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Objectif d'une marge opérationnelle supérieure à 10% en 2030

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Pas encore d'accord avec Nissan, dont une participation dans l'entité électrique est toujours "à l'étude"

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Création d'un équipementier de moteurs thermiques avec Geely

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Retour d'un dividende après trois années sans

par Gilles Guillaume

PARIS, 8 novembre (Reuters) - Renault a annoncé mardi viser une accélération de sa marge opérationnelle au cours des prochaines années grâce à une stratégie dissociant l'électrique et le thermique et passant par de multiples partenariats pour compenser des capitaux limités.

Le groupe au losange, qui n'a pas encore trouvé d'accord avec son partenaire Nissan sur la question sensible du partage des technologies, compte atteindre une marge opérationnelle supérieure à 8% en 2025 et de plus de 10% en 2030, contre 3,6% en 2021 et au moins 5% attendu cette année.

Le constructeur automobile français va créer pour cela une entité électrique, dans laquelle une participation capitalistique de Nissan est toujours "à l'étude", et un équipementier spécialisé dans les motorisations thermiques, détenu à 50-50 avec le Chinois Geely.

"Le plan Renaulution est autofinancé mais sera accéléré par des financements externes et des partenariats pour permettre l'accès aux chaînes de valeur clés, pour stimuler la croissance et l'innovation, tout en réduisant le besoin en capital", a déclaré le directeur financier Thierry Piéton cité dans un communiqué.

Dans la course à l'électrification où s'est engagée l'industrie automobile, Renault reste en situation plus fragile que nombre de ses concurrents.

Le groupe, qui a renoué l'an dernier avec un bénéfice après deux années de pertes, affiche toujours par exemple une rentabilité très en deçà de la marge à deux chiffres de Stellantis.

Et le plan d'investissement de 26 milliards d'euros de l'alliance avec Nissan et Mitsubishi, qui plus est aujourd'hui à la croisée des chemins puisque des "améliorations structurelles" son toujours à l'étude, est inférieur de moitié à celui de Volkswagen.

"Nous avons l'intention de nous positionner plus rapidement et plus fort que la concurrence sur les nouvelles chaînes de valeur de l'automobile: véhicule électrique, software, nouvelles mobilités et économie circulaire", a ajouté dans le communiqué le directeur général Luca de Meo.

Il détaillera dans la matinée ses nouvelles ambitions devant les investisseurs et les journalistes à Paris, sur les bords de Seine.

UN MILLION DE VÉHICULES ÉLECTRIQUES EN 2031

Précurseur de la voiture à batterie avec Nissan la décennie précédente, Renault s'est vu supplanter par des nouveaux venus comme Tesla.

Il aimerait revenir dans la bataille grâce à sa nouvelle entité électrique Ampère, définie comme le "premier pure player électrique et software né de la disruption d'un constructeur automobile traditionnel". Cette activité, dont il conservera une forte majorité, produira environ un million de véhicules électriques pour la marque au losange en 2031, sera introduite en Bourse au plus tôt après l'été 2023 et accueillera des investisseurs stratégiques potentiels.

Outre Nissan, Renault a cité Qualcomm Technologies, un des deux géants de la tech - l'autre est Google - avec lesquels il a noué des partenariats approfondis pour rester dans la course de la R&D sur l'architecture électronique des véhicules.

Alors que sa sortie forcée du marché russe est venue s'ajouter à la fin de l'expansion géographique des années Carlos Ghosn, Renault espère doubler sa taille et sa couverture de marché grâce à la création de l'équipementier de motorisations thermiques Horse, qui compte déjà huit clients dont les marques du groupe.

En conjuguant ses technologies essence et hybrides avec celles de Geely, Renault vise pour la nouvelle entité un chiffre d'affaires de plus de 15 milliards d'euros avec un accès nouveau à l'Amérique du Nord et à la Chine.

Après un free cash flow opérationnel de l'automobile attendu à plus de 1,5 milliard d'euros cette année, Renault l'espère à plus de deux milliards par an en moyenne sur 2023-2025 et à plus de trois milliards sur les cinq années suivantes - dont 500 millions environ provenant chaque année de Mobilize Financial Services.

Après trois années sans dividende, Renault prévoit aussi de reprendre le versement d'un paiement aux actionnaires dès l'an prochain. (Gilles Guillaume, édité par Tangi Salaün)