Le contexte : Covid or not-Covid ?

Fin octobre, la soudaine résurgence des contaminations et des hospitalisations a contraint la plupart des pays européens à reconduire une politique de confinement, provoquant une baisse des marchés en fin de mois. « Ce nouveau confinement apparaît à la fois moins contraignant permettant à l’économie de fonctionner en partie mais accentue l’idée de ‘stop and go’ permanent pendant encore plusieurs mois, réduisant les perspectives de reprise du cycle. » note-t-on à la Financière Arbevel dans le reporting de la situation à fin octobre.

Début novembre, l’issue des élections américaines et l’espoir d’un vaccin contre la Covid ont redonné aux investisseurs l’envie de venir prendre du risque en Bourse et les plafonds de l’été ont été franchis.

Evolution des indices actions français par taille de capitalisation depuis le 1er janvier 2020

Evolution des indices actions français par taille de capitalisation depuis le 1er janvier 2020

Les petites et grandes capitalisations françaises évoluent globalement à l’unisson depuis le début de la crise sanitaire. La discrimination tient, actuellement, plus à l’appartenance sectorielle et à la sensibilité aux mesures sanitaires. Les primes et décotes Covid dans les cours des différents titres/secteurs se sont d’ailleurs révélées au grand jour après l’annonce du 9/11/2020 d’une piste sérieuse de vaccin contre la Covid.

Le graphique suivant montre que sur les 5 dernières années, horizon classique pour juger de la performance des entreprises cotées, la performance est légèrement positive toutes capitalisations confondues, avec une sous performance des petites valeurs sur deux ans.

Evolution des indices actions français par taille de capitalisation depuis 5 ans

Evolution des indices actions français par taille de capitalisation depuis 5 ans

Concernant l’évolution des encours des fonds liés à la collecte/décollecte, l’embellie des dernières semaines reste fragile (source Portzamparc).

L'embellie des dernières semaines reste fragile.

Revue des meilleurs fonds Small Caps à la fin du mois dernier (cliquer pour agrandir) 

Revue des meilleurs fonds Small Caps à la fin du mois dernier

(Source : Quantalys, reporting mensuel des sociétés de gestion)

Le contexte étant dressé, venons-en aux mouvements de nos fonds vedette à travers notre tableau synthétique. De façon générale, nous remarquons :

  • Une nette surperformance de la sélection depuis le début de l’année - à fin octobre - avec une performance moyenne à +2.6% avec certains fonds tout proches de leur plus haut historique. Les performances vont de -4% à +10% sur 2020 - à fin octobre- contre un indice des CAC Small 90 à -13%. Le stock-picking, le biais croissance, l’allocation sectorielle et géographique, ainsi que la capacité la gestion du taux d’investissement expliquent la différence. Les gérants sont globalement restés sous-pondérés sur les valeurs directement et essentiellement positionnées sur les marchés autour de la crise sanitaires : tests, fournitures de barrières sanitaires, etc.
  • Les tous meilleurs fonds concentrent 60 à 85% de leur portefeuille sur 3 secteurs : IT, Santé et Industries.
  • Les taux d’investissement restent très élevés et les positions cycliques légèrement renforcées.

De façon plus particulière, nous notons que :

  • L’équipe de gestion d’Echiquier Entrepreneurs, fonds le plus doté de la sélection (586 M€), a ajusté ses pondérations compte tenu de la valorisation de certains dossiers. "Nous allégeons le poids des sociétés qui ont connu un excellent parcours depuis le début d’année mais dont la valorisation nous parait élevée à l’image d’Addlife, d’Albioma et de Neoen" indiquent les gérants, qui gardent ces trois valeurs dans leur Top 10. En contrepartie, le fonds a réduit sa poche de cash de 15% à 9% ces derniers mois "pour se positionner sur des valeurs au profil défensif dont la valorisation nous parait raisonnable". Après Boiron, c’est au tour de  "Viscofan, société espagnole dans laquelle nous avons récemment initié une position, en  est  un  parfait  exemple. Viscofan est  le  leader  mondial  des  emballages  en  cellulose  et  collagène  pour l'industrie  agro-alimentaire.  Son  marché  sous-jacent  est  résilient  et  bénéficie  même  des  mesures de confinement qui poussent les ménages à accroitre leurs dépenses alimentaires. Nous pensons que la société exécute parfaitement sa stratégie de gain de parts de marché dans un environnement concurrentiel favorable, face à des acteurs plus endettés et moins efficients au niveau opérationnel. La valorisation, à 11x l’EBITDA de 2021, nous parait attractive au vu de la qualité des fondamentaux du groupe".
  • Nova Europe ISR a profité de la performance de son investissement réalisé en septembre sur Novacyt, le spécialiste franco-britannique des diagnostics. Le titre, qui a gagné 93% en octobre, "continue de profiter d'une demande forte des laboratoires. La société a racheté son fournisseur IT-IS afin de mieux gérer la chaine de valeur sur les tests PCR". En octobre, le fonds a "allégé les positions du portefeuille dont la visibilité pour les prochains trimestres était réduite (KPS, Datalogic) au profit de sociétés dont le momentum de croissance ne se dément pas comme Focus Home Interactive (société française de jeux vidéo) et Sedana Medical (société suédoise fabriquant des produits pour l'anesthésie).
  • Raymond James Microcaps, un des fonds qui descend les plus bas en termes de capitalisations boursière, sort des sentiers battus en investissant dans Eurogerm "qui a publié d'excellents résultats au premier semestre 2020 et affiche de bonnes perspectives. Malgré la crise sanitaire, la société enregistre un chiffre d'affaires en croissance organique de +4,2%, le groupe a bien résisté durant la pandémie, en particulier dans les pays émergeants comme le Brésil, le Moyen-Orient et l'Afrique, où il a gagné des parts de marché". Reste à voir comment la société limitera l'impact de la chute de la plupart des devises émergentes… Les gérants ont également renforcé leurs positions dans de toutes petites capitalisations comme Clasquin qui fait preuve de résilience à la crise, tout comme Precia. A l’inverse, Groupe Guillin et Sidetrade. L’éditeur de logiciel a beaucoup progressé et reste la 4e position du fonds. Les gérants consacrent tout un paragraphe à cette nouvelle chouchoute des gérants dans le monde du logiciel, après Esker et Pharmagest.
  • En effet, Sidetrade a été initiée par Tiepolo PME (vendeur dans le même secteur de Easyvista qui a fait l’objet d’une offre publique) et par Pluvalca Initiatives PME. "Sidetrade poursuit sa dynamique de croissance soutenue et dont la valorisation ne reflète pas encore totalement les perspectives de croissance" notent les gérants de ce fonds précité. Ce fonds a également réintroduit Fountaine Pajot dans le portefeuille car sa "valorisation semble suffisamment acter d’un contexte compliqué pour la clientèle ‘Loueurs’ alors que la clientèle ‘Particuliers’ semble résister mieux que prévu" (même commentaire chez Amplegest PME qui rappelle que les loueurs ne représentent que 30% de la clientèle). Enfin, le fonds a participé à l’augmentation de capital de McPhy "permettant de financer une gigafactory afin de répondre au marché de l’hydrogène vert en plein essor".

Pour terminer, voici quelques informations complémentaires sur la dizaine de fonds de petites valeurs sélectionnés.

Quelques informations complémentaires sur la dizaine de fonds de petites valeurs sélectionnés

Retrouver également notre entretien avec le gérant star du mois, Aymeric Lang chez Erasmus

Les fonds ont été sélectionnés selon leur performance sur longue période (nous avons retenu une durée de 5 ans, durée généralement retenue pour l’investissement dans les fonds actions) et leur forte pondération en valeurs françaises capitalisant moins d’un milliard d’euros (minimum 20% du fonds). 

On y remarque que le style de gestion "croissance" ou "growth" domine largement la sélection et que le nombre de titres en portefeuille varie facilement du simple (40 valeurs) au double (80 valeurs).


GLOSSAIRE : LES STYLES DE GESTION

  • Le style de Gestion "Croissance" ou "Growth" privilégie les valeurs de croissance. Ces valeurs sont choisies pour leur fort potentiel de développement, en mettant au second plan leur valorisation boursière au regard du chiffre d’affaires et des résultats actuellement réalisés. Ces sociétés sont en effet souvent populaires et chères car leurs perspectives sont élevées et leur valorisation anticipe une poursuite de la croissance des bénéfices. Les plus belles valeurs de croissance sauront croitre par-delà les cycles et prendre régulièrement des parts de marché par croissance organique ou externe. Secteurs surreprésentés : la technologie, la santé. Ex. de valeur de croissance : Eurofins, Orpéa, Esker, Solutions 30…Typiquement, leur PER dépasse les 20x.
  • Le style de Gestion "Valeur" ou "Value" privilégie les valeurs décotées, mal valorisées, et souvent mal-aimées. Les gérants se focalisent alors sur les chiffres publiés, plus rassurants que des prévisionnels incertains par nature. Les valeurs de croissance sauront croitre par-delà les cycles et prendre des parts de marché par croissance organique ou externe. Secteurs surreprésentés : les valeurs cycliques, l’automobile, les bancaires, la construction. Ex. de valeur : Quadient, Hexaôm, Plastiques du Val-de-Loire, ALD, NRJ Group… Typiquement, leur PER est inférieur à 10x.
  • Le style de Gestion "GARP" ou Growth At Reasonable Price ou Croissance à prix raisonnable, cherche à trouver un juste milieu entre les deux, à dénicher des valeurs de croissance certes, mais pas à n’importe quel prix. Ex. de valeur : Alten, Delta Plus, Oeneo, Vétoquinol … Typiquement, leur PER se situe entre 10x et 20x.

Finissons par une citation de Warren Buffet : "Mieux vaut acheter une entreprise extraordinaire à un prix ordinaire qu’une entreprise ordinaire à un prix extraordinaire."