Washington (awp/afp) - Le marché de l'emploi aux États-Unis a déjoué les pronostics en janvier, affichant une santé de fer en dépit des craintes de ralentissement et annonces de licenciements, les créations d'emplois ayant bondi, et le taux de chômage étant au plus bas depuis 1969.

Au cours du premier mois de l'année, ce sont 517'000 emplois qui ont été créés, a annoncé vendredi le département du Travail.

C'est près du double par rapport à décembre, qui en a compté 260'000, selon des données révisées à la hausse et également publiées vendredi. Les analystes, eux, anticipaient un ralentissement, à 187'000, selon le consensus de Briefing.com.

Quant aux taux de chômage, qui avait déjà retrouvé depuis plusieurs mois son niveau d'avant la pandémie, le plus bas en 50 ans, il recule encore un peu, à 3,4% (-0,1 point), alors qu'il était attendu en légère hausse, à 3,6%.

"La croissance de l'emploi a été généralisée, tirée par des gains dans les loisirs et l'hôtellerie, les services professionnels et commerciaux et les soins de santé. L'emploi a également augmenté au sein du gouvernement, reflétant en partie le retour des travailleurs après une grève", détaille le département du Travail dans son communiqué.

"Grande démission"

Rien ne semble donc arrêter le marché de l'emploi, toujours solide malgré le ralentissement économique provoqué par la politique monétaire de la banque centrale américaine, la Fed, dans le but de juguler la forte inflation.

Les chiffres des créations d'emplois dans le seul secteur privé, publiés mercredi, avaient montré un fort ralentissement, dû à des conditions météorologiques défavorables, avec des inondations dévastatrices en Californie et de fortes chutes de neige dans le centre et l'est des États-Unis, selon l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab.

Mais qu'on ne s'y trompe pas: "nous voyons un marché du travail toujours solide en dehors des conséquences météorologiques", avait indiqué la cheffe économiste d'ADP, Nela Richardson.

Un signe, quand même, tend à montrer que la situation évolue: la hausse des salaires est désormais moins forte.

Car depuis près de deux ans, la balle était dans le camp des employés, tant le pays manquait de main d'oeuvre. Les entreprises ne parvenaient pas à trouver suffisamment de travailleurs, et, pour attirer les candidats et retenir leur personnel, ont dû proposer des salaires plus élevés, le tout en plein épisode de flambée de l'inflation.

La "Grande Démission" a vu des millions de personnes quitter leur emploi pour profiter de conditions plus favorables dans une autre entreprise.

Les salaires ont nettement augmenté depuis près de deux ans aux États-Unis, en raison d'une pénurie de main d'oeuvre, et alors que l'inflation a grimpé jusqu'à ses plus hauts niveaux en plus de 40 ans.

Question de temps

Échaudés par ces difficultés et alors que l'économie ralentit désormais, les employeurs hésitent à licencier ces salariés qu'ils ont eu tant de mal à recruter et qu'ils ont dû former.

Les entreprises du secteur de la tech cependant, qui avait recruté à tour de bras depuis le début de la pandémie, voit la situation se retourner et les annonces de licenciements se multiplient, au sein de la maison mère de Google, Alphabet, Amazon, Meta, ou encore Microsoft.

Mais ailleurs, ce sont aussi FedEx, 3M, ou encore Goldman Sachs, qui se séparent d'une partie de leur personnel.

Malgré cela, "les licenciements dans l'ensemble (...) restent faibles, et (ceux) que nous constatons dans certains secteurs ne se sont pas encore traduits par une augmentation des nouvelles demandes d'assurance-chômage", avait relevé jeudi Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics.

Les inscriptions au chômage, en effet, ont même reculé au cours de la dernière semaine de janvier, tombant à leur plus bas niveau depuis le mois d'avril, avait annoncé le département du Travail.

Mais ça n'est qu'une question de temps, estime Ian Shepherdson, chef économiste pour Pantheon Macroeconomics: "la tendance (des licenciements) est à la hausse et les inscriptions suivront".

afp/buc