Et de cinq. Les actions françaises viennent de signer cinq séances consécutives dans le vert pour permettre au CAC40 de renouer avec la zone des 6300 points. Il s'agit grosso modo de la cinquième phase de rebond de l'année, après autant de séquences baissières. Comme les replis ont été plus importants que les hausses, le bilan 2022 reste négatif avec un -13% pour l'indice parisien, qui se comporte au final un chouia mieux que la moyenne des autres indices occidentaux. Le retour chronique de l'appétit pour le risque a aussi réduit les pertes des autres indices actions, notamment du S&P500 (-14,7% en 2022) ou du STOXX Europe 600 (-12,3%). Côté valeurs, on est beaucoup aller chercher de l'action à fort effet de levier. C'est caractéristique de ces phases : la spéculation part à fond la caisse sur les titres susceptibles de faire les plus fortes hausses en un laps de temps restreint. Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse, en somme.

Les marchés financiers sont ainsi faits que les investisseurs ont l'air de se regarder un peu en chiens de faïence quand des signes de retournement apparaissent, laissant aux aventuriers le soin de défricher le terrain. Mais dès qu'une série haussière a l'air de se dessiner, ils se bousculent au portillon pour éviter de rater le train en marche. C'est ce qui alimente tous ces rebonds de l'année 2022, dans un contexte macroéconomique franchement morose, accompagné d'une jauge de risques qui n'a jamais été aussi remplie au cours de la dernière décennie. Le dernier mouvement n'échappe pas à la règle, mais il s'abreuve à plusieurs sources. La réduction de la pression inflationniste, les efforts pour refroidir la surchauffe des prix énergétiques et, tout récemment, les succès de l'Ukraine contre la Russie. Je m'attarde un peu sur chaque point en démarrant par le dernier.

La perspective de valeureux ukrainiens boutant l'envahisseur soviétique russe hors des frontières du pays a pris du poids récemment avec la double contre-attaque qui a permis de reconquérir du terrain. On ignore pour le moment si tout cela est susceptible de conduire à une réelle victoire finale, mais ce qui semblait inenvisageable il y a six mois ne l'est plus et cela modifie forcément les perspectives d'évolution du conflit. En tout cas, cela ouvrirait la voie à une victoire des gentils contre les méchants, du moins au sens où nous l'entendons nous, en occident. Ce qui par ricochet rend l'avenir un peu moins anxiogène et joue sur la prime de risque.

Second point, la surchauffe des prix énergétiques. Les efforts déployés par les Européens pour éviter un cataclysme énergétique et social contribuent eux aussi à modérer les craintes. La chute des prix du gaz en est l'illustration. Là encore, rien n'est fait, mais le curseur de confiance évolue dans le bon sens. D'autant qu'en parallèle, le prix du baril a lui aussi reculé. Le Brent a perdu 22% en trois mois et 33% depuis ses pics du mois de mars, aux portes des 140 USD le baril. Ce qui ne nuit pas au sentiment général, loin de là, et me permet d'introduire mon troisième point.

Troisième point qui vient se télescoper avec l'actualité du jour : la pression inflationniste a tendance à se réduire, même si elle reste à haut niveau. Mais là aussi, le curseur a l'air d'évoluer dans le bon sens. En l'occurrence aux Etats-Unis où sera publiée à 14h30 la donnée sur les prix à la consommation du mois d'août. J'écrivais "a l'air" dans la phrase précédente parce que l'inflation sous-jacente, vous savez ce truc qui ne comprend pas les prix de l'énergie ni les prix alimentaires, devrait continuer à s'accentuer. Les économistes pensent qu'elle va augmenter entre juillet et août, ce qui porterait l'inflation sous-jacente (ou "core") annuelle à 6,1% contre 5,9% en juillet. En revanche la chute des cours pétroliers va permettre à l'inflation globale américaine de passer de 8,5% à 8,1%. Ça c'est pour les prévisions, en pratique, c'est donc à 14h30 que les choses se passent. Et comme d'habitude, le diable se cachera dans les détails, sauf si un gros décalage est constaté entre les anticipations des économistes et les chiffres publiés.

Les trois points précités ont des liens évidents entre eux. Si le sentiment s'améliore durablement sur le prix de l'énergie, il y a des possibilités de réaction en chaîne jusqu'à la politique monétaire, la mère de toutes les évolutions boursières de l'époque.

Dans le reste de l'actualité, de nouveaux affrontements ont éclaté entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Dans un tout autre registre, l'UE devrait annoncer mercredi des mesures pour alléger la pression sur les liquidités des énergéticiens européens, en jouant sur le niveau des garanties requises en contrepartie. Les publications d'entreprises sont clairsemées mais Oracle a annoncé la nuit dernière des trimestriels mi-figue, mi-raisin. Côté opérations financières, Schneider Electric pourrait consacrer plus de 4 Mds€ à racheter les minoritaires de sa filiale britannique Aveva, pendant que le fonds KKR jette l'éponge dans le dossier du rachat de l'australien Ramsay Health Care (la maison mère du français Ramsay Générale de Santé). Enfin, UBS a prévu de chouchouter ses actionnaires, creusant encore l'écart avec le Crédit Suisse.

Les marchés d'Asie Pacifique regardent à nouveau vers le haut. La marge est faible au Japon mais plus épaisse en Australie, en Inde et à Hong Kong, où les échanges ont repris après un jour férié. Le marché coréen est en vive hausse, après un long weekend là aussi. Le CAC40 gagnait 0,4% à l'ouverture à 6361 points.

Les temps forts économiques du jour

Les chiffres définitifs de l'inflation d'août en Allemagne sont attendus dès 8h00, avant à 11h00 le sondage ZEW du moral des financiers allemands. Aux Etats-Unis, c'est la première estimation de l'inflation d'août qui focalisera l'attention. Tout l'agenda macro ici.

L'euro a encore repris du terrain à 1,013 USD. L'once d'or a retrouvé les 1720 USD. Le pétrole recule ce matin, après son sursaut hier, avec un Brent de Mer du Nord à 93,71 USD le baril et un brut léger américain WTI à 87,62 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans vaire peu à 3,33%. Le bitcoin poursuit son ascension à 22 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Alcon : Société Générale reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 73,60 à 74,70 EUR.
  • Amplifon : Barclays démarre le suivi à surpondérer environ 31 EUR.
  • AP Moller Maersk : Berenberg reste à conserver avec un objectif réduit de 20 500 à 18 500 DKK.
  • Carl Zeiss : Berenberg reste à conserver avec un objectif réduit de 180 à 135 EUR.
  • Demant : Barclays démarre le suivi à souspondérer en visant 200 DKK.
  • Emmi : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 980 à 840 CHF.
  • Entain : HSBC passe de conserver à acheter en visant 1490 GBp.
  • EuroAPI : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif relevé de 20 à 22 EUR.
  • Eurofins : Société Générale passe de vendre à conserver en visant 73,30 EUR.
  • GN Store : Barclays démarre le suivi à pondération en ligne en visant 240 DKK.
  • Hennes & Mauritz : DNB Markets passe d'acheter à conserver en visant 125 SEK.
  • JCDecaux : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 25,50 à 20 EUR.
  • Meyer Burger : Credit Suisse reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 0,26 à 0,24 EUR.
  • Nestlé : Julius Bär reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 140 à 130 CHF.
  • Philips : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 21 EUR.
  • Piraeus Financial : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 2,20 EUR.
  • Racing Force : Midcap Partners démarre le suivi à l'achat en visant 6,10 EUR.
  • Saint-Gobain : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif réduit de 90 à 70 EUR.
  • Sika : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 214 CHF.
  • Sonova : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 330 CHF.
  • Volkswagen : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 188 EUR.
  • Zur Rose : Baader Helvea passe d'acheter à accumuler en visant 55 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Schneider Electric serait proche d'un accord pour prendre le contrôle total d'Aveva pour plus de 3000 GBp l'action, soit plus de 4 Mds€.
  • Les principales chaînes de supermarchés espagnoles, dont Carrefour, ont rejeté une proposition du gouvernement de geler temporairement les prix d'un panier de produits de base pour atténuer l'impact de l'inflation et ont demandé à la place une réduction des impôts.
  • Air Liquide cède ses activités Industriel Marchand en Arabie saoudite.
  • Nexans lance un programme de rachat d'actions.
  • OVH s'équipe de générateurs diesel pour pallier les éventuelles coupures de courant.
  • Esker automatise la gestion des commandes clients de Suntory Beverage & Food Spain.
  • Metavisio envisage de fusionner avec un SPAC coté sur le Nasdaq, sur la base d'une valorisation de 140 et 160 M$ pour la société cotée sur Euronext Growth.
  • Ekinops accompagne Netalis dans l’extension de ses services Ultra Haut Débit.
  • Spineguard et Omnia Medical s'allient dans la chirurgie du rachis de l'adulte aux Etats-Unis.
  • Artmarket ajoute le bitcoin et l'ethereum à ses données multidevises.
  • Pixium Vision implante un système Prima chez un patient en Italie dans le cadre de l'étude pivot européenne PRIMAvera.
  • Altheora inaugure une nouvelle usine.
  • Waga Energy lance un premier projet de biométhane en Colombie-Britannique (Canada).
  • Crossject réalise une étude non-clinique de facteurs humains soutenant l'efficacité d'utilisation de Zeneo Midazolam.
  • Geci International signe un contrat au Brésil dans les télécoms.
  • Linedata, Cogra, Damartex, Erytech, Séché et Groupe JAJ ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • KKR renonce à son offre à 14,5 Mds$ sur la société australienne Ramsay Health Care.
  • UBS va racheter plus de 5 Mds$ d'actions et va augmenter son dividende en 2022.
  • Oracle gagne 1,5% hors séance après ses résultats trimestriels.
  • Ocado abaisse ses prévisions dans un contexte de consommation difficile en Grande-Bretagne.
  • Le patron exécutif et cofondateur de Peloton, John Foley, démissionne.
  • Vedanta et Hon Hai Precision (Foxconn) ont signé un accord pour développer un projet de semiconducteurs de 20 Mds$ en Inde.
  • La SEC accuse VMware d'avoir trompé les investisseurs en occultant ses performances financières.
  • Intel revoit en baisse ses ambitions pour l'IPO de Mobileye et pourrait la retarder.
  • Leclanché propose de convertir de la dette en actions.
  • Le PDG de Deutsche Lufthansa estime que les prix des billets ne reviendront pas à leur niveau d'avant la pandémie.
  • L'action Nintendo bondit après le lancement record de "Splatoon".
  • La majorité des actionnaires de Twitter aurait voté en faveur de son rachat par Musk.
  • Barry Callebaut prévoit d'atteindre l'objectif de cacao durable d'ici 2025.
  • Cheniere Energy augmente ses rachats et ses prévisions de bénéfices.
  • Principales publications du jour : Meridian Energy, JD Sports Fashion, Ocado, Fraport, DFDS, SESA… Tout l'agenda ici.

Lectures