par Jeff Mason et Steve Holland

WASHINGTON, 15 juillet (Reuters) - Le président américain Donald Trump a ordonné mardi la fin du traitement préférentiel de Hong Kong afin de punir la Chine pour ce qu'il a décrit comme des actes d'"oppression" contre l'ancienne colonie britannique, provoquant la colère de Pékin qui a prévenu qu'il prendrait des mesures de représailles.

Citant la nouvelle loi de sécurité nationale imposée par la Chine à Hong Kong le mois dernier, Donald Trump a signé un décret présidentiel destiné à mettre fin au traitement économique spécial qui a contribué à faire de la ville l'un des principaux pôles financiers mondiaux.

"Pas de privilèges spéciaux, pas de traitement économique spécial et pas d'exportation de technologies sensibles", a dit le président américain lors d'une conférence de presse depuis les jardins de la Maison blanche.

Donald Trump a aussi approuvé, quelques heures avant l'expiration du délai fixé, un texte voté au Congrès pour sanctionner les banques traitant avec des responsables chinois impliqués dans la mise en oeuvre de la nouvelle loi sécuritaire à Hong Kong.

"Je signe aujourd'hui une loi et un décret présidentiel pour tenir la Chine pour responsable de ses mesures agressives contre le peuple de Hong Kong", a-t-il déclaré. "Hong Kong va désormais être traitée de la même manière que la Chine".

Le décret présidentiel prévoit notamment la révocation des exemptions de licence pour les exportations vers Hong Kong et la fin du traitement spécial pour les détenteurs d'un passeport hongkongais.

A Pékin, le ministère des Affaires étrangères a fait savoir que la Chine prendrait des mesures de rétorsion contre des entités et individus américains en réponse à la loi américaine prévoyant des sanctions contre les banques qui traitent avec des responsables chinois impliqués dans la mise en oeuvre de la loi sécuritaire à Hong Kong.

Le communiqué, relayé mercredi par la presse officielle chinoise, ne fait cependant pas mention du décret présidentiel signé par Trump.

"Les affaires de Hong Kong sont purement des affaires internes de la Chine et aucun pays étranger n'a le droit d'interférer", écrit le ministère chinois des Affaires étrangères.

LE CORONAVIRUS, AUTRE POINT DE TENSION

Les détracteurs de la nouvelle loi de sécurité votée le mois dernier à Pékin craignent qu'elle rogne sur les libertés et l'autonomie promises à Hong Kong au moment de sa rétrocession à la Chine en 1997. Les autorités hongkongaises et chinoises jugent la loi indispensable pour ramener la ville à la stabilité après les manifestations parfois violentes de l'an dernier.

Cette loi sécuritaire est destinée selon Pékin à punir la subversion, le terrorisme, le séparatisme et la collusion avec des forces étrangères. Elle permet pour la première fois à des agences de sécurité chinoises de s'implanter à Hong Kong et d'extrader des suspects vers la Chine continentale.

Les relations entre Washington et Pékin, engagés de longue date dans un conflit commercial, s'étaient déjà tendues avec l'apparition de la pandémie de coronavirus ou encore les manoeuvres chinoises en mer de Chine méridionale.

La gestion de la crise sanitaire par Donald Trump a soulevé des doutes sur ses chances d'obtenir en novembre un nouveau mandat, alors qu'une flambée des cas de contamination au coronavirus est constatée dans de nombreux Etats américains. Il a tenté de rejeter le blâme sur la Chine.

"Ne vous méprenez pas. Nous tenons la Chine entièrement responsable d'avoir dissimulé le virus et l'avoir propagé à travers le monde. Ils auraient pu le stopper. Cela aurait été très facile à faire à la source, lorsque cela s'est produit", a dit Trump.

Interrogé sur l'éventualité d'une discussion avec son homologue chinois Xi Jinping, le président américain a répondu: "Je n'ai pas prévu de lui parler".

Plus tôt dans la journée, au cours d'un entretien sur la chaîne CBS News, Donald Trump a dit ne pas être intéressé par des discussions avec la Chine sur la "phase deux" de l'accord commercial. "Je n'ai pas envie de parler à la Chine d'un autre accord", a-t-il dit en référence à l'accord de "phase un" signé en janvier dernier. "L'encre n'était pas même pas sèche, et ils nous ont frappés avec l'épidémie. (avec David Brunnstrom, Alexandra Alper, Eric Beech et Patricia Zengerle; version française Jean Terzian)