Le contexte : les OPA dopent les petites valeurs

Sur le mois de juillet, les petites capitalisations ont surperformé, en France (CAC Small +1% vs -3% pour le CAC 40) comme en Europe (MSCI EMU Small Cap +0.4% vs MSCI EMU -1.4%). Malgré une résurgence des tensions entre la Chine et les Etats-Unis et le retour des craintes autour d’une deuxième vague de la Covid-19, les mesures de soutien budgétaire des différents gouvernements européens, combinées à une reprise des indicateurs économiques et à des résultats moins mauvais que prévus, ont soutenu le marché.

Les opérations financières n’ont pas attendu la rentrée, de nombreuses OPA ayant été lancées, généralement par des fonds de capital investissement qui voient dans les PME et ETI cotées des opportunités d’investissement à bon compte, souvent aux côtés d’un management restant en place, avec ou sans la perspective de sortir de Bourse.

Ces OPA ont donné un coup de pouce aux petites valeurs françaises ces dernières semaines face à un CAC 40 à la traîne par rapport aux grands indices mondiaux, Nasdaq 100 en tête.

Evolution des indices petites(noir), moyennes(vert) et grandes (orange) valeurs françaises depuis le 1er janvier 2020

Mais globalement, la taille des capitalisations a peu d’impact sur l’évolution des valeurs depuis le début de l’année, dans la baisse comme dans la hausse. La discrimination se fait plutôt secteur par secteur, selon le profil de croissance et la résilience des revenus face à la crise sanitaire. Les PER s’écartent de plus en plus entre les valeurs aimées et mal-aimées.

Si l’on devait comparer la valorisation des sociétés selon leur taille, exercice quelque peu délicat, il semble que la prime à la taille ait pris le dessus sur la prime à la croissance des résultats qui favorise généralement les petites valeurs. Les ratios de valeurs d’entreprise rapportées aux résultats d’exploitation prévisionnels communiqués par Portzamparc ci-dessous en témoignent.

Source : Portzamparc

Le graphique suivant montre que sur les 5 dernières années, horizon classique pour juger de la performance des entreprises cotées, la performance est nulle pour les grandes comme les petites valeurs alors que les capitalisations intermédiaires se distinguent.

Evolution des indices petites(noir), moyennes(vert) et grandes (orange) valeurs françaises depuis le 1er janvier 2020 sur 5 ans

Enfin, sur les 10 dernières années, les petites et moyennes valeurs restent en territoire positif avec une nette surperformance des valeurs moyennes (indice Mid 60 en vert ci-dessous) et dans une moindre mesure des petites valeurs (en noir) sur les grandes (CAC 40 en orange).

Evolution des indices petites(noir), moyennes(vert) et grandes (orange) valeurs françaises depuis le 1er janvier 2020 sur 10 ans

 Dans ce contexte de léger rebond, le solde entre les fonds qui collectent et ceux qui décollectent est quasi-nul ces dernières semaines/mois.

Source : Portzamparc

Revue des meilleurs fonds Small Caps à la fin du mois dernier   

(Source : Quantalys, reporting mensuel des sociétés de gestion)

Le contexte étant dressé, venons-en aux mouvements de nos fonds vedette à travers notre tableau synthétique.

De façon générale, nous remarquons :

  • Une nette surperformance de la sélection depuis le début de l’année avec une performance moyenne à -2,4%. La baisse maximum est de -13% et plusieurs fonds sont dans le vert à fin juillet. Le stock-picking, le biais croissance, l’allocation sectorielle et géographique, ainsi que la capacité la gestion du taux d’investissement expliquent la différence. Par ailleurs, nombreux sont les fonds de la sélection qui étaient positionnés sur les valeurs françaises ayant fait l’objet d’OPA ces dernières semaines, à l’instar de Devoteam, Microwave Vision, Amplitude Surgical, Medicrea, Groupe Open, Easyvista ou encore Envea.
  • La plupart des fonds de la sélection sont surpondérés en valeurs IT/Santé qui pèsent pour plus de 50%, et en valeurs de croissance en général.
  • Les taux d’investissement sont hétérogènes, certains fonds étant 100% investis, alors que d’autres sont prudents avec une quinzaine de % de cash.

De façon plus particulière, nous notons que :

  • Comme le souligne le gérant Kirao Smallcaps, le secteur des services informatiques a fait preuve d’une "activité très résistante au deuxième trimestre. Le télétravail a permis d'assurer une continuité de l'activité et les coûts ont été rapidement adaptés à la situation. La demande structurelle reste forte et les valorisations très raisonnables. Les OPAs initiées par les dirigeants et principaux actionnaires de Devoteam et Groupe Open viennent le confirmer ».
    Le fonds en profite à travers d’autres acteurs du secteur comme « Econocom (+31%), Aubay (+19%), Neurones (+16%), Infotel (+10%). Dans le même secteur, Sopra (+15%) réalise une publication de grande qualité et, de par sa pondération, contribue très fortement à la performance du fonds. Tout comme IGE+XAO dont les synergies commerciales avec son actionnaire principal Schneider Electric commencent à se matérialiser ».
    Prolongeant son analyse sectorielle, Saad Benlamine note une « grande résilience également dans la santé animale avec les publications de Virbac et Vetoquinol. Enfin, dans les secteurs des médias ou de la distribution non alimentaire, les attentes étaient très faibles et les surprises positives ont été nombreuses. La publication de Maisons du Monde par exemple, à l'image de celle du groupe Fnac Darty, démontre que les distributeurs qui ont un modèle omni-canal efficace ont gagné de précieuses parts de marché durant cette crise".
  • Les sociétés de logiciels et d’énergies renouvelables ont plus que jamais les faveurs des gestions stars avec des entrées et renforts sur Streamwide, Solarpack, 7C Solarpaken, Lectra, Verimatrix, Easyvista, Energisme (IPO à Paris dans le secteur des logiciels à impact environnemental), Axway, etc.
  • Le consensus est d’ailleurs assez incroyable sur Esker qui figure dans le Top 5 des positions de la moitié des fonds de la sélection. Signalons néanmoins des prises de bénéfices sur cet éditeur de logiciels français de la part de deux fonds.

Pour terminer, voici quelques informations complémentaires sur la dizaine de fonds de petites valeurs sélectionnés.

Les fonds ont été sélectionnés selon leur performance sur longue période (nous avons retenu une durée de 5 ans, durée généralement retenue pour l’investissement dans les fonds actions) et leur forte pondération en valeurs françaises capitalisant moins d’un milliard d’euros (minimum 20% du fonds).

On y remarque que le style de gestion "croissance" ou "growth" domine largement la sélection et que le nombre de titres en portefeuille varie facilement du simple (40 valeurs) au double (80 valeurs).

Vous pouvez retrouver ici l'interview d'Augustin Bloch-Lainé, d'Amplegest PME, notre gérant du mois

GLOSSAIRE : LES STYLES DE GESTION

Le style de Gestion "Croissance" ou "Growth" privilégie les valeurs de croissance. Ces valeurs sont choisies pour leur fort potentiel de développement, en mettant au second plan leur valorisation boursière au regard du chiffre d’affaires et des résultats actuellement réalisés. Ces sociétés sont en effet souvent populaires et chères car leurs perspectives sont élevées et leur valorisation anticipe une poursuite de la croissance des bénéfices. Les plus belles valeurs de croissance sauront croitre par-delà les cycles et prendre régulièrement des parts de marché par croissance organique ou externe.

Secteurs surreprésentés : la technologie, la santé. Ex. de valeur de croissance : Eurofins, Orpéa, Interparfums …Typiquement, leur PER dépasse les 20x.

Le style de Gestion "Valeur" ou "Value" privilégie les valeurs décotées, mal valorisées, et souvent mal-aimées. Les gérants se focalisent alors sur les chiffres publiés, plus rassurants que des prévisionnels incertains par nature. Les valeurs de croissance sauront croitre par-delà les cycles et prendre des parts de marché par croissance organique ou externe.

Secteurs surreprésentés : les valeurs cycliques, l’automobile, les bancaires, la construction. Ex. de valeur : Quadient, Hexaôm, Plastiques du Val-de-Loire, ALD, Ipsos … Typiquement, leur PER est inférieur à 10x.

Le style de Gestion "GARP" ou Growth At Reasonable Price ou Croissance à prix raisonnable, cherche à trouver un juste milieu entre les deux, à dénicher des valeurs de croissance certes, mais pas à n’importe quel prix.

Ex. de valeur : Figeac Aéro, SII, Vétoquinol … Typiquement, leur PER se situe entre 10x et 20x.

Finissons par une citation de Warren Buffet : "Mieux vaut acheter une entreprise extraordinaire à un prix ordinaire qu’une entreprise ordinaire à un prix extraordinaire."