Navré, mais je n'ai toujours pas de bonne nouvelle à annoncer pour les marchés actions, qui terminent le mois d'août nettement moins bien qu'ils ne l'avaient commencé. Les places européennes en sont à quatre séances de rang dans le rouge et Wall Street en est à trois de suite. Hier, ce sont les indices américains qui ont le plus souffert, avec une baisse d'environ 1% pour le S&P500, le Dow Jones et le Nasdaq 100. Une sorte de tir groupé favorisé par le retour de manivelle sur les valeurs de l'énergie, alors qu'elles avaient dernièrement permis au Dow Jones d'afficher de meilleures performances que celles des deux autres indices, plus chargés en valeurs technologiques. En attendant le verdict de la dernière séance du mois, le S&P500 est à -3,5% en août, après +9,11% en juillet, et STOXX Europe 600 à -4,2%, après +7,6% en juillet.

L'énergie, décidément le thème de l'année pour les marchés financiers, a connu hier une forme de détente après que les autorités européennes eurent bruyamment annoncé qu'elles allaient faire quelque chose pour limiter l'explosion des cours. Plusieurs pistes sont à l'étude, en particulier pour tenter de rendre le prix de l'électricité moins dépendant de celui du gaz. Une réunion est prévue le 9 septembre mais rien ne dit que des annonces n'auront pas lieu avant. La perspective d'un changement des règles a contribué à dégonfler un peu la bulle gazière, malgré une nouvelle estocade de Gazprom qui a coupé le robinet d'alimentation à Engie en France.

Mais parlons un peu d'ambiance sur les marchés actions. Grâce à mon diplôme de charlatanisme en psychologie de marché (à moins que ce soit un diplôme de psychologie en charlatanisme de marché, je me trompe tout le temps) je puis vous affirmer que nous sommes revenus en phase de "prise d'informations" par les investisseurs. Cette phase fait suite à un rebond qui a duré presque exactement deux mois aux Etats-Unis (du 17 juin au 16 août). Un rebond décérébré pour ceux qui l'ont manqué. Un rebond logique pour les visionnaires, les chanceux et les mythomanes. En tout cas un rebond salutaire pour les investisseurs. Sa fin a coïncidé avec la séance de compensation du mois d'août, c’est-à-dire le moment où les financiers ont dû s'interroger sur le sens à donner à leurs paris de rentrée. Stop ou encore en quelque sorte, pour plagier le penseur belge Plastic Bertrand (spoil : ne cliquez pas si vous ne voulez pas faire tourner le lait de votre bol de céréales).

Ça a donc été "stop" plutôt que "encore", histoire donc de prendre quelques informations. C'est le moment où le rationnel reprend un peu le dessus sur la narration, c'est à dire quand les investisseurs prennent du recul pour refaire un diagnostic du risque. Depuis, ils ont appris que les banques centrales devront aller plus loin qu'ils ne le pensaient pour dissoudre l'inflation et que d'avoir choisi son camp dans la guerre en Ukraine a un coût énergétique bien plus élevé que prévu. Par contre, ils n'arrivent toujours pas à jauger précisément l'impact de l'arrivée de ces nouvelles variables dans l'équation économique. Tout en comprenant assez bien qu'elles font partie de la colonne avec les lignes en rouge plutôt qu'avec les lignes en vert. CQFD. Les marchés baissent donc et à très court terme, on a l'impression que seul le reflux des prix énergétiques a un véritable pouvoir d'inflexion sur les indices. C'est d'ailleurs probablement ce qui va se passer ce matin, du moins jusqu'aux données macroéconomiques attendues ce jour.

Cette transition cousue de fil blanc m'amène aux trois statistiques macroéconomiques qui vont rythmer la journée. La première est déjà tombée  : il s'agit des indicateurs d'activité PMI chinois officiels d'août. Ils montrent que l'industrie manufacturière est toujours en contraction, même si l'indicateur est un peu moins dégradé que prévu. Et que la dynamique des services, quoique positive, ralentit. L'échéance suivante est pour 11h00 avec la publication des chiffres de l'inflation d'août en Europe. A l'heure où les prix de l'énergie s'affolent et où le débat enfle au sein de la BCE sur l'ampleur de la hausse des taux qui sera annoncée la semaine prochaine, la statistique a le pouvoir de générer une vive volatilité. Enfin aux Etats-Unis à 14h30, l'étude ADP sur l'emploi alimentera la machine à spéculation en vue de la publication vendredi des chiffres de l'emploi outre-Atlantique en août, un jeu de données que la Fed scrute de près pour déterminer sa politique monétaire. Il ne faut pas oublier les allocutions de membres de la Fed, qui ont parfois des impacts étonnants sur les marchés actions : Loretta Mester et Raphael Bostic s'expriment aujourd'hui. Mester est classée parmi les "faucons" et Bostic parmi les centristes à tendance "faucon", ce qui signifie qu'ils sont plutôt partisans de vigoureux tours de vis monétaires.

Dans le reste de l'actualité, il reste quelques retardataires de la campagne de résultats trimestriels estivale. Les deux HP et Chewy hier soir aux Etats-Unis. BioMérieux et Eiffage en Europe, avant Costco outre-Atlantique plus tard dans la journée. Pendant ce temps, le drama Twitter continue et le monde apprend le décès du dernier dirigeant de l'ère soviétique, Mikhail Gorbatchev, "pas un saint mais une sorte de héros", comme le titre le magazine britannique Spectator. J'imagine que Vladimir Poutine ne partage pas cet avis.

Les marchés de la région Asie Pacifique, qui avaient rebondi hier, sont repartis dans le rouge. On perd environ 0,5% à Tokyo et à Shanghai et un peu moins à Sydney et Hong Kong. Le marché indien est clos pour un jour férié. En Europe, les indicateurs avancés laissent entrevoir un rebond dans les premiers échanges. Les "futures" américains sont en effet haussiers au même moment. Le CAC40 grappille 0,1% à 6216 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Le marché attend essentiellement les chiffres de l'inflation d'août en Europe (11h00) et l'étude ADP sur l'emploi américain (14h30). Tout l'agenda macro ici. Ce matin, la Chine a annoncé un PMI manufacturier un peu plus élevé que prévu en août, mais toujours en zone de contraction (49,4).

L'euro est remonté à 1,0025 USD. L'once d'or repique du nez à 1722 USD. Le pétrole a gommé une partie de son récent rebond, avec un Brent de Mer du Nord à 100,17 USD le baril et un brut léger américain WTI à 92,56 USD. La dette américaine à 10 ans est rémunérée 3,12%, en légère hausse. Le bitcoin est remonté à 20 400 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • About You : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 14 à 12 EUR.
  • Adval : Research Partners reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 150 à 135 CHF.
  • ASML : UBS passe de neutre à achat en visant 665 EUR.
  • ASOS : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 2500 à 1800 GBp.
  • ATOSS Software : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 130 à 135 EUR.
  • Basilea : Mirabaud passe d'acheter à conserver en visant 39,90 CHF.
  • Bayer : JPMorgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 75 à 80 EUR.
  • Dermapharm : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 107 à 75 EUR.
  • Great Portland : Berenberg passe de conserver à vendre en visant 460 GBp.
  • Inficon : Jefferies reste à conserver avec un objectif réduit de 1037 à 773 CHF.
  • Kardex : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 218 à 212 CHF.
  • KBC : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 88 à 64 EUR.
  • Kone : Inderes passe d'accumuler à alléger en visant 44 EUR.
  • Novozymes : AlphaValue reste à la vente avec un objectif de cours relevé de 370 à 399 DKK.
  • Partners Group : Julius Bär reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1700 à 1600 CHF.
  • Pierer Mobility : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 87 à 93 CHF.
  • Shop Apotheke : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 170 à 140 EUR.
  • SIG Group : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 27 à 29 EUR.
  • Sixt : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 115 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Gazprom va totalement stopper la fourniture de gaz à Engie en raison d'un litige de paiement.
  • TotalEnergies sélectionnée pour installer 4 400 points de recharge pour véhicules électriques en Belgique.
  • Le directeur financier d'Airbus, Dominik Asam, va quitter son poste en mars pour aller chez SAP.
  • Air Liquide a indiqué que les arrêts de production d'ammoniac avaient un impact sur ses approvisionnements en dioxyde de carbone.
  • Renault pourrait accueillir Geely Automobile et un groupe pétrolier au capital de sa future entité dédiée aux moteurs thermiques, mais pas Nissan, selon Reuters.
  • Stellantis va cesser la production de véhicules utilitaires de mercredi à samedi dans son usine de Sevel (Italie) en raison d'une pénurie de pièces détachées.
  • BioMérieux relève légèrement ses objectifs 2022 après un rebond du chiffre d'affaires trimestriel.
  • Burelle détient dorénavant 60% de compagnie Compagnie Plastic Omnium.
  • Elis lance une opération d'actionnariat salarié.
  • TF1 et M6 Métropole Télévision seraient prêtes à aller plus loin dans leurs concessions pour pouvoir fusionner, selon Les Echos.
  • Manitou reprend la propriété intellectuelle et une partie des salariés de la société ATN Platforms à la barre du tribunal.
  • Alan Allman acquiert ACI Projects en France.
  • Onxeo annonce l'approbation par le Nasdaq du retrait de ses actions de la cote du marché First North de Copenhague.
  • Acheter-Louer rachète le solde (37%) de Allo Data.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • EQT réunit 15 Mds$ pour la première clôture de son nouveau fonds phare.
  • Les actions Chewy décrochent de 11% post-séance après des trimestriels peu convaincants.
  • L'action HP Inc perd 6% hors séance après la révision en baisse des objectifs annuels.
  • L'action Hewlett Packard Enterprise gagne 2,5% hors séance après ses trimestriels, malgré une fourchette de résultats concentrée vers le bas de l'objectif.
  • Musk demande au tribunal de retarder le procès de Twitter.
  • Saipem change de CEO.
  • Romande Energie annonce une hausse "historique" des tarifs de l'électricité, en hausse de 49% l'an prochain pour la plupart des clients ménages.
  • Snap prévoit de supprimer 20% de son personnel en raison du ralentissement de la publicité numérique.
  • BYD souffre en bourse à Hong Kong après la réduction de la détention de Berkshire Hathaway.
  • Accelleron, futur spinoff d'ABB, présente ses perspectives avant l'IPO d'octobre.
  • Sage Group conclut l'achat du groupe d'automatisation du flux de travail comptable Lockstep.
  • Ryanair doute que The Boeing Company obtienne la certification Max 10 avant la fin de l'année.
  • L'armée américaine cloue au sol la totalité de sa flotte vieillissante d'hélicoptères Chinook pour des problèmes à répétition (The Boeing Company sur moteur Honeywell).
  • Principales publications du jour : Costco Wholesale, Brown-Forman, BioMérieux, Eiffage, Stadler Rail, ID Logistics… Tout l'agenda ici.

Lectures