En finance, il y a des choses qui sont tout à fait imprévisibles, et d'autres qui sont cousues de fil blanc. Nul besoin d'avoir des talents de divination particulièrement pointus pour anticiper de mauvais chiffres macro-économiques en Chine en septembre, tant le pays s'est retrouvé au centre de l'actualité négative, aussi bien au niveau des pénuries énergétiques qui ont affecté l'activité que du scandale financier Evergrande. Résultat, les performances de l'industrie ont été médiocres en septembre, ce qui transparaît dans les indicateurs PMI publiés cette nuit. La composante manufacturière de cet indice très suivi est passée sous la barre des 50 points, ce qui traduit une contraction économique. La bonne nouvelle, c'est que le marché s'y attendait. L'autre bonne nouvelle, c'est que la composante des services est apparue étonnamment vigoureuse.

Apparemment, les autorités chinoises ont l'air décidées à lâcher un peu la bride à leurs champions énergétiques pour qu'ils satisfassent la demande. Si les explications fournies par Bloomberg sont correctes, la pénurie d'offre de charbon en Chine trouverait son origine dans une loi remontant à mars dernier, qui durcissait la réglementation du secteur pour éviter les accidents miniers, alors en vive augmentation. Ce texte aurait poussé les dirigeants d'entreprises à limiter les accélérations de production, conduisant au déséquilibre actuel. Le charbon est désormais si cher en Chine que la plupart des centrales électriques fonctionnent à perte, selon l'agence financière. Cette crise énergétique chinoise, par un effet papillon, provoque des ondes de choc un peu partout et ajoute à la confusion sur la désorganisation des chaînes logistiques.

Au Royaume-Uni par exemple, la flambée des prix énergétiques a acculé à la faillite trois petits fournisseurs d'énergie hier, portant à dix le nombre de banqueroutes en deux semaines dans le secteur. Ces acteurs sautent à cause du gouffre qui s'est ouvert entre les prix facturés à leurs clients particuliers et leurs coûts d'approvisionnement. Ces victimes collatérales répondant aux noms d'Igloo Energy, Avro ou Green Energy couvraient quand même 1,7 million de foyers britanniques. Le régulateur local de l'énergie fait basculer directement leurs contrats sur des acteurs de plus grande taille, qui ont les reins plus solides mais qui subissent des pressions analogues. Le gouvernement de Sa Majesté risque d'avoir à faire preuve d'interventionnisme pour stabiliser la situation.

Les Etats-Unis sont un peu moins concernés par cette crise énergétique. Et ils ont d'autres chats à fouetter. J'en parlais hier, la Maison Blanche est dans une posture délicate avec ses promesses de plans d'investissements. Sa majorité est trop mince et trop fragile au Capitole pour espérer avoir les coudées franches, si bien qu'il lui faut chercher un accord bipartisan. A la fois sur le plan d'infrastructures, qui prévoit une enveloppe de plus de 1 000 Mds$, et sur le projet social de 3 500 Mds$. Le premier semblait acquis, d'autant qu'il a été sévèrement raboté par rapport aux ambitions initiales, mais plus rien n'est évident. Quant au second, il paraît à peu près certain qu'il est mort-né en l'état, en tout cas dans cette proportion. Les républicains, qui boivent du petit-lait, ont une carte majeure puisque leur soutien est indispensable pour repousser le plafond de la dette, sans quoi le Trésor américain n'a plus le droit de se refinancer. Appelez cela comme vous voulez, du chantage ou de la négociation : en tout cas les démocrates seront forcés à des compromis. Joe Biden a perdu l'initiative en même temps que son aura dans les enquêtes de satisfaction. Et il fait face à des dissensions au sein même de son parti. Sa période de grâce est bel et bien terminée et cela ne sera pas sans conséquences économiques aux Etats-Unis. Mais je serai bien incapable de dire lesquelles à ce stade.

Les marchés actions, eux, ont l'air de vivre à nouveau à l'heure des variations de taux obligataires. Leur détente symbolique hier, ou du moins le coup d'arrêt à leur ascension, a contribué à installer le rebond. Le CAC40 démarre en hausse de 0,6% à 6600 points. Pour l'anecdote, l'indice parisien évolue en hausse de 0,8% par rapport à son cours du 30 juin en clôture (6560 vs 6507). Si tout se passe bien aujourd'hui, les optimistes pourront décréter que le bilan trimestriel est légèrement positif. Les autres parleront d'un été pour rien.

Les temps forts économiques du jour

Le PIB Trimestriel britannique (8h00), l'inflation française de septembre (8h45) et les chiffres de l'emploi en Allemagne (9h55) et en Europe (11h00) précèderont l'inflation allemande de septembre (14h00). Aux Etats-Unis, les demandes d'allocations chômage hebdomadaires et le PIB trimestriel (14h30) laisseront la place à l'indice PMI de Chicago. Ce matin, le Japon a publié de mauvais chiffres mensuels au niveau de la production et de la consommation. En Chine, le PMI manufacturier de septembre est entré en zone de contraction (49,6 points) selon la lecture officielle et se retrouve tout juste à 50 points selon le marqueur Caixin. En revanche, le PMI des services est bien plus vigoureux que prévu (53,2 points).

L'euro recule à 1,16 USD. L'or baisse à 1732 USD l'once. Le pétrole reste ferme à 78,35 USD le baril de Brent et 74,80 USD le baril WTI. Les taux à 10 ans se détendent légèrement, à 1,52% pour le T-Bond et -0,21% pour le Bund. Le bitcoin reprend 5% à 43 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aroundtown : Goldman Sachs passe de neutre à achat en visant 7,50 EUR.
  • Atos : HSBC passe de neutre à l'achat en visant 55 EUR.
  • Bâloise : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 185 à 151 CHF.
  • Barclays : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 300 à 315 GBp.
  • Bossard : UBS relève son objectif de cours de 261 à 280 CHF.
  • Cogelec : Midcap Partners passe d'acheter à conserver en visant 10 EUR.
  • Dometic : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 170 à 184 SEK.
  • Electrocomponents : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1230 à 1250 GBp.
  • Enel : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 7,30 à 7,70 EUR.
  • Euronext : J.P. Morgan reprend le suivi à neutre en visant 108 EUR.
  • Ferguson : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 11 560 à 12 067 GBp.
  • Invibes : GreenSome Finance reste acheteur avec un objectif relevé de 18,25 à 20,85 EUR.
  • Logitech : Research Partners passe de conserver à acheter.
  • Medacta : BS relève son objectif de cours de 113 à 138 CHF.
  • Nordea : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 115 à 120 SEK.
  • Orpea : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 135 à 138 EUR.
  • Scout24 : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 64 EUR.
  • Société Générale : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 37 à 38 EUR.
  • Trainline : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 350 à 440 GBp.
  • VP Bank : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif réduit de 139 à 127 CHF.
  • Westwing : AlsterResearch démarre le suivi à l'achat en visant 47 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Legrand réalisé sa première émission obligataire indexée sur sa trajectoire de neutralité carbone pour un montant de 600 M€.
  • Vinci signe un gros contrat de 120 M€ à Toronto.
  • Alstom signe un gros contrat à Taiwan.
  • Les autorités italiennes pourraient autoriser une demande d'extradition vers les États-Unis de Sergio Pasini, cadre de Stellantis, pour son implication dans le scandale de la fraude aux émissions polluantes de Fiat Chrysler, selon Reuters.
  • Renault veut économiser 60 M€ par an avec moins de sites tertiaires.
  • Saint-Gobain achève l'acquisition de la société chimique Chryso.
  • Veolia obtient la concession de chauffage urbain de Tachkent pour 30 ans.
  • Patrick Drahi a approché Eutelsat, qui a repoussé l'avance, mais les discussions sont encore en cours. L'offre initiale aurait été libellée à 12,10 EUR par action.
  • Xavier Niel détient plus de 96% du capital d'Iliad à l'issue de l'OPA.
  • Virbac et Jectas Innovators signent un accord de partenariat pour le développement de vaccin(s) en santé animale.
  • Quadient franchit le cap des 10 000 clients pour ses solutions logicielles.
  • Le bloc de contrôle d'Artefact change de mains à 7,80 EUR l'action.
  • Nacon va racheter les 46,85% non détenus dans le studio de jeux vidéo italien Lunar Great Wall Studios.
  • Novacyt lance de nouveaux tests et en retarde d'autres.
  • Intrasense et Sensorion participent à des conférences.
  • Carbios démarre son démonstrateur industriel utilisant la technologie de recyclage enzymatique C-ZYME.
  • Entech réussit son entrée en bourse.
  • Rubis, Hydrogène de France et McPhy participent à la construction de la première centrale électrique multi-mégawatts à hydrogène au monde en Guyane.
  • Solutions 30, Marie Brizard, Bénéteau, Xilam, Riber, Valbiotis, Egide, Altur, Genfit, PlanetMedia, EPC Groupe, Graines Voltz, Aurea, Alan Allman, Cogelec, 1000Mercis, Invibes, Coheris et HF Company ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • The Boeing Company obtient un contrat complémentaire de 23,8 Mds$ de l'US Air Force pour une flotte de C-17 Globemaster III.
  • Walgreens Boots Alliance est en pourparlers avec Evolent Health en vue d'une acquisition, selon Bloomberg.
  • L'étude de phase III de Regeneron montre que REGEN-COV réduit de 70 % les décès et les hospitalisations chez les patients atteints de COVID-19.
  • Dufry n'a pas besoin de nouvelle injection de fonds, selon son directeur général.
  • Marks and Spencer veut atteindre la neutralité carbone d'ici 2040.
  • Knaus Tabbert (camping-cars) retire ses prévisions pour l'exercice 2021 en raison d'une pénurie croissante de matériaux.
  • La FAA autorise Virgin Galactic à opérer des vols spatiaux.
  • Boohoo réduit ses prévisions.
  • Le bénéfice de juin-août de Hennes & Mauritz augmente plus que prévu.
  • Traton remplace son CEO et son CFO.
  • Alphawave s'effondre après les accusations du Financial Times.
  • La cotation des actions de Medmix, une scission de Sulzer, démarre ce jeudi à la Bourse suisse SIX.
  • Hexagon Purus rachète l'entreprise allemande Wystrach.
  • Novartis annonce des données positives en phase II avec une thérapie de la malaria.
  • Principales publications de résultats : Paychex, Carmax, Autogrill

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