"Les actionnaires devraient essayer de s'affranchir de la croyance selon laquelle les dividendes constituent la panacée dans des situations d'urgence", nous explique l'analyste Christian Kahler, qui s'appuie sur les valeurs allemandes pour les besoins de sa démonstration, mais pas seulement.
 
D'abord, souligne l'intéressé, les montants consacrés aux dividendes par les entreprises ne sont pas faibles. Il n'y a qu'à regarder le comportement des sociétés allemandes lors des quatre dernières récessions (1980/1983, 1990/1993, 2000/2003 et 2008/2010) : elles les ont sabrés en moyenne de 25% à chaque fois. Quand le prochain ralentissement se produira (et cela arrivera, bien sûr), elles devraient encore faire la même chose.
 
Ensuite, les coupons sont fiscalisés. En Allemagne, c'est au moins 26,9%. Il faut le garder à l'esprit quand vient le moment de comparer les stratégies. Pour cette raison notamment, les rachats d'actions sont supérieurs aux dividendes, surtout quand les entreprises qui les réalisent ne s'endettent pas. Certaines ont les rachats d'actions fermement ancrés dans l'ADN, rappelle DZ Bank, qui cite IBM, qui a racheté 60% de ses actions (!) au cours des 25 dernières années. Coca-Cola (27%) et American Express (25%) sont aussi bien positionnés dans ce domaine. Cette tradition reste toutefois plus anglosaxonne qu'européenne, elle est même embryonnaire en Allemagne.

In Memoriam
 
Autre problème avec les dividendes, leur produit est généralement réinvesti au prix du marché, même si celui-ci est trop élevé. Enfin, last but not least, un gros dividende n'est pas forcément une bonne affaire à long terme. Comment ça ? Christian Kahler en dit plus. Mieux vaut une société avec un avantage concurrentiel conséquent et un petit rendement qu'une société avec un gros rendement et peu d'avantage concurrentiel sur la durée. "Pour chaque société à succès à l'instant T, il y a un cimetière d'entreprise", ajoute-t-il. Par exemple, si Apple et Samsung dominent le marché du smartphone, c'est après avoir enterré Nokia, Siemens/BenQ, SonyEriccson, Blackberry/RIM, Alcatel, Archos, NEC, NTT Docomo, Sendo/Motorola, Trium/Mitsubishi, Grundig Mobile, Palm ou HP. Sur les 360 entreprises américaines qui généraient plus de 400 millions de dollars de bénéfice annuel en 1998, seules 95 sont toujours cotées en générant 500 millions de dollars au plus de profit (pour intégrer l'inflation). Les 265 autres ont soit fusionné, soit quitté la cote, soit disparu, soit affichent moins de profits qu'en 1998 (ajusté de l'inflation).
 
Conclusion ? Il ne faut pas se jeter aveuglément sur les gros rendements. Il faut aussi analyser le modèle économique et la concurrence de l'entreprise concernée. Quand un dossier clignote au vert sur les trois critères, il est censé apporter de sérieuses garanties. Malheureusement, DZ Bank n'a pas mis à jour sa liste baptisée "Aristocrates du Dividende", censée correspondre à ce cahier des charges. Mais Zonebourse reste à l'affût.