Au terme d'une séance un peu dingue, les indices américains ont donc terminé en vive hausse hier, les gains allant de 2,3% pour le Nasdaq 100 à 2,83% pour le Dow Jones. Le S&P 500 a repris 2,6% alors qu'il perdait 2,4% au début de la séance. Ce différentiel de 5% est apparemment à ranger dans les annales, selon les données que Bloomberg compile depuis 1990. La séance avait pourtant démarré de façon assez banale aux Etats-Unis, normale même serais-je tenté d'écrire : après la publication à 14h30 d'une inflation de septembre plus élevée que prévu, Wall Street s'est cassé la margoulette dans les premiers échanges. En effet, qui dit hausses de prix toujours hors de contrôle, dit poursuite de la politique agressive de remontée des taux de la Fed. Et qui dit poursuite de la politique agressive de remontée des taux de la Fed dit nouvelle réduction de la liquidité et risque de récession accru. La probabilité de voir la banque centrale donner un nouveau tour de vis de 75 points de base en novembre est passée de 85% à près de 100%. Et l'on recommence à entendre parler de la nécessité de monter à 100 points de base.

Mais les marchés ont choisi de jouer une autre partition, dans un de ces mouvements pour lequel personne n'a de réponse franche et indiscutable à avancer. Il y a les explications chartistes d'arrivée sur des supports graphiques. Il y a les justifications techniques avec des dénouements importants de positions vendeuses après la nouvelle phase de baisse des actions. Il y a des signaux algorithmiques avec le déclenchement d'achats automatiques au moment où le S&P500 a gommé 50% de ses gains post-pandémiques et où il a enfoncé le seuil des 3500 points. Il y a les arguments microéconomiques avec quelques résultats trimestriels d'entreprises moins dégradés que prévu. Il y a aussi des motifs plus nébuleux, comme le trop-plein de mauvaises nouvelles, le rebond un peu désespéré sans lendemain que les américains appellent "dead cat bounce" ou l'âge du capitaine, puisqu'il faut bien dire quelque chose.

Comme souvent, le mouvement est probablement dû à une somme d'événements qui s'empilent et s'alignent dans une direction commune. Il a sans aucun doute été accentué par certains investisseurs qui gardaient le doigt sur la gâchette en cherchant le point bas. Mais comme dirait Mamie Lucette, faites quand même un peu gaffe quand Atos gagne 5% à la clôture pendant que L'Oréal perd 2,5%.

Il y aura encore une radée de statistiques cet après-midi aux Etats-Unis, pour apporter de l'eau au moulin à prévisions : principalement les ventes de détail de septembre (14h30) puis l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan d'Octobre (16h00). Mais bon, je ne me risquerai pas à faire de pronostics au vu du comportement des indices hier. Les regards vont aussi se tourner vers la Chine, pas tant à cause des données macroéconomiques publiées cette nuit (une inflation en hausse mais sans surprise et des prix à la production qui se calment), mais plutôt parce que le parti communiste chinois ouvre son 20e congrès dimanche. Le PCC devrait reconduire Xi Jinping aux commandes pour un troisième mandat de 5 ans, même si le pays est confronté à un affaiblissement de sa dynamique économique inédit sur les dernières décennies.

Je dois aussi parler de la Grande-Bretagne ce matin, puisque si vous avez bien suivi l'actualité, c'est aujourd'hui qu'est censé prendre fin le programme de rachat de Gilts annoncé par la Banque d'Angleterre pour éviter des dégâts considérables pour le système financier de nos voisins. Les Gilts, c'est la dette publique de Sa Majesté et de ses sujets. Le bilan à l'aube du dernier jour est positif avec des obligations qui sont remontées et des taux qui se sont assagis (le marché obligataire est ainsi fait : quand le rendement monte, le prix de l'obligation baisse et vice-versa). Apparemment, le gouvernement Truss, qui avait fait dégoupiller les Gilts en annonçant un programme budgétaire à contre-courant de la sobriété voulue par la Banque d'Angleterre, pourrait revenir sur ses carottes fiscales. C'est en tout cas ce qui se murmure. Une annonce n'est pas impossible aujourd'hui, histoire de faire coïncider ça avec la fin des mesures de la banque centrale.

Sur le front des entreprises, la journée est dédiée aux résultats trimestriels de quelques pontes de Wall Street : JPMorgan Chase, Wells Fargo, Morgan Stanley et Citigroup. La force tranquille UnitedHealth complètera le tableau.

La semaine se termine en apothéose en Asie, avec des gains de plus de 3% pour le Nikkei 225 au Japon et le Hang Seng à Hong Kong, où les valeurs technologiques se rebiffent après avoir été laminées. La Corée (2,5%), l'Inde (1,7%) et l'Australie (1,7%) sont un poil moins expansives. Les indicateurs avancés occidentaux montrent que les investisseurs n'ont pas l'intention de consolider les gains de la veille : l'Europe va ouvrir en hausse et les Etats-Unis regardent encore vers le haut, même s'il peut se passer des choses d'ici l'ouverture de Wall Street à 15h30.

Les temps forts économiques du jour

Triptyque américain avec les ventes de détail de septembre (14h30) puis les stocks d'entreprises d'août et l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan d'Octobre (16h00). Tout l'agenda macro ici. L'inflation annuelle chinoise est ressortie à 2,8%, en ligne avec les attentes.

L'euro remonte à 0,9787 USD. L'once d'or varie peu à 1669 USD. Le pétrole a rebondi, avec un Brent de Mer du Nord à 94,34 USD le baril et un brut léger américain WTI à 88,95 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans reste proche de 3,93%. Le bitcoin remonte autour de 19 800 USD l'unité.

Les principaux changements de recommandations

  • AXA : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 31 à 30 EUR.
  • Boohoo : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 36 GBp.
  • EasyJet : Liberum reste à l'achat avec un objectif réduit de 460 à 430 GBp.
  • Feintool : Stifel démarre le suivi à l'achat en visant 30 CHF.
  • Flatexdegiro : Rich banque passe d'acheter à conserver en visant 11 EUR.
  • Givaudan : CFRA reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 3300 à 3000 CHF.
  • Glencore : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 690 à 660 GBp.
  • Haleon : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 340 à 280 GBp.
  • Hermès International : Goldman Sachs reste à vendre avec un objectif de cours relevé de 1150 à 1180 EUR.
  • Holcim : Goldman Sachs passe d'acheter à vendre en visant 38 CHF.
  • Hugo Boss : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 66,40 à 70 EUR.
  • Inficon : Research Partners reste à conserver avec un objectif réduit de 850 à 750 CHF.
  • Kering : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif relevé de 720 à 735 EUR.
  • NatWest : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 295 GBp.
  • Outokumpu : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 4,50 EUR.
  • Rexel : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 18 EUR.
  • Saint-Gobain : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 47 EUR.
  • Schindler : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 150 CHF.
  • Sika : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 376 à 305 CHF.
  • Swisscom : Goldman Sachs reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 475 à 450 CHF.
  • Temenos : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 74 à 55 CHF.

En France

Résultats d'entreprise

  • La Française des Jeux : le groupe relève ses objectifs annuels après une hausse de son chiffre d'affaires au T3.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Plainte contre TotalEnergies pour complicité de crime de guerre en Ukraine, selon Le Monde. Dans le volet négociations salariales, le groupe aurait obtenu le soutien de deux syndicats mais pas celui de la CGT.
  • Pernod Ricard va "significativement" accroître sa participation dans Sovereign Brands.
  • Danone prend une grosse dépréciation sur son activité russe.
  • Vinci a fait état d'un trafic passagers dans ses aéroports en hausse de 85% au troisième trimestre par rapport à la même période il y a un an.
  • Fiat Chrysler (Stellantis) a été condamnée à payer 5,6 M$ pour mettre fin à une enquête californienne sur des violations de la réglementation sur la qualité de l'air.
  • Voltalia met en service sa plus grande centrale solaire.
  • Projet de fusion entre Makheia et NetMedia.
  • Manutan, Econocom, Obiz, Wallix, NHOA, Agripower, Claranova, Intrasense ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Résultats d'entreprises

  • TomTom : Le groupe relève ses prévisions après un bon T3.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures