Commençons par un retour sur la séance de vendredi dernier. L'un des avantages des indicateurs macroéconomiques, c'est qu'ils peuvent être interprétés de la façon qui arrange ceux qui les utilisent. Vendredi, les statistiques mensuelles de l'emploi aux Etats-Unis ont été un peu déroutantes, avec des créations de postes moins élevées que prévu et un taux de chômage qui est reparti en hausse. Alors qu'on vous rabâche les oreilles, moi y-compris, sur la vigueur de la reprise économique un peu partout dans le monde, et en Amérique plus qu'ailleurs. Première réaction, plutôt classique, le dollar a baissé face à l'euro et aux principales autres devises. Seconde réaction, moins intuitive, les indices de Wall Street ont tous gagné environ 0,7 % à la cloche vendredi. L'explication est assez simple : elle n'est pas vraiment économique mais purement financière. En effet, les investisseurs pensent que si les statistiques ne sont pas aussi solides que prévu, la banque centrale américaine continuera plus longtemps à irriguer l'économie, ce qui est profitable en marchés actions.

L'autre débat qui est né de cette curieuse statistique est vieux comme la querelle entre la Gauche et la Droite. Les opposants de Joe Biden accusent les largesses de l'administration démocrate de détourner les chômeurs du marché du travail. Cela les conforte aussi le camp républicain, bien sûr, dans son opposition à un nouveau plan de soutien, qu'il estime inutile. Le repolarisation de la politique américaine est en train de radicaliser les positions. Il me semble qu'au-delà des querelles politiques internes aux Etats-Unis, le plus gros enjeu du mandat de Joe Biden pour le reste du monde est celui de la fiscalité des entreprises, avec ses propositions de taux plancher mondial et son projet de relèvement des taux d'imposition dans son pays. Biden veut "s'assurer que les plus grandes entreprises ne paient pas zéro". Le chemin pour y parvenir sera bien plus semé d'embuches que celui de ses cent premiers jours de présidence.

Dans une allocution célèbre remontant à 1986, Ronald Reagan, jamais avare en formules hachant menu l'administration centrale, avait déclaré "les neuf mots les plus terrifiants de la langue anglaise sont : Je suis du gouvernement, je suis là pour aider". La citation illustre très bien la méfiance viscérale de la droite américaine vis-à-vis d'un Etat trop présent. Evidemment, c'est l'argent public qui a sauvé le secteur bancaire en 2008 ou qui a amorti le choc de la pandémie. Mais ces interventions sont jugées temporaires, même si les esprits taquins rétorqueront que le provisoire dure depuis plus de dix ans maintenant. En attendant, ça plane toujours pour les marchés actions, malgré les bouleversements fiscaux qui vont intervenir, ou plutôt qui pourraient intervenir puisque la révolution proposée est loin d'être acquise.

Comme chaque lundi, quelques informations qu'il ne fallait pas rater au cours des dernières 48h00 :

  • Au Royaume plus très uni, les indépendantistes écossais obtiennent la majorité absolue dans leur parlement et le travailliste Sadiq Khan conserve la mairie de Londres. Mais c'est l'arbre qui cache la forêt car le Labour a été puni un peu partout ailleurs. Pendant ce temps, les deux-tiers des adultes ont déjà reçu une dose outre-Manche.
  • Plus de 80% des entreprises cotées en bourse ont dévoilé leurs résultats trimestriels, avec des tendances très positives et un nombre record de relèvements d'objectifs.
  • Lundi 10 mai 2021, anniversaire des 40 ans de l'accession de François Mitterrand à la présidence de la république française.
  • Aux Etats-Unis, la cyberattaque visant un opérateur d'oléoducs désorganise la fourniture d'essence dans l'est du pays.
  • Encore une "Elonmuskerie" autour du désormais célèbre Dogecoin lors d'une émission télévisée. Sans commentaire.

Le CAC40 gagnait 0,15% à 6394 points peu après l'ouverture. Il n'y aura pas de statistiques importantes aujourd'hui. Les publications trimestrielles des valeurs moyennes vont prendre le pas sur celles des grosses capitalisations, qui sont en majorité achevées.

Les temps forts économiques du jour

Il n'y aura aucun indicateur majeur aujourd'hui.

L'euro est remonté à 1,2155 USD. L'or perd un peu de ses gains, à 1831 USD l'once. Le pétrole recule en direction des 65 USD le baril de Brent et des 68,50 USD le baril WTI. Le bitcoin gagne 2% à 59344 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Amadeus : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 66 EUR.
  • ArcelorMittal : Keybanc revalorise l'ADR de 33 à 37 USD.
  • Arkema : Citigroup relève son objectif de cours de 110 à 125 EUR.
  • Basler : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 115 à 135 EUR.
  • Berkeley : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 5400 GBp.
  • Ekopak : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 19,70 EUR.
  • Flutter : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif relevé de 17250 à 17450 GBp.
  • Galapagos : Jefferies reste à conserver avec un objectif relevé de 71 à 73 EUR.
  • Nokia : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer.
  • ISS : Goldman Sachs passe acheter à neutre en visant 150 DKK.
  • Rational : DZ Bank reste à la vente avec un objectif relevé de 480 à 520 EUR.
  • Siemens : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif relevé de 152 à 162 EUR.
  • Société Générale : AlphaValue passe d'accumuler à acheter en visant 33,40 EUR.

En France

Annonces importantes

  • Société Générale révèle sa stratégie moyen terme dans la Banque de Grande Clientèle et les Solutions Investisseurs.
  • Air Liquide, Air Products, Royal Dutch Shell et Exxon Mobil reçoivent 2,4 Mds$ de soutiens des autorités néerlandaises pour un vaste projet de stockage de carbone à Rotterdam.
  • L'Oréal prédit un rebond des ventes de maquillage avec la sortie de crise.
  • Capgemini va acquérir les services SAP du japonais Multibook.
  • Airbus a livré 170 appareils sur les quatre premiers mois de l'année.
  • Eiffage remporte un marché de près de 116 M€ en Allemagne.
  • Technip Energies remporte un grand contrat pétrochimique (montant compris entre 250 et 500 M€) auprès de Indian Oil Corporation pour une nouvelle usine PTA.
  • Les salariés d'Air France-KLM manifestent contre la fermeture des bases de province.
  • Remondis souhaite prendre jusqu'à 40% du "nouveau Suez".
  • bioMérieux annonce le marquage CE d'un nouveau test Covid.
  • Dans le cadre de son IPO sur le Nasdaq, Valneva lève 107,6 M$ après exercice de l'intégralité de l'option de surallocation.
  • CGG obtient un contrat pour le traitement d'une étude sismique fond de mer au brésil, commandé par Equinor.
  • Wavestone acquiert la practice conseil d’Everest Group aux Etats-Unis.
  • Rexel place 100 M€ d'obligations à 7 ans avec un coupon de 2,125 % avec des objectifs de développement durable.
  • Albioma a été victime d'une cyberattaque de type rançongiciel, qui n'a pas eu à ce stade d'impact sur l'activité.
  • Piscines Desjoyaux et Delfingen ont publié leurs comptes et/ou présenté leurs perspectives.

Dans le monde

Annonces importantes

  • Traton propose 70,68 EUR par action MAN Group pour un retrait de la coté, une prime de 27% sur le dernier cours coté de la société dont la filiale de Volkswagen détient déjà 94,36%.
  • Dans une émission télévisée, le patron de Tesla, Elon Musk, révèle qu'il est atteint de la maladie d'Asperger et ironise sur le Dogecoin.
  • Bruxelles ne renouvelle pas son contrat avec AstraZeneca.
  • Ford rappelle plus de 600 000 SUV Explorer aux Etats-Unis à cause d'un petit souci sur les rails de toit.
  • Star Entertainment propose un mariage à Crown Resorts. Pendant ce temps, Blackstone relève son offre sur la société à 12,35 AUD pièce.
  • Woolworths va scinder ses divisions boissons et hôtellerie (Endeavour) pour la faire coter.
  • Principales publications de résultats. Duke Energy, Air Products, Itochu, Marriott, BioNTech, Panasonic, Roblox, Traton, Carl Zeiss, Curaleaf

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