• La livre au plus haut d'un an face au dollar

La livre sterling (GBP) a touché 1,35 USD cette semaine, une première depuis décembre 2019. Une remontée qui s'appuie sur l'espoir d'un accord sur le Brexit, au terme d'un feuilleton interminable qui a éreinté les deux groupes de négociateurs. La partie de poker arrive à son terme, ce qui n'empêche pas les bluffs de dernière minute, à l'image du message de la France menaçant d'exercer son droit de veto en cas d'accord jugé trop favorable à Londres.

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Depuis le début novembre, GBP et EUR montent face à l'USD
  • L'euro monte ou le dollar baisse, c'est selon

Le gros décalage de la semaine est donc pour l'EUR face à l'USD, conformément aux prédictions de la majeure partie des acteurs du marché. La paire EUR/USD est passée de la zone 1,19 à la zone 1,21 en quelques jours. L'explication de court terme est relativement simple : les marchés attendent un gros effort budgétaire aux Etats-Unis pour relancer une économie qui montre des signes de plateau. La BCE doit certes annoncer un élargissement de son programme de soutien, mais c'est bien le plan américain qui focalise l'attention et pèse sur le greenback. "Les rapports prêtant à l'UE l'intention de faire avancer son fonds de relance en se passant de l'aval de la Pologne et de la Hongrie est un signal fort pour l'euro", explique un spécialiste du change.

D'un point de vue plus fondamental, "la puissante combinaison d'un gain de Biden et des progrès sur les vaccins a entraîné une accentuation des courbes de rendement et a poussé les investisseurs à sortir de la courbe des taux, et du dollar", explique l'équipe économique d'ING, qui prévoit une baisse de 5 à 10 % additionnelle du dollar en 2021, "car la Fed laisse l'économie américaine s'emballer". Le bancassureur néerlandais s'attend au retour de la thématique rendue populaire par le bon mot d'un ancien patron du Trésor américain, selon lequel "le dollar est notre monnaie mais c'est votre problème". "Ces mots résonneront à Francfort lors de la réunion de la BCE le 10 décembre. La bonne nouvelle pour la BCE, cependant, est qu'en raison de la baisse généralisée du dollar – Asie comprise - l'euro pondéré par les échanges commerciaux a à peine bougé", conclut ING.

On l'aura compris, la baisse du dollar cette année reste l'un des "trades" les plus consensuels du marché. Mais quelles sont ses conséquences ? Quelques éléments de réponse avec John Plassard, l'infatigable économiste de Mirabaud Securities. D'abord, c'est un coup de pouce au secteur manufacturier américain. Ensuite, c'est un risque inflationniste (le coût des importations augmente) et cela améliore l'état du compte courant des Etats-Unis. En outre, cela devrait avoir un effet positif sur l'emploi et la croissance (hausse de la production et recours accru à la demande intérieure puisque s'approvisionner à l'étranger est plus cher). John Plassard signale aussi que les monnaies indexées ou partiellement indexées au dollar seront sous pression. Enfin, la compétitivité chinoise sera dégradée, ce qui n'est pas sans conséquences sur un pays aussi tourné vers l'export. L'économiste vise 1,22 pour la paire dans un premier temps, puis 1,25.

  • Tableau croise des principales paires de devises
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