L'alternance de hausses et de baisses se poursuit sur les marchés boursiers, avec une nouvelle séance passée dans le rouge hier des deux côtés de l'Atlantique. Si vous regardez le petit tableau des indices mondiaux en haut à droite de la page principale de Zonebourse, vous constaterez que la seule ligne verte est celle du MOEX, l'indice de la Bourse de Moscou, bloqué sur un gain de 20%. Je dis bloqué parce que les autorités russes ont fermé le marché des actions russes depuis une semaine, si bien que la cotation que vous voyez est celle du 25 février. Elle faisait suite à un effondrement de 33% le 24 février. L'indice russe serait actuellement beaucoup plus bas. D'ailleurs, il ne cotera pas non plus ce matin, a fait savoir la Banque de Russie.

L'une des conséquences de la crise en Ukraine au niveau boursier est l'inversion des trajectoires géographiques indicielles entre les Etats-Unis et l'Europe. Enfin inversion, c'est très excessif. Disons que l'aversion au risque et la distance géographique profitent à Wall Street, qui a refait son retard du début d'année sur tout ou partie des places européennes. Dit autrement, tout le monde baisse, mais Wall Street un peu moins depuis quelques jours. Cela risque d'être d'autant plus vrai ce matin après qu'une frappe russe a atteint la plus grande centrale nucléaire ukrainienne. La partie non-critique en réalité, dans laquelle le feu a été circonscrit ce matin après l'intervention des pompiers du site, qui ont apparemment dû convaincre les troupes russes qu'elles avaient tout intérêt à les laisser opérer. Mais cet événement a fait tomber une digue de plus dans l'escalade des peurs. Là où tout le monde se dit "il faut être complètement con pour viser une centrale nucléaire au cœur de l'Europe", l'Etat-Major russe montre que tous les moyens sont bons pour mettre l'adversaire sous pression. La centrale serait d'ailleurs tombée aux mains des forces de l'occupant peu après, ce qui posera d'autres problèmes d'ordre énergétique à l'Ukraine.

Pendant que le monde est toujours sidéré par l'agression russe et ses conséquences, l'actualité macroéconomique a fait son retour cette semaine avec un ajustement des pronostics sur les décisions de la banque centrale américaine. Le rendement de l'obligation d'Etat américaine à 10 ans a chuté à 1,68%, alors qu'il dépassait 2% mi-février. Cette évolution traduit deux mouvements concomitants. D'abord l'appétit des investisseurs pour les produits sécurisés. Ensuite les anticipations de taux directeurs. Sur ce dernier point, la donne a beaucoup changé ces dernières 48h00, après le discours de Jerome Powell devant les parlementaires américains et la poursuite des incertitudes en Ukraine. La poursuite de la flambée de l'inflation en début d'année avait conduit le marché à anticiper sept hausses de taux, rien que ça, en 2022. Mais les investisseurs n'en attendent déjà plus autant et pensent même que la Fed pourrait mettre la pédale douce sur ses projets de réduction de soutien à l'économie. La publication des chiffres de l'emploi en février aux Etats-Unis, prévue à 14h30 aujourd'hui, apportera de l'eau au moulin de la discussion sur les taux.

Alors que Vladimir Poutine cherche à épouvanter l'occident, l'économie russe chancelle sous les coups de boutoir des sanctions occidentales. Notamment le gel des réserves du pays. Le financier Jon Turek souligne que la forteresse financière bâtie par la Russie depuis l'invasion de la Crimée en 2014, c’est-à-dire des réserves de change colossales, peu de dette, une balance courante très excédentaire ou des taux d'intérêts réels élevés "s'est complètement effondrée en un week-end". Les entreprises occidentales cessent les unes après les autres leur activité dans le pays. Ce schisme aura des conséquences durables. Il se traduit par la poursuite de la flambée des matières premières, comme l'illustre toujours le petit graphique que je vous mets en lien depuis quelques jours.

Je termine avec quelques mots de perception psychologique des événements. Même si le conflit en Ukraine est relativement récent, il est déjà passé par un certain nombre de phases. Souvenez-vous du coronavirus et de la façon dont le monde a réagi en 2020. Il existe ce que Morgan Housel appelle un "cycle du choc" que je me permets de lui emprunter ce matin et dont la chronologie ressemble un peu à ça :

  • Supposer que les bonnes nouvelles sont permanentes.
  • Ne pas tenir compte des mauvaises nouvelles.
  • Ignorer les mauvaises nouvelles.
  • Nier les mauvaises nouvelles.
  • Paniquer aux mauvaises nouvelles.
  • Accepter les mauvaises nouvelles.
  • Supposer que les mauvaises nouvelles sont permanentes.
  • Ignorer les bonnes nouvelles.
  • Nier les bonnes nouvelles.
  • Accepter les bonnes nouvelles.
  • Supposer que les bonnes nouvelles sont permanentes.

La plupart du temps, nous sommes incapables de nous situer au présent. Sauf peut-être au milieu du gué, lorsqu'il s'agit de paniquer aux mauvaises nouvelles. Et c'est probablement à cet endroit que nous nous trouvons actuellement.

L'absence de progrès dans les négociations entre russes et ukrainiens, la poursuite des combats et l'épisode de la centrale nucléaire de Zaporijjia entretiennent le climat anxiogène et vont entraîner une baisse marquée des indices boursiers à l'ouverture en Europe. La semaine se termine mal en Asie avec un Nikkei 225 qui décroche de 2,2% et un Hang Seng en repli de 2,5% à l'heure où je rédige ces lignes. L'Australie tient mieux compte-tenu de la forte exposition de la Bourse de Sydney aux matières premières. Le CAC40 perd 1% à 6313 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Les ventes de détail européennes de janvier (11h00) précéderont les chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis à 14h30.

L'euro poursuit sa décrue à 1,1034 USD, pendant que l'once d'or flirte avec 1940 USD. La pétrole se négocie toujours à haut niveau, mais en repli : le Brent est à 112,28 USD et le WTI à 110 USD. Le rendement de la dette américaine chute à 1,68%% (vs. 1,85% la veille) sur 10 ans et le Bund reste stable à 0,01. Le bitcoin recule à 41 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Basler : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 150 à 135 EUR.
  • Beazley : RBC reprend le suivi à surperformance en visant 600 GBp.
  • Deutsche Lufthansa : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 6,50 EUR.
  • Elior : Citigroup passe d'acheter à neutre.
  • Glanbia : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 15,50 à 14 EUR.
  • Global Fashion Group : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 2,50 EUR.
  • Hennes & Mauritz : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 157 SEK.
  • HelloFresh : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 90,70 à 80 EUR.
  • Hiscox : RBC reprend le suivi à performance sectorielle en visant 1000 GBp.
  • LEG Immobilien : Stifel démarre le suivi à conserver en visant 117 EUR.
  • Made Tech : Berenberg reprend le suivi à l'achat en visant 75 GBp.
  • Polymetal : JP Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 1400 GBp.
  • Saint-Gobain : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 73 EUR.
  • Shop Apotheke : Bankhaus Meltzer passe de conserver à vendre en visant 72 EUR.
  • Société Générale : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 32,70 à 29,40 EUR.
  • SoftwareONE : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 12 CHF. Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 17,50 CHF.
  • Synthomer : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 410 à 350 GBp.
  • TAG Immobilien : Stifel démarre le suivi à l'achat en visant 26,50 EUR.
  • Valeo : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 34 à 25 EUR.
  • Victrex : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 2600 à 2200 GBp.
  • Zalando : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 52 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Michelin suspend la production de sites européens en raison de difficultés logistiques.
  • ArcelorMittal cesse sa production en Ukraine.
  • Le russe AvtoVAZ (Renault) annonce quatre jours de suspension de sa production.
  • Dassault Aviation devrait réaliser un chiffre d'affaires 2022 en baisse par rapport à 2021, avec 13 Rafale et 35 Falcon, mais le carnet de commande sa explosé à la hausse.
  • Euronext renforce ses liens avec Spafid à Milan en rachetant certaines activités du prestataire.
  • Elis acquiert Golden Clean au Chili.
  • Gaztransport & Technigaz signe pour un nouveau méthanier avec Daewoo Shipbuilding.
  • Antin cède ses parts dans Roadchef.
  • Kalray rachète Arcapix holdings, éditeur de logiciels de stockage pour les applications de calculs intensifs.
  • Generix est exposé à la Russie mais quasi-exclusivement avec des entreprises françaises.
  • Median Technologies dépose un dossier 513(g) auprès de la FDA pour son logiciel dispositif médical iBiopsy Lung Cancer Screening CADe/CADx.
  • Valbiotis fait évoluer son directoire.
  • Cybergun va racheter Verney-Carron.
  • Bonduelle, CGG, ManitouSES-Imagotag, DBT ont publié leurs comptes et / ou leurs prévisions.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

Lectures