En toute honnêteté, je ne pensais pas que les résultats trimestriels des entreprises permettraient aussi vite aux marchés actions de renouer avec les différentes nuances de vert. D'abord parce que les vents contraires faisaient craindre des lendemains moins roses que ne l'espéraient les marchés, ensuite parce que le calendrier est encore clairsemé cette semaine. En réalité, les premiers chiffres dévoilés sont solides quels que soient les secteurs d'activité, même si les financières sont surreprésentées. La semaine prochaine, une bonne cinquantaine de très grosses multinationales et une floppée d'entreprises plus petites permettront de dégager des tendances plus robustes.

Concrètement, le CAC40 a repris 1,33% hier et n'est plus qu'à 3% de son record de la mi-août. Les autres indices européens ont suivi le mouvement avec plus ou moins de dynamique, tandis que Wall Street fait feu de tout bois : entre 1,5% et 2% de gains pour les trois grands indices locaux, dopés à la technologique et à la valeur cyclique. Même les pétrolières, décidément tout-terrain actuellement, ont poursuivi leur ascension, en parallèle du baril.

Intéressons-nous ce matin à Microsoft, mais pas parce qu'elle pourrait venir à nouveau titiller la capitalisation d'Apple (il reste quand même 100 Mds$ d'écart, le poids d'Airbus en bourse, mais que sont 100 Mds$ quand on pèse 2 275 Mds$ ?). Plutôt parce qu'elle a gagné 2,2% hier alors que l'entreprise a annoncé la fermeture de Linkedin en Chine. Bon évidemment, aucun analyste financier ne valorisait sérieusement cette présence. Mais Linkedin (racheté par Microsoft en 2016) comptait quand même 53 millions d'utilisateurs dans le pays, soit environ 7% du nombre total d'inscrits sur le réseau social professionnel. Une telle annonce sur un marché occidental aurait probablement provoqué pas mal de remous.

En l'occurrence, Microsoft a fermé Linkedin, qui sera remplacé par un réseau ultra-allégé sans interactions aussi poussées, parce que la pression de Pékin devenait intenable. En version communiqué de presse politiquement correct, ça donne comme justification "un environnement opérationnel nettement plus difficile et des exigences de conformité accrues en Chine". Dans les faits, Microsoft censurait déjà largement son réseau sous la pression des autorités, aussi bien sur les contenus que sur les profils. En mars dernier, les régulateurs chinois avaient déjà tiré un coup de semonce.

Cette fermeture est symbolique à plus d'un titre. On l'ignore souvent, mais Linkedin était l'une des dernières plateformes occidentales à opérer en Chine. Google avait jeté l'éponge il y a plus de dix ans et Facebook ou Twitter sont persona non grata dans le pays. C'est assez cocasse, ou plutôt inquiétant, quand on connaît l'usage que fait la propagande chinoise de ces outils hors de ses frontières. Les bases de connaissance ne sont pas mieux loties : Pékin, qui bloquait les éditions chinoises de Wikipédia depuis 2015, a fermé les vannes de toutes les autres éditions en 2019. Même constat pour les moteurs de recherche, même si Bing (Microsoft encore) existe toujours en Chine, avec des contenus largement censurés.

Bref, la pression réglementaire devenait trop forte pour Linkedin, qui aurait sans doute dû déployer des trésors de compromission pour continuer à exister dans le pays. C'est une passerelle qui se coupe entre la Chine et le reste du monde, une de plus. Le PCC, le parti communiste chinois, renforce son emprise sur le numérique à la fois en plaçant en coupe réglée les figures de proue du pays, d'Alibaba à Tencent en passant par WeChat, Sina Weibo ou Douyin, mais aussi en musclant sa muraille de Chine virtuelle, le "grand firewall" qui permet de contrôler les accès au réseau depuis 2003. La dictature du PCC contre à la dictature du numérique ? Le pire des deux mondes en somme.

Sur les marchés, les investisseurs ont l'air d'avoir repris goût à l'interprétation positive des informations dont ils prennent connaissance, ce qui est un peu la norme depuis 2008 à l'exception de quelques épisodes de spleen sans lendemain. Les résultats d'entreprises sont rassurants, la banque centrale chinoise a reconduit ses mesures en faveur de la liquidité, les statistiques macroéconomiques américaines ont réservé quelques (minces) surprises positives… les craintes inflationnistes se sont retrouvées noyées sous cet amoncellement de nouvelles. Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,5% à 6718 points.

Les temps forts économiques du jour

La lecture finale de l'inflation française de septembre (8h45) précèdera quatre statistiques américaines : indice Empire State et Ventes de détail (14h30) puis indice de confiance des consommateurs de l'université du Michigan et stocks d'entreprises (16h00).

L'euro est remonté à 1,1609 USD, pendant qu'on l'once d'or se stabilise à 1794 USD. Sur le marché pétrolier, le Brent remonte à 84,60 USD tandis le WTI s'inscrit à 80,83 USD ce matin. La détente s'est poursuivie sur le marché des taux, avec une dette américaine à 10 ans rémunérée 1,52%, tandis que son homologue allemande s'affiche à -0,19%. Le bitcoin se rapproche à nouveau des 60 000 USD l'unité.

Les principaux changements de recommandations

  • Aker Solutions : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 23 NOK.
  • ArcelorMittal : Credit Suisse passe de neutre à surperformance en visant 42 EUR.
  • ASML : Piper Sandler démarre le suivi à surpondérer en visant 758 EUR.
  • BP Plc : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 425 GBp.
  • Danone : Davy a de surperformance à neutre.
  • Deutsche Lufthansa : Deutsche Bank passe de vendre à achat en visant 7,30 EUR. Stifel passe de vendre à conserver en visant 6 EUR.
  • ENI : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 10 à 13,50 EUR.
  • Equinor : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 215 à 260 NOK.
  • Euronav : Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 10 EUR.
  • Gecina : Goldman Sachs a de neutre à achat en visant 139,70 EUR.
  • InWit : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 11,85 EUR.
  • Lundin Energy : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 260 à 315 SEK.
  • Kesko : Inderes passe d'alléger à accumuler en visant 31 EUR.
  • OMV : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 65 EUR.
  • Rathbone : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 2075 à 2175 GBp.
  • Reka : Inderes passe de vendre à alléger en visant 3,50 EUR.
  • Royal Dutch Shell : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 20,50 à 25 EUR.
  • SAS : SpareBank passe de vendre à neutre en visant 1,90 SEK.
  • Siemens AG : Barclays passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 125 EUR.
  • Temenos : Goldman Sachs réduit son objectif de cours de 115 à 110 CHF. UBS reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 98 à 97 CHF.
  • The Social Chain : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 50 EUR.
  • The Weir Group : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 1845 à 1800 GBp.
  • TotalEnergies : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 43 à 50 EUR.
  • Wacker Chemie : Société Générale passe d'acheter à vendre en visant 145 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • Les ventes de véhicules neufs chutent de 25,2% en Europe en septembre, selon l'ACEA.
  • Jana Partners prend pied dans le capital de Macy's pour forcer la scission de la division commerce en ligne.
  • The Boeing Company encore confronté à un souci sur le Dreamliner, selon le Wall Street Journal.
  • La production de Rio Tinto baisse au troisième trimestre en raison de l'impact du COVID-19.
  • Linkedin (Microsoft), dernier réseau social encore installé dans le pays, quitte la Chine.
  • Les résultats d'Alcoa sont plus élevés que prévu.
  • Barry Callebaut dévoile la première boisson aux fruits nutraceutique.
  • Johnson & Johnson isole sa division talc dans une nouvelle unité qui sera placée sous chapitre 11 pour faire face aux contentieux en cours.
  • L'entreprise indienne Zee accuse Invesco de faire deux poids deux mesures dans la fusion avec Sony.
  • Virgin Galactic repousse au T4 2022 ses vols commerciaux.
  • Carl Icahn envisage de lancer une offre publique d'achat sur les actions de Southwest Gas Holdings.
  • Nestlé va cesser ses activités liées à l'eau embouteillée Cristalp et se concentrer sur la marque Henniez.
  • Principales publications de résultats : Goldman Sachs, J.B. Hunt, Vat Group

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