC40 gagnait 1,1% à l'ouverture à 7092 points.

Les temps forts économiques du jour

Les financiers allemandes ont-ils le moral ? Réponse à 11h00 avec l'indice ZEW de mars. Aux Etats-Unis, les chiffres de l'immobilier ancien en février seront présentés à 15h00. Tout l'agenda ici.

L'euro se renforce à 1,0710 USD. L'once d'or évolue autour de 1980 USD. Le pétrole est toujours sous pression, avec un Brent de Mer du Nord à 73,06 USD le baril et un brut léger américain WTI à 67,14 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans est un peu remonté à 3,48%. Le bitcoin évolue autour de 28 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Applus : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 8 EUR.
  • Balfour Beatty : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 400 à 425 GBp.
  • Banco Santander : JPMorgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 4,20 à 4,70 EUR.
  • Bechtle : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 51 à 53 EUR.
  • Bureau Veritas : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 28 à 30 EUR.
  • Grenke : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 50 à 40 EUR.
  • InterContinental Hotels : Redburn passe de neutre à vendre.
  • Intertek : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 4200 à 4300 GBp.
  • Investors House : Inderes passe de vendre à alléger en visant 5 EUR.
  • Nel : AlphaValue passe d'alléger à accumuler en visant 16,3 NOK.
  • Newron Pharma : Baader Helvea passe d'acheter à conserver en visant 7,20 CHF.
  • OHB : Oddo BHF démarre le suivi à neutre en visant 35 EUR.
  • SGS : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 2200 à 2000 CHF.
  • Synlab : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 9 EUR.
  • TI Fluid Systems : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 100 GBp.
  • Tod's : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 40 à 32 EUR. 
  • TotalEnergies : Morgan Stanley passe de pondération en ligne surpondérer en visant 64 EUR.
  • Varta : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 35 à 31 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • La Commission européenne approuve Dupixent de Sanofi dans l'UE pour la dermatite atopique chez l'enfant.
  • Pernod Ricard va prendre le contrôle de la marque américaine de whiskey Skrewball.
  • L'Oréal investit dans une entreprise de biotechnologie.
  • Sopra Steria va racheter Ordina sur la base d'un prix de 5,75 EUR par titre, hors dividende, soit 518 M€.
  • OVH a lancé son premier centre de données à Mumbai, en Inde, dans le cadre de son expansion dans la région Asie-Pacifique.
  • Obiz négocie le rachat d'une plateforme d'e-billetterie "leader dans son secteur".
  • CGG, TGS et BGP terminent la phase IV de l'étude multi-clients 3Dau large du Suriname.
  • Lhyfe devient l'actionnaire majoritaire du développeur de projets finlandais Flexens.
  • Madvertise lance une obligation de 3 M€ avec un coupon de 14%.
  • Lucibel signe un partenariat avec Studio ForeverYoung.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Streamwide, ABC Arbitrage, Crossject, Madvertise, Boiron, Afyren, Visiativ

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Partners Group : les résultats 2022 sont en baisse marquée, mais le dividende est relevé à 37 CHF.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les immatriculations de voitures neuves ont crû de 11,5% sur un an en février dans l'UE, annonce l'ACEA.
  • Amazon annonce la suppression de 9.000 emplois supplémentaires.
  • Volkswagen obtient 1,3 Md$ d'incitations publiques pour l'usine américaine de Scout Motors.
  • Thermo Fisher et Celltrion se disputent l'unité biopharmaceutique de Baxter, selon Reuters.
  • Stanley Black & Decker supprime des emplois et ferme des installations au Texas et en Caroline du Sud.
  • Keurig Dr Pepper réaffirme ses prévisions pour 2023.
  • Pearson accepte de vendre son unité en ligne à Regent.
  • S&P abaisse la notation crédit long terme d'UBS à "A-".
  • Moody's assigne la notation crédit long terme "Baa3" à Tesla, sortant le dossier de la catégorie spéculative.
  • Bed Bath & Beyond prévoit d'organiser une assemblée des actionnaires afin d'obtenir l'approbation d'un regroupement d'actions.
  • Deliveroo bloque une application tierce permettant aux livreurs de comparer leurs revenus entre les différentes plateformes.
  • Les principales publications du jour : Nike, Anta Sports, RWE, Partners Group, Tencent Music, Hella, KingfisherTout l'agenda ici.

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