Wall Street a aussi repris de l'altitude, grâce à la force de traction de ses poids-lourds. Deux phénomènes convergents ont permis aux indices américains de reprendre entre 1,5 et 2%. D'abord la "surprise du chef", le relèvement des prévisions de JPMorgan Chase lors d'une journée investisseurs. La première banque américaine a expliqué qu'elle allait profiter de revenus nets d'intérêts plus élevés que prévu, tout en maintenant un niveau de rentabilité de ses capitaux très solide. L'action a terminé en hausse de 6,2% en entraînant dans son sillage tout le secteur bancaire, en particulier Goldman Sachs, la seconde plus grosse pondération du Dow Jones. Je rappelle que le plus vieil indice américain fonctionne sur un principe désuet qui consiste à prendre en compte le prix d'une action et pas sa capitalisation boursière. Ainsi Goldman Sachs qui cote 316 USD pour une capitalisation de 100 milliards de dollars pèse 2,2 fois plus qu'Apple alors que la marque à la pomme capitalise 2 226 milliards de dollars, soit 22 fois plus. C'est parce que l'action Apple ne vaut que 143 USD. Le Dow Jones a gagné près de 2% en clôture.

Les valeurs technologiques, Apple justement (+4%) n'ont pas été en reste. Avec Microsoft (+2,3%), elles ont permis au Nasdaq 100 de gagner 1,68%. L'indice technologique a donc moins progressé que le vieux Dow Jones. C'est essentiellement parce que les investisseurs boudent toujours une partie des actions jugées trop risquées : pourquoi acheter du Roku quand on peut avoir de l'Apple à moins de 25 fois les bénéfices ? Post-clôture aux Etats-Unis, le cœur des marchés balance entre les mauvais résultats de Snap (dont le titre coule de 31% hors-séance) et les bons de Zoom Video Communications (+4%).

Le curieux attelage banques / grosses technologiques a pris le pas sur les tensions nées des déclarations de Joe Biden sur le soutien militaire des Etats-Unis à Taiwan dans l'éventualité où la Chine passerait à l'offensive. Les médias américains n'hésitent pas à parler d'une gaffe de leur président. La Maison Blanche a rétropédalé par la suite en soulignant que Biden parlait d'un soutien du type de celui apporté à l'Ukraine. C'est Pékin qui doit bien s'amuser des circonvolutions occidentales.

Enfin s'amuser c'est vite dit, parce que le parti communiste chinois doit faire face à une situation économique compliquée par les confinements décidés dans le cadre de la politique zéro-covid. Pour y répondre, une série de mesures ont été annoncées cette nuit, notamment des crédits d'impôt, des facilités de paiement aux organismes de prévoyance et des plans d'investissement. Les investisseurs continuent à se demander pourquoi Pékin se contente de petites annonces successives au lieu d'un bon gros paquet de relance, mais ils savent se contenter de peu en ce moment. On reste malgré tout dans le paradoxe absolu et permanent de financiers qui réclament à corps et à cris moins de régulation mais qui quémandent l'assistance publique dès que ça tangue un peu.

Sur la séance du jour, il faudra suivre les indicateurs PMI des grandes économies, pour voir si l'inflation et les nouvelles économiques anxiogènes qui pullulent dans nos médias pèsent sur le moral des directeurs d'achats dans les entreprises, et dans quelle proportion. La statistique publiée à 16h00 aux Etats-Unis sur l'immobilier neuf permettra de constater si les tours de vis monétaires qui ont démarré aux Etats-Unis ont un impact sur ce marché. En soirée, le patron de la Fed Jerome Powell et la cheffe de la BCE Christine Lagarde doivent prononcer des discours lors d'événements distincts. Si l'on sait désormais à peu près ce que la banque centrale américaine a derrière la tête, les projecteurs risquent de se braquer sur Lagarde et sur les choix décisifs qui seront faits dans les semaines à venir en Europe en matière de taux et de réduction du programme de rachat d'actifs. Au vu de la multiplication des petites piques lancées dans le landernau monétaire européen dernièrement, on sent bien que les positions sont à couteau tiré au sein de l'institution, ce qui n'aide pas vraiment à améliorer la visibilité sur les décisions.

L'ambiance du matin, et vous m'excuserez pour cette description triviale, c'est Snap versus la Chine. L'entreprise technologique américaine a publié des perspectives très médiocres après la clôture, qui ont fait valdinguer l'action en baisse de 30% et qui ont pesé sur les indicateurs avancés US. En face et j'en parlais un peu avant, les investisseurs voient d'un bon œil les mesures de soutien annoncées par Pékin. Dans un monde normal, ces deux informations ne devraient pas avoir le même poids. Mais sur les marchés actions version moderne, ce peut être le cas, au moins brièvement. Par conséquent, les places boursières d'Asie-Pacifique sont en repli ce matin. Le CAC40 perdait 1,17% à 6284 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Retour des indices PMI – qui mesurent l'optimisme des directeurs d'achats, pour la fournée de mai pour les principales économies. Aux Etats-Unis, il y aura en plus l'indice de la Fed de Richmond et les chiffres de l'immobilier neuf (16h00). Jerome Powell et Christine Lagarde doivent prononcer des discours lors de deux événements distincts, mais cela aura lieu après la clôture européenne. Tout l'agenda macro ici.

L'euro poursuit son ascension à 1,0673 USD. L'once d'or se stabilise autour de 1854 USD. Le pétrole reste ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 112,72 USD le baril et un brut léger américain WTI à 109,70 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans s'établit à 2,83%, presque inchangé. Le bitcoin s'échange autour de 29 250 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABN Amro : Berenberg reste à la vente avec un objectif de réduit de 10 à 9,50 EUR.
  • Commerzbank : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 9 EUR.
  • Compagnie Financière Richemont : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 140 à 125 CHF. Banque of America reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 175 à 170 CHF.
  • Dätwyler : Credit Suisse passe de surperformance à neutre en visant 249 CHF.
  • Deutsche EuroShop : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 22,50 EUR.
  • Fortum : Berenberg reste à la charge avec un objectif de cours réduit de 30 à 21,50 EUR.
  • Glencore : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 480 à 500 GBp.
  • Hellenic Petroleum : AlphaValue passe d'alléger à accumuler en visant 8,32 EUR.
  • Idorsia : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 25 à 33 CHF.
  • Kingfisher : Société Générale passe de vendre à conserver en visant 271 GBp.
  • Moonpig : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 410 à 430 GBp.
  • Mowi : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 235 à 245 NOK.
  • Prosus : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 54,90 EUR.
  • Scor : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 28,50 à 26,50 EUR.
  • SFS : UBS passe d'acheter à conserver en visant 115 CHF.
  • Uniper : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 32 à 24 EUR.
  • Vesuvius : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 600 à 480 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Des retards de production frappent CFM (Safran / General Electric), impactant Airbus, selon Reuters.
  • Stellantis et Samsung SDI vont construire une nouvelle usine de batteries en JV dans l'Indiana.
  • Le nom du prochain directeur général de la Société Générale sera annoncé à l'automne.
  • TotalEnergies signe un contrat de vente de GNL avec l'entreprise coréenne Hanwha Corporation.
  • Thales Alenia Space, partenaire d'OHB System, franchit un jalon majeur dans le développement des satellites Copernicus CO2M.
  • Air France-KLM lance une augmentation de capital de 2,3 Mds€ soutenue par la France, les Pays-Bas et CMA CGM.
  • Elogen (Gaztransport & Technigaz) et HIFraser unissent leurs forces pour la production d'hydrogène vert en Australie & Nouvelle-Zélande.
  • Visiativ se renforce en Allemagne.
  • Esker renforce son partenariat avec Grant Thornton France.
  • Uniti lève 8 M€ dans le cadre de son augmentation de capital à 2,85 EUR l'action.
  • Gour Medical a publié ses comptes.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Snap : l'action coule de 31% post-séance après des trimestriels décevants.
  • Zoom Video : l'action bondit de 17% hors séance après des trimestriels meilleurs que prévu.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Broadcom pourrait payer environ 140 USD par action pour VMWare, selon le Wall Street Journal.
  • Samsung va investir 356 Mds$ sur cinq ans dans des secteurs stratégiques comme les semiconducteurs ou les biotechnologies.
  • La division "Health Science" de Nestlé rachète le fabricant brésilien d'aliments biologiques, naturels et à base de plantes Puravida.
  • Au Brésil, Bolsonaro a limogé un 3e patron de Petrobras en un an. José Mauro Coelho a été nommé il y a seulement 40 jours.
  • Selon CNBC, Airbnb devrait cesser son activité en Chine continentale.
  • Rakuten veut faire coter Rakuten Securities en bourse.
  • Roche conclut un partenariat avec la biotech Kalivir Immunotherapeutics.
  • Starbucks quitte la Russie.
  • Dufry prolonge la concession avec l'aéroport d'Heathrow.
  • Deutsche Lufthansa et MSC seraient en tête de la course à l'offre pour la compagnie italienne ITA Airways.
  • Aegon va céder à Unicaja ses 50% dans sa coentreprise avec Liberbank.
  • Toyota va réduire son plan de production mondial de 100 000 unités en juin.
  • Dexcom a des vues sur Insulet, selon Bloomberg.
  • Medmix poursuit le recours contre la fermeture de son site polonais.
  • Calida boucle le rachat de Cosabella.
  • Klarna va licencier environ 10% de ses 7000 employés, a rapporté lundi le quotidien économique suédois Dagens Industri.
  • Principales publications de résultats du jour : Intuit, Netease, Agilent, Adevinta, Ralph Lauren, CTS Eventim, DerichebourgTout l'agenda ici.

Lectures