* Deux semaines après l'annonce de la victoire de Biden, Trump refuse de reconnaître sa défaite

* Mais il n'a pas fourni aux chefs républicains de la législature du Michigan d'informations de nature à changer l'issue du scrutin dans leur Etat

* "Notre candidat n'a pas remporté les suffrages en Georgie", dit le secrétaire d'Etat républicain de cet Etat du Sud

* L'obstination du président sortant agace certains élus républicains

par Matt Spetalnick et Michael Martina

WASHINGTON, 21 novembre (Reuters) - Les chefs républicains de la législature du Michigan, convoqués vendredi à la Maison blanche par Donald Trump, sont ressortis de leur réunion avec le président sortant en affirmant qu'ils n'avaient reçu aucune information de nature à changer le résultat de l'élection présidentielle du 3 novembre dans leur Etat.

Le Michigan est l'un des Etats où l'équipe de campagne de Trump veut obtenir l'annulation de la victoire déclarée de Joe Biden en se fondant sur des allégations non établies de fraude électorale.

"Nous n'avons toujours pas été mis au courant d'information qui changerait l'issue de l'élection dans le Michigan et en tant que présidents de la législature, nous respecterons la loi et suivrons le processus normal concernant les grands électeurs du Michigan", ont cependant écrit dans une déclaration commune Mike Shirkey, chef de file de la majorité républicaine du Sénat du Michigan, et Lee Chatfield, qui préside la Chambre des représentants de l'Etat.

Ils ajoutent que "le processus de certification (des résultats) au Michigan doit être un processus volontaire exempt de menaces et d'intimidation".

Leur déclaration est un revers pour la stratégie mise en oeuvre par les équipes de Donald Trump.

Deux semaines après la proclamation de la victoire de son adversaire démocrate, et après une série de défaites en justice, le président sortant et ses conseillers tentent désormais de convaincre les instances législatives d'Etats clés contrôlés par les républicains, comme le Michigan ou la Pennsylvanie, d'élire leurs propres grands électeurs en ignorant le vote populaire.

Les avocats du président sortant soutiennent que la Constitution donne aux législatures de chaque Etat, et non aux gouverneurs ou aux secrétaires d'Etat, le pouvoir ultime de désigner les grands électeurs qui le représenteront au Collège électoral.

Mais la déclaration des deux chefs de la législature du Michigan, à leur sortie de la Maison blanche, a porté un coup à cette initiative sans précédent dans l'histoire moderne des Etats-Unis.

Autre revers pour le camp Trump, le secrétaire d'Etat de la Géorgie, le républicain Brad Raffensperger, a annoncé que le recomptage à la main de l’ensemble des bulletins de vote avait confirmé la victoire de Joe Biden dans cet Etat du Sud où aucun candidat démocrate à la Maison blanche ne s'était imposé depuis Bill Clinton en 1992.

"Comme d'autres républicains, je suis déçu, notre candidat n'a pas remporté les suffrages en Georgie", a-t-il dit vendredi.

LE PERDANT DOIT "FAIRE PASSER LE PAYS D'ABORD,

FÉLICITER LE VAINQUEUR ET L'AIDER"

Pour autant, Donald Trump, qui s'exprimait vendredi devant la presse à la Maison blanche, a réaffirmé qu'il avait gagné l'élection.

Mais en s'accrochant à ses accusations de fraude et en refusant de reconnaître la victoire de Joe Biden, freinant de ce fait la transition, le président est en train d'accentuer les divisions dans son camp républicain.

Quelques élus supplémentaires du Grand Old Party ont rejoint ceux qui, comme Mitt Romney, pressent leur président d'engager la transition qui aboutira à l'investiture de Joe Biden le 20 janvier prochain.

Le sénateur du Tennessee Lamar Alexander, qui se retirera à la fin de l'année, a ainsi indiqué que Biden avait une "très bonne chance" de devenir le 46e président des Etats-Unis et a engagé l'administration Trump à lancer le processus de transition.

Le perdant de l'élection, a-t-il ajouté, doit "faire passer le pays d'abord, féliciter le vainqueur et l'aider pour permettre un bon départ du nouveau mandat".

Elue du Maine, la sénatrice Susan Collins a relevé de son côté que Trump avait deux manières d'agir pour contester ce qu'il "perçoit comme des irrégularités électorales". "La bonne manière, c'est de compiler des preuves et lancer des procédures légales devant nos tribunaux; la mauvaise, c'est de tenter de faire pression sur les officiels chargés des élections dans les Etats."

Les processus de certification des résultats des élections dans les 50 Etats du pays sont en cours et devraient confirmer que Joe Biden obtiendra bien 306 voix au Collège électoral, quand 270 suffisent pour être élu, contre 232 pour Donald Trump.

Le vote des grands électeurs est fixé au 14 décembre.

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LE POINT sur la victoire déclarée de Joe Biden

PROJECTIONS 306 grands électeurs pour Biden, 232 pour Trump - Edison Research

(avec Steve Holland, Alexandra Alper, Eric Beech et Jan Wolfe version française Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André)