Frédéric Dodard, senior managing director, head of Portfolio Management – EMEA, chez State Street Global Adivisors est revenu pour AOF sur son allocation d'actifs. Dans un environnement de marché particulièrement tourmenté, l'expert se veut prudent, mais pas extrêmement pessimiste.

Comment voyez-vous évoluer les actions à court terme ?

Les marchés actions devraient continuer de fluctuer au quatrième trimestre et remonter un peu étant donné le niveau d'aversion que nous observons en septembre. Ils pourraient revenir à leur plus haut niveau de l'été. Nous restons prudents mais pas extrêmement pessimistes. La saison de publication des résultats sera déterminante. Il ne faudrait que ces résultats soient très au-dessous des attentes. De même, il ne faudrait pas que les banques centrales surprennent défavorablement.

Quelle est votre allocation ?

Au niveau global, nous sous-pondérons les actions et les obligations et surpondérons les actifs monétaires et les matières premières.

Au sein des actions, nous surpondérons légèrement les actions européennes. Elles peuvent tirer leur épingle du jeu malgré la crise de l'énergie. Des sociétés défensives comme Nestlé ou Novartis ont les armes pour résister aux ventes contraires. Nous privilégions quatre secteurs : l'énergie bien sûr qui profite de la flambée des prix, la consommation de base, les utilities et avec un peu plus de retenue, la finance. Les banques en effet devraient profiter de la hausse des taux et force est de constater qu'elles ont réalisé ces derniers mois de solides résultats. En revanche, nous sous-pondérons le real estate et la technologie qui sont durement affectés par la hausse des taux. Nous restons encore légèrement sous-pondérés sur l'industrie, qui s'en est plutôt bien tiré jusque là mais qui risque, lui aussi, d'être affecté par la hausse des coûts de production. Enfin, nous restons prudents sur la pharmacie qui doit gérer l'après-Covid et des litiges juridiques, à l'image de Sanofi.

Nous jugeons les Etats-Unis un peu chers et nous pensons que les perspectives de bénéfices sont surestimées. En relatif, nous sous-pondérons les grandes valeurs technologiques par rapport à l'Europe.

Concernant les émergents, nous étions longtemps à Surpondérer et nous avons pris la baisse. Aujourd'hui, nous sommes à sous-pondérer en raison des incertitudes entourant la Chine et certaines régions très vulnérables. Certes, des signaux positifs commencent à clignoter mais nous pensons qu'il est trop tôt pour se positionner, à part les grands pays exportateurs de matières premières.

Quelle est votre vision du marché des taux ?

Le marché des taux a rarement été aussi peu visible. Notre stratégie change d'ailleurs quasiment chaque mois. Nous surpondérons actuellement le monétaire et les emprunts d'Etat les moins sensibles aux variations de taux donc sur la partie la plus courte. Sur le crédit, on estime que le récent écartement de spreads montre que beaucoup de mauvaises nouvelles ont été intégrées, notamment dans le High Yield et sur la partie courte. Nous sommes neutres sur le HY mais il est trop pour sur-pondérer ce segment.

Propos recueillis par Pierre-Jean Lepagnot