Les marchés actions ont enquillé une seconde semaine de baisse, qui les ramène autour de leur niveau de la mi-novembre. Le Stoxx Europe 600 a perdu 3,3% sur les cinq dernières séances. Les indices américains, eux, ont un peu mieux tenu : -2,1% pour le S&P500, -2,8% pour le Nasdaq et -1,7% pour le Dow Jones. Que dire du scénario du moment ? Le moteur principal des marchés actions est toujours une inflexion de la politique monétaire américaine. Les financiers essaient de deviner quand aura lieu le pic de relèvement des taux actuels, et à quelle altitude.

Entre la mi-octobre et le début du mois de décembre, grâce à une série d'indicateurs favorables, ils se sont persuadés que le pic de taux serait inférieur à 5% et que le "pivot" aurait lieu en mai. Le pivot, c'est le moment où la Fed décide que le niveau des taux est optimal pour sa politique monétaire. Les marchés actions, eux, cherchent à anticiper le moment du pivot, parce qu'ils considèrent qu'à partir de là, les taux resteront a minima inchangés voire recommenceront à baisser dans un avenir plus ou moins envisageable. Or qui dit taux en baisse dit accès plus facile à l'argent, donc dynamique économique améliorée et davantage de sous disponibles pour investir.

Mais après avoir semblé souffler un peu de chaud, la Fed a gelé les velléités de rebond des actions. Elle a expliqué la semaine dernière que le marché prend des vessies pour des lanternes et que le chemin vers la normalisation de l'inflation nécessite un niveau de taux plus élevé et sans doute un calendrier moins favorable que ne l'imaginent les investisseurs. Résultat, nouveau coup de déprime et retour de l'aversion pour le risque sur les actions. La Fed surjoue forcément un peu, car elle dispose du superpouvoir de faire bouger le troupeau à la voix, sans avoir besoin de mettre (toutes) ses menaces à exécution. Le marché obligataire a l'air de l'avoir bien compris parce qu'il n'a pas vraiment cillé, lui, la semaine dernière.

Voilà pour l'histoire centrale, la colonne vertébrale du sentiment de marché. Viennent se greffer là-dessus plusieurs variables importantes, qui contribuent à façonner la narration du moment. Je vois principalement :

  • Premièrement, la BCE, qui a adopté un ton proche de celui de la Fed. Christine Lagarde a prévenu que l'inflation européenne va nécessiter de nouvelles hausses de taux. De quoi battre en brèche la légende urbaine selon laquelle la BCE serait prompte à abandonner rapidement sa ligne dure si l'économie européenne donne des signes de faiblesse.
  • Deuxièmement, la Chine, où la situation sanitaire va nécessairement être bien pire avant d'être meilleure. Le marché a salué la fin de la politique zéro-covid, censément relancer l'économie chinoise youpi et améliorer les contraintes d'approvisionnement hourra. Mais il avait oublié que la pandémie est d'une logique implacable et que ça risque de chauffer dans les semaines à venir.
  • Troisièmement, et c'est un peu l'éléphant dans la pièce, les tours de vis monétaires ont été lancés pour réduire la dynamique économique et ainsi freiner l'inflation. Les données macroéconomiques montrent que l'activité en Europe ou aux Etats-Unis est en train de flancher. Il pourrait y avoir des dégâts considérables si ces politiques sont mal calibrées. C'est le fameux débat sur l'atterrissage brutal ou en douceur. Cela se mesurera en profondeur de récession, mais cela pourrait prendre une tournure différente des deux côtés de l'Atlantique.
  • Dans mon quatrièmement, je range le reste des autres craintes : la géopolitique, la crise de l'énergie, l'état des finances publiques (même si tout le monde s'en fout), un événement crédit majeur lié à des taux plus hauts ou la gestion du changement climatique. Et j'en oublie bien sûr.

Je poursuis avec quelques informations glanées ce weekend, pour avoir quelques éléments de contexte pour bien démarrer la semaine :

  • Un accord a été trouvé tôt dimanche matin par les négociateurs de l'Union européenne sur la réforme du marché du carbone (principe pollueur payeur). Il paraît que les discussions sont aussi en bonne voie concernant le plafonnement du prix du gaz.
  • Elon Musk continue à distribuer les bons et les mauvais points avec sa petite console de modération personnelle sur Twitter. Le dirigeant a mis en ligne un sondage demandant s'il doit rester aux commandes. En tout cas c'est un laboratoire de mégalomanie passionnant.
  • Au Japon, le gouvernement prend la décision historique de déplafonner les dépenses de défense, une première depuis la seconde guerre mondiale.
  • L'Argentine est championne du monde de football aux dépens de la France.

Dans la région Asie Pacifique, la décrue se poursuit. Le Nikkei 225 japonais perd 1,1% et le KOSPI coréen -0,6%. Les marchés chinois reculent eux-aussi, de même que l'Australie, où la baisse est plus modeste (-0,2% pour l'ASX200). Le marché indien est l'exception qui confirme la règle avec un SENSEX en progression de 0,4%. Les indicateurs avancés européens pointent vers une hausse modérée à l'ouverture. Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,35% à 6475 points.

Les temps forts économiques du jour

L'indice Ifo de confiance des affaires en Allemagne (10h00) et l'indice des prix immobiliers de la NAHB aux Etats-Unis (16h00) sont au programme. Tout l'agenda macro ici.

La paire euro / dollar est proche de 1,06 USD. L'once d'or se négocie autour de 1791 USD. Le pétrole consolide, avec un Brent de Mer du Nord à 79,64 USD le baril et un brut léger américain WTI à 74,47 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans remonte légèrement autour de 3,52%. Le bitcoin s'échange autour de 16 700 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • AstraZeneca : Baptista Research démarre le suivi à conserver.
  • Ceconomy : Barclays reste à souspondérer avec un objectif réduit de 4 à 1,60 EUR.
  • Danone : RBC passe de performance sectorielle à surperformance en visant 69 EUR.
  • Deutsche Konsum : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 19 à 12 EUR.
  • Freenet : Deutsche Bank passe de conserver à acheter.
  • Givaudan : UBS reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 2870 à 2800 CHF.
  • Inwido : Handelsbanken passe de conserver à acheter.
  • Marks and Spencer : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 100 GBp.
  • NN Group : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 52,80 EUR.
  • OMV : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 51,10 EUR.
  • Sanofi : Goldman Sachs passe de vendre à acheter en visant 134 EUR.
  • TietoEVRY : Nordea passe de conserver à acheter en visant 31,80 EUR.
  • Tokmanni : Nordea passe d'acheter à conserver.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Sanofi et Innate Pharma étendent leur collaboration sur les anticorps thérapeutiques engageant les cellules Natural Killer en oncologie.
  • Orange prépare une hausse de ses forfaits mobile et internet au printemps 2023.
  • Vivendi propose des compromis pour obtenir le feu vert de l'UE à l'opération Lagardère.
  • Electricité de France décale à 2024 l'entrée en production de l'EPR de Flamanville, avec de nouveaux surcoûts.
  • Elior renégocie le niveau de son ratio d’endettement au 30 septembre 2023.
  • Virbac revoit en baisse ses prévisions de résultats 2023 pour accélérer son développement.
  • Fnac Darty sécurise le refinancement de son emprunt obligataire arrivant à maturité en 2024.
  • Lhyfe et Schaeffler concluent un accord de coopération pour la construction d’une usine d’hydrogène vert à usage industriel en Allemagne.
  • OSE Immunotherapeutics reçoit un versement de 10 M€ au titre de la 2e tranche du prêt accordé par la BEI.
  • Inertam (Europlasma) reçoit une nouvelle commande transalpine pour le traitement de 1 500 tonnes de déchets amiantés.
  • Atari a publié ses comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • L3Harris va racheter Aerojet Rocketdyne pour 4,7 Mds$.
  • La famille Berlusconi, via MFE-MediaForEurope, veut prendre le contrôle de ProSiebenSat.
  • Uniper attend une décision de Bruxelles sur l'aide d'Etat dans les prochains jours.
  • BAE Systems remporte une commande conjointe de 760 M$ pour des véhicules tout-terrain avec trois pays européens.
  • Tesla va bâtir une usine d'assemblage dans le nord du Mexique.
  • Henkel sépare ses activités russes avant de les vendre.
  • Bayer règle des plaintes pour pollution de l'environnement dans l'Oregon pour 698 M$.
  • Polypeptide remporte un contrat annuel de 100 M€ à partir de 2024.
  • Twitter interdit les liens vers des réseaux sociaux concurrents notamment vers Facebook et WhatsApp (Meta Platforms).
  • SES lance les deux premiers satellites O3b mPOWER.
  • Mobilezone reprend l'allemand Siga Exchange.
  • Iberdrola signe des accords d'échange de participations pour des centrales hydroélectriques au Brésil.
  • Broadcom, Volkswagen, Amphenol, Ecolab et Enagas détachent des dividendes.
  • Principales publications du jour : SESA, HeicoTout l'agenda ici.

Lectures