Tokyo (awp/afp) - La Bourse de Tokyo a fini en nette baisse de 1,32% jeudi, plombée par la chute du dollar découlant des déconvenues politiques du président américain Donald Trump.

L'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes a perdu 1,32% (-261,02 points) à 19.553,86 points. Il avait lâché jusqu'à plus de 300 points en cours de séance.

L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a aussi cédé 1,32% (-20,81 points) à 1.555,01 points.

La journée a été plutôt active avec 2,18 milliards de titres échangés sur le premier marché.

Sur le volet des changes, le dollar a chuté à 111,20 yens, contre 112,45 yens mercredi à la fermeture de la place tokyoïte, après avoir déjà perdu un yen la veille, ce qui nuit aux groupes exportateurs nippons. Il est même ponctuellement passé sous 111 yens.

L'euro est retombé à 123,85 yens contre 124,90 yens.

Les chiffres plutôt bons de la croissance japonaise au 1er trimestre ont certes mis un peu de baume au coeur des donneurs d'ordres, mais pas au point de dissiper les craintes sur les conséquences des déboires de M. Trump.

"Les incertitudes politiques sont un phénomène dont nous allons probablement devoir nous accommoder durant un certain temps", a commenté Dennis Debusschere, d'Evercore ISI, interrogé par Bloomberg News. Il s'attend à ce que les marchés subissent encore des turbulences.

Mercredi, Wall Steet a terminé sur sa plus forte baisse depuis l'élection présidentielle américaine en novembre 2016, par aversion au risque, laquelle s'est répercutée avec autant de force jusqu'à Tokyo.

- Banques et SoftBank touchés -

Président des Etats-Unis depuis presque quatre mois, Donald Trump est confronté à de multiples crises, de l'ingérence russe à sa demande présumée au FBI de clore une enquête sur un proche conseiller, sans oublier ses échecs sur la santé ou l'immigration.

Sur les 225 composantes du Nikkei, près de 190 ont dévissé.

Les valeurs financières ont été particulièrement touchées: Mitsubishi UFJ Financial Group a perdu 4,05% à 680,80 yens, Mizuho 2,32% à 193,40 yens, Sumitomo Mitsui Financial Group 2,85% à 3.994 yens et la maison de courtage Nomura Holdings 3,63% à 659,30 yens.

Les mégabanques ne sont pas les seules à avoir souffert: le géant des télécommunications SoftBank Group a lâché 3,70% à 8.304 yens, pâtissant des riques de difficultés à réaliser ses ambitions aux Etats-Unis.

Tablant sur la dérégulation promise par M. Trump, le patron de SoftBank, Masayoshi Son, semble avoir réactivé son projet de rachat du 4e opérateur mobile américain, T-Mobile, pour le fusionner avec le 3e, Sprint, dont il est déjà propriétaire. Mais les déconvenues de M. Trump pourraient compliquer l'affaire (même si cette dernière n'est encore qu'hypothétique).

Le spécialiste des appareils photo et endoscopes Olympus a abandonné 4,61% à 4.140 yens, à cause d'un changement de recommandation d'analyste.

Parmi les habituelles valeurs vedettes, aucune n'a terminé en vert: le constructeur d'automobiles Toyota a dévissé de 1,72% à 5.930 yens, Nissan de 1,62% à 1.091,50 yens et Honda de 2,23% à 3.065 yens.

L'action Mitsubishi Motors s'est repliée de 2,96% à 720 yens. Le groupe a annoncé le rappel au Japon de quelque 23.200 véhicules hybrides Outlander PHEV rechargeables sur secteur.

L'électronicien Sony a chuté de 2,26% à 3.942 yens, Sharp de 2,23% à 395 yens, Panasonic de 1,18% à 1.340 yens et Nintendo de 0,20% à 30.430 yens.

L'action du spécialiste japonais des puces d'automobiles Renesas Electronics a chuté de 4,62% à 928 yens.

Peu après la clôture, Renesas a annoncé que certains de ses actionnaires, et non des moindres, allaient céder une partie des titres qu'ils détiennent, considérant que leur soutien n'est plus essentiel.

Des rumeurs couraient depuis des semaines sur l'intention de son principal pourvoyeur d'argent, le fonds semi-public INCJ qui l'avait sauvé de la faillite, de s'apprêter à diminuer sa participation. Le marché avait alors très mal réagi.

kap/pau