Ces derniers jours, de nouveaux facteurs d'incertitude sont apparus pour les marchés financiers, mais tous confirment ce que les professionnels du secteur supputaient depuis longtemps déjà : tous les chemins mènent à l'élection présidentielle américaine. Et les deux sujets brûlants du moment, le nouveau plan de soutien américain et la course au vaccin contre le coronavirus plus que les autres. J'ignore ce que ses médecins ont donné à Donald Trump, mais le Président américain a très vite repris du poil de la bête en dézinguant tous azimuts hier. De son hémorragie de tweets, on retiendra surtout qu'il a décidé que les discussions sur un plan de relance étaient terminées et qu'une politique de soutien sera adoptée une fois qu'il aura été réélu. Et aussi que l'agence du médicament américaine fait partie du complot contre son second mandat.

Parlons d'ailleurs vaccin ce matin. On entend tout et n'importe quoi sur le sujet, en particulier sur le calendrier. Ou plutôt les calendriers puisque plusieurs équipes de recherche sont à l'œuvre. En préambule, je rappelle que la recherche clinique sur les vaccins, en particuliers grippaux, affiche des taux de succès très largement supérieurs à la recherche clinique globale, ce qui retire une partie de l'aléa habituel sur les fameux résultats. Il existe actuellement trois candidats-vaccins en avance sur les autres. Dans l'ordre, Pfizer / BioNTech, dont les résultats de phase III sont attendus ce mois-ci. Moderna, qui devrait communiquer en novembre ou en décembre et AstraZeneca / Université d'Oxford dont les données sont prévues en fin d'année. En supposant que ces vaccins seront tous efficaces, des doses commenceront à être disponibles à partir de l'autorisation de mise sur le marché, c’est-à-dire une fois que les agences de santé auront vérifié et validé les données produits. Cela se fera en un temps record par rapport à la normale, mais exige malgré tout une durée incompressible. Par conséquent, une vaccination à grande échelle ne devrait être possible qu'à partir du 3e trimestre 2021, plutôt en début de période pour la solution Pfizer / BioNTech et un peu plus tard pour les deux autres postulants. Si tout se passe comme prévu évidemment, ce qui est rarement le cas dans la recherche médicale.

Dans un excellent papier publié le 1er octobre, dont sont tirés quelques-uns des éléments précités, Liberum pense qu'il est raisonnable de tabler sur l'automne 2021 pour qu'une vaccination globale se dessine. C’est-à-dire dans un an. Et qu'il n'y aura pas plus de miracle cette fois que les autres : un vaccin a un taux d'efficacité qui n'atteint pas 100% et les antivaccins sont aussi de la partie. Liberum se livre à un calcul simple pour illustrer cela : si le vaccin est efficace à 70% et que 30% de la population refuse de se faire vacciner, cela signifie que 51% de la population peut encore être contaminée. Conclusion ? La distanciation physique a encore de beaux jours devant elle et un réel "retour à la normale" prendra du temps.

Retour sur la séance boursière. Il suffit de regarder un graphique de la journée de la veille à Wall Street pour trouver l'heure à laquelle Donald Trump a déclaré qu'il sifflait unilatéralement la fin de la partie pour la négociation sur le plan de relance. A partir de 20h47, les indices qui progressaient jusque-là se sont effondrés. Ils ont perdu plus de 1% à la clôture. L'énième discours de Jerome Powell sur la nécessité d'un soutien de l'administration à l'économie a été emporté avec l'eau du bain. Le CAC40, plutôt baissier en préouverture, a finalement ouvert quasiment étale à 4893 points, après ses gains de la veille, lors d'une curieuse séance qui avait fait la part belle aux damnés de la cote, les banques, l'automobile et les valeurs cycliques. Mais il ne faudrait pas enterrer trop vite les valeurs "Covid-proof".

Les temps forts économiques du jour

Les investisseurs s'intéresseront surtout à la production industrielle allemande (8h00) puis aux stocks pétroliers hebdomadaires aux Etats-Unis (16h30), pour patienter jusqu'à 20h00 et la publication des minutes de la dernière réunion de la Fed.

L'euro est baissier à 1,1730 USD. L'once d'or a reperdu ses gains récents, à 1882 USD. Le pétrole reste enfermé dans son canal récent, à 39,80 USD le WTI et 41,90 USD le Brent. Le T-Bond affiche 0,75% de rendement sur 10 ans. Le Bitcoin recule légèrement à 10 577 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Amadeus : HSBC passe d'acheter à alléger en visant 40 EUR.
  • Anheuser-Busch Inbev : Jefferies passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 50 à 60 EUR.
  • Carlsberg : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 1040 à 975 DKK.
  • Diageo : Jefferies passe de sousperformance à acheter avec un objectif de cours relevé de 2200 à 3300 GBp.
  • Dufry : MainFirst passe de vendre à conserver en visant 30 CHF.
  • Glencore : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 230 GBp.
  • Heineken : Jefferies passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 75 à 95 EUR.
  • K+S : DZ Bank reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 6,50 à 7,50 EUR.
  • Pernod Ricard : Jefferies passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 142 à 170 EUR.
  • PostNL : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 2,60 à 3 EUR.
  • Royal Unibrew : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 740 à 700 DKK.
  • Siemens Energy : Citigroup démarre le suivi à la charge en visant 27 EUR.
  • Sika : Morgan Stanley passe de pondération en ligne surpondérer en visant 274 CHF.
  • Simcorp : Exane BNP Paribas démarre le suivi à sousperformance en visant 740 DKK.
  • Sonova : Jefferies reste à conserver avec un objectif relevé de 235 à 238 CHF.
  • The Go-Ahead : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1710 à 1300 GBp.

L’actualité des sociétés

En France

Danone récupère 470 M€ de la cession de ses derniers 6,6% dans Yakult. La France commande 10 hélicoptères NH90 à Airbus pour ses forces spéciales. La production nucléaire d'Electricité de France s'est contractée de 21% en septembre. Total prend 20% du projet de ferme flottante pilote eolmed en Méditerranée. Safran place 200 M€ d'OCEANE. Cafom a cédé Habitat à Thierry Le Guénic, en dotant la société d'une trésorerie d'un an et en conservant la propriété du nom et quatre magasins ultramarins. SMCP change de directeur financier. Oncodesign obtient un financement non-dilutif de 15,9 M€ sous forme de PGE. Gaussin présente deux nouveaux véhicules à hydrogène. Voluntis obtient un brevet américain pour le moteur algorithmique de sa plateforme de thérapie numérique Theraxium. Drone Volt vend 9 Hercules. Ecomiam s'introduit en haut de fourchette à 11,55 EUR et lève 12,6 M€ pour son entrée sur la Bourse de Paris. Ateme et Anevia ont signé les accords nécessaires à leur rapprochement, avant une offre publique à 3,50 EUR l'action Anevia. Altamir cède sa participation dans SK FireSafety. ASIT biotech obtient une deuxième prorogation de sursis de 4 mois. Ober, Predilife, Olympique Lyonnais ont publié leurs comptes.

Dans le monde

La SEC s'apprête à accuser le General Electric de fraude comptable, une accusation qui pendait au nez du conglomérat. Sans surprise, le rapport parlementaire américain sur le comportement des géants de la technologie Alphabet, Apple, Amazon.com et Facebook montre d'importants abus de position dominante et compare ses ex-start-ups aux barons du pétrole et aux magnats des chemins de fer de jadis. Apple a organisé un événement le 13 octobre, au cours duquel il devrait présenter sa nouvelle famille d'iPhone. La FDA demande deux mois de données fiables avant d'accorder une autorisation de mise sur le marché en urgence de vaccins Covid-19, ce qui ne changera pas l'ordre théorique d'arrivée des données, avec le duo Pfizer / BioNTech d'ici la fin du mois, avant Moderna rapidement après (mais disponibilité des données ne signifie PAS disponibilité du vaccin).  GlaxoSmithKline et Vir Biotechnology portent leur traitement Covid-19 en phase III. Continental réfléchit à la cession de certains de ses divisions automobiles, dont Vitesco Technologies et Contitech. L'administration fédérale de l'aviation américaine a publié mardi un projet de rapport sur une révision des procédures de formation des pilotes de The Boeing Company 737MAX, une nouvelle étape vers le retour en vol de l'appareil. Levi Strauss bondit de plus de 10% hors séance après la publication de ses trimestriels. Facebook interdit tous les groupes liés au mouvement complotiste QAnon. Bonne performance pour Tesco au premier semestre, mais légèrement en deçà des attentes.

Ça publie. Costco Wholesale, Tesco, Aeon, Cropenergies, Bastide

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