En préambule, je vous recommande de vous méfier des 24 août, qui sont des journées manifestement agitées. En faisant quelques recherches préparatoires ce matin, j'ai pu constater que le sac de Rome par les wisigoths en 410 ou le massacre de la Saint-Barthélemy en France en 1572 ont eu lieu un 24 août. Par une certaine ironie de l'histoire, c'est aussi la date de l'indépendance de l'Ukraine du bloc soviétique en 1991 et celle de l'entrée en vigueur du traité créant l'OTAN en 1949. Pour en finir avec les informations qui n'ont rien à voir avec ce que vous êtes venus chercher ici ce matin, c'est aussi un 24 août que la France a fait exploser sa première bombe H dans le Pacifique (1968) et que Pluton s'est fait expulser de la liste des planètes du système solaire (2006), deux événements qui n'ont a priori aucun rapport.

Comme promis avant que je m'égare, quelques mots du panorama macroéconomique de la veille, qui était aussi gai qu'un lundi soir de novembre dans une ville de fond de vallée alpine (coucou Laurent Pignot). Les indicateurs PMI d'août d'abord, qui consistent à demander aux directeurs d'achats des entreprises représentatives d'un pays s'ils sont plus ou moins à l'aise avec leurs dépenses que le mois d'avant. Un indice sous la barre des 50 points signale une phase de contraction économique. S'il est au-dessus, c'est une expansion. Et plus on s'éloigne du 50 dans un sens ou dans l'autre, plus la tendance est forte. Le bilan d'août est que l'industrie européenne est en contraction, avec une indicateur particulièrement catastrophique au Royaume-Uni, où tout à l'air de se dérégler en ce moment. Aux Etats-Unis, c'est l'indicateur PMI des services qui a flanché avec une grande violence, pendant que son pendant (🤔hum, manifestement j'ai vraiment écrit "pendant que son pendant") manufacturier restait en zone d'expansion, mais dans des proportions plus réduites que prévu. Deux autres jauges ont été produites hier outre-Atlantique : un indice manufacturier tiers dégradé et des ventes dans l'immobilier neuf qui ralentissent fort.

Ce nouvel empilement déprimant a brièvement réveillé les adeptes de la théorie "mauvaise nouvelle, bonne nouvelle". Pour mémoire, ce concept populaire dans le Landernau boursier et sibyllin pour toute personne normalement constituée consiste à se réjouir des malheurs de l'économie réelle dans l'espoir que cela forcera une banque centrale à adopter des mesures pro-business. Et pour le cas qui nous occupe en août 2022, il s'agirait de faire en sorte que la Fed arrête de relever ses taux avec une détermination digne d'Alexeï Stakhanov. Toutefois, ce sursaut n'a pas duré bien longtemps hier, à peine une heure après l'ouverture de Wall Street. La suite est une oscillation des trois principaux indices américains autour de l'équilibre, pour une clôture légèrement baissière : -0,07% pour le Nasdaq, -0,22% pour le S&P500 et -0,47% pour le Dow Jones. Comme en Europe, les deux secteurs qui s'en sont le mieux sortis sont l'énergie et les matériaux de base, parce qu'ils sont intrinsèquement inflationnistes, donc susceptibles de suivre les courbes de prix, ce qui n'est déjà pas si mal. Sur le vieux continent, Le CAC40 et le DAX ont perdu environ 0,25% hier.

Finalement, ce sont les craintes de lendemains économiques très compliqués qui l'ont emporté sur les marchés actions. Les investisseurs sentent bien non seulement que les hausses de taux vont devoir continuer à rythme soutenu, mais aussi qu'elles provoqueront des dégâts dans l'économie réelle. Rien de bien neuf finalement. Les prochains jalons pour que les financiers continuent à essayer de deviner l'avenir sont la publication des commandes de biens durables américaines à 14h30 aujourd'hui, la seconde estimation du PIB du second trimestre aux Etats-Unis demain et le discours que doit prononcer vendredi le patron de la Fed, Jerome Powell, lors du symposium de Jackson Hole. Trois occasions de tester à nouveau le concept "mauvaise nouvelle, bonne nouvelle".

Dans le reste de l'actualité, la petite opération de communication menée par l'Arabie Saoudite en début de semaine a porté ses fruits, puisque le baril de Brent est remonté en direction des 100 USD. En Chine, les centrales au charbon ont pris le relais des ressources hydroélectriques dégradées par la sécheresse, qui pesaient sur l'activité économique. En parallèle, on apprend que des pénuries d'eau potable et d'irrigation provoquent aussi des perturbations en Chine, notamment pour l'agriculture. Il y a aussi une petite recrudescence de publications d'entreprises des deux côtés de l'Atlantique.

En Asie Pacifique, la baisse s'installe partout comme hier. Seule l'Australie fait de la résistance avec un ASX 200 en hausse de 0,48%, grâce à la surreprésentation des valeurs minières, énergétiques et financières dans l'indice. L'Europe devrait ouvrir dans le rouge, même si les indicateurs avancés ne sont que modérément baissiers à l'heure où j'écris. Le CAC40 perdait 0,3% à 6343 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Les commandes de biens durables (14h30) et les chiffres de l'immobilier ancien (16h00) occuperont l'espace aux Etats-Unis dans l'après-midi. Tout l'agenda macro ici.

L'euro évolue sous la parité avec le dollar, à 0,9949 USD. L'once d'or se stabilise autour de 1744 USD. Le pétrole a rebondi, avec un Brent de Mer du Nord à 99,77 USD le baril et un brut léger américain WTI à 93,50 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans se tend à 3,04%. Le bitcoin s'échange à 21 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Arbonia : UBS reste neutre avec un objectif de cours réduit de 13,80 à 13 CHF.
  • P/F Bakkafrost : Arctic Securities passe de conserver à acheter en visant 670 NOK.
  • Compagnie Plastic Omnium : JPMorgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 18 à 20 EUR.
  • Datagroup : Berenberg reste l'achat avec un objectif de cours réduit de 110 à 95 EUR.
  • Entain : Berenberg reste l'achat avec un objectif relevé de 1950 à 2000 GBp.
  • Flughafen Zürich : RBC reste à performance sectorielle avec un objectif de cours relevé de 150 à 155 CHF.
  • Geberit : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 356 à 376 CHF.
  • Glanbia : Ehrenberg reste à la charge avec un objectif de cours relevé de 14 à 15 EUR.
  • HelloFresh : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif réduit de 70 à 54 EUR.
  • IMI : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1610 à 1615 GBp.
  • Implenia : Credit Suisse reste neutre avec un objectif de cours relevé de 26 à 31 CHF.
  • Kingspan : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 86 et 83 EUR.
  • Michelin : JPMorgan reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 27,50 à 23,50 EUR.
  • New Work : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 220 à 172 EUR.
  • Partners Group : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1717 à 1491 CHF.
  • PSP : Credit Suisse reste neutre avec un objectif de cours réduit de 123 à 116 CHF.
  • Scor : Citi réduit son objectif de cours de 23,93 à 20,78 EUR.
  • Stora Enso : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 21,40 à 22,10 EUR.
  • Valeo : JPMorgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 22 à 25 EUR.
  • Vallourec : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 17 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • TotalEnergies s'allie avec Inpex et Woodside pour un projet de séquestration de CO2 en mer en Australie.
  • Renault choisit un autre fournisseur que Nissan pour des culasses.
  • La BCE a réinfligé des amendes de 4,8 M€ au Crédit Agricole et deux de ses filiales en leur reprochant d'avoir classé des actions en capital CET1 sans autorisation préalable. La sanction initiale avait fait l'objet d'un recours remporté par la banque.
  • Valneva confirme les recommandations de l'OMS pour son vaccin inactivé contre la COVID-19.
  • OVH annonce que son vice-président exécutif et directeur financier, Yann Leca, quittera le group fin octobre.
  • Riber reçoit une commande en Asie.
  • Cruise Management équipe son navire d'expéditions Quest d'un système de traitement des eaux de ballast BIO-SEA de Bio-UV.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures