Après le gros coup de déprime aux États-Unis vendredi, les indices boursiers de Wall Street ont fait le chemin inverse lundi, en clôturant légèrement au-dessus de leur niveau de jeudi soir. Le yo-yo continue donc sur les marchés actions, les investisseurs espérant pour la 32e fois de l'année que la phase du "un pas en avant, deux pas en arrière" est terminée. En Europe, les indices avaient, eux aussi, choisi le chemin de la hausse, avec des gains plutôt copieux en France, en Allemagne ou en Suisse. Après avoir hésité en début de matinée, les places du vieux continent ont accru leurs gains après le spectaculaire retournement de veste du nouveau gouvernement britannique sur sa politique à venir. Liz Truss a présenté ses plates excuses pour avoir failli couler le navire, mais entend rester à la barre. La coterie politique londonienne a l'air d'en prendre son parti, sous réserve que la première ministre reste sous la tutelle de son nouveau chancelier de l'échiquier, Jeremy Hunt (NB : le chancelier de l'échiquier est le Bruno Le Maire britannique).

Le puissant rebond a profité aux trois types d'actions habituels, sans surprises. Les titres avec un bêta élevé, c’est-à-dire ceux qui surréagissent aux variations globales généralement en raison de leur piètre qualité (par exemple Orpea ou Atos en France). Les titres technologiques (à l'image de Microsoft ou Dassault Systèmes) et les actions généralement perçues comme survendues sur la période récente (d'où le bond de 7% de Tesla). J'y ajoute les valeurs financières, apparemment galvanisées par les résultats de Bank of America. Côté obligataire, les Gilts ont rugi de plaisir hier aux annonces de Hunt, mais les taux américains sont restés presque sourds à l'enthousiasme ambiant, avec une dette à 10 ans rémunérée à peine moins de 4%.

La volte-face britannique n'est pas la seule surprise du début de semaine. Un autre chancelier exerçant d'autres fonctions dans un autre pays a lui fait l'aventurier en prenant une décision à contre-courant mais dictée par la nécessité. Olaf Scholz a annoncé la prolongation de la durée de vie des trois dernières centrales nucléaires allemandes jusqu'au mois d'avril prochain. Initialement, l'une d'elles devait fermer définitivement ses réacteurs avant la fin de l'année. En réalité, c'est une évolution modeste - le pays n'a pas pour autant renoncé à sortir du nucléaire - mais elle renforce la base de production pour l'hiver à venir. Enfin, dernière curiosité, la Chine n'a pas publié comme prévu sa croissance du 3e trimestre cette nuit. Le Bureau national des statistiques a précisé que l'annonce est reportée, sans donner de nouvelle date. De bons connaisseurs du dossier estiment que Pékin a fait en sorte que le congrès du parti communiste ne soit pas parasité par des données économiques. De toute façon, c'est le PCC qui décide.

Les investisseurs vont sans doute se concentrer sur les publications des résultats d'entreprises, histoire de ne pas trop regarder vers la macroéconomie. Avec quelques grosses signatures comme Johnson & Johnson, Nestlé, Roche, BHP Group, Netflix, Goldman Sachs, Eurofins ou Hasbro, au milieu d'entreprises de taille plus modeste. Dans le reste de l'actualité des sociétés, les rumeurs sur le Crédit Suisse se multiplient mais la banque n'a pas annoncé de nouvelle amende pour mauvaise conduite entre minuit et 7h47, j'imagine donc que c'est une bonne journée qui s'annonce pour elle. Enfin, je décerne ce matin le prix de la valorisation au doigt mouillé à Intel, qui essayait de fourguer Mobileye au marché pour 50 milliards de dollars il y a quelques mois mais qui aurait revu ses ambitions à moins de 20 milliards de dollars cette semaine. Une bulle sur les actifs technologiques ? Quelle bulle sur les actifs technologiques ?

Les marchés d'Asie Pacifique gagnent du terrain ce matin, avec des hausses supérieures à 1% au Japon, à Hong Kong ou en Australie. Les indicateurs avancés européens montrent que le rebond devrait se poursuivre dans les premiers échanges. Le CAC40 a démarré la séance en hausse de 0,96% à 6098 points.

Les temps forts économiques du jour

Le sondage ZEW du moral des financiers allemands tombera à 11h00. Il sera suivi aux Etats-Unis par la production industrielle de septembre (15h15) et par les prix immobiliers de la NAHB (16h00). Tout l'agenda macro ici.

L'euro est remonté à 0,9839 USD. L'once d'or se négocie 1652 USD. Le pétrole est relativement stable, avec un Brent de Mer du Nord à 91,95 USD le baril et un brut léger américain WTI à 85,89 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans reste légèrement en-deçà de 4%. Le bitcoin reste proche de 19 500 USD l'unité.

Les principaux changements de recommandations

  • Accelleron : Julius Bär démarre le suivi à l'achat en visant 21 CHF.
  • Adevinta : Berenberg passe de conserver à vendre en visant 64 NOK.
  • Antofagasta : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération ligne en visant 1220 GBp.
  • BioMérieux : Morgan Stanley reprend le suivi à surpondérer en visant 108 EUR.
  • Coloplast : Morgan Stanley reprend le suivi à surpondérer en visant 978 DKK.
  • Dassault Systèmes : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 46,50 à 41,50 EUR.
  • Dechra Pharmaceuticals : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 3112 GBp.
  • Demant : Morgan Stanley reprend le suivi à souspondérer en visant 191 DKK.
  • Elekta : Morgan Stanley reprend le suivi à souspondérer en visant 63 SEK.
  • Getinge : Morgan Stanley reprend le suivi à surpondérer en visant 274 SEK.
  • Givaudan : Julius Bär reste à conserver avec un objectif réduit de 3600 à 3200 CHF.
  • Intercos : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 15,90 à 12,70 EUR.
  • Lenzing : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 100 à 55 EUR.
  • Lundbeck : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 35 à 27 DKK.
  • Medacta : Morgan Stanley reprend le suivi à surpondérer en visant 109 CHF.
  • Mips : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 430 à 385 SEK.
  • Nemetschek : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 69 à 55 EUR.
  • Philips : Jefferies passe de conserver à sous performance en visant 11,40 EUR.
  • Rexel : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 19 EUR.
  • Safran : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 106 à 107 EUR.
  • Schibsted : Berenberg passe de conserver à vendre en visant 140 NOK.
  • Siemens Healthineers : Morgan Stanley reprend le suivi à surpondérer en visant 57 EUR. Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 61 à 53 EUR.
  • Straumann : Morgan Stanley reprend le suivi à souspondérer en visant 97 CHF.
  • Temenos : Julius Bär reste à conserver avec un objectif réduit de 70 à 55 CHF.
  • Virbac : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 296 EUR.

En France

Résultats des entreprises

  • Eurofins : Le réseau de laboratoires confirme ses prévisions après la publication de ses chiffres trimestriels. Il prévoit de réviser ses objectifs de moyen terme pour tenir compte des événements en cours.
  • Publicis : Le groupe relève une nouvelle fois ses perspectives pour 2022 après un résultat positif au T3.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Jet2 passe une commande pour 35 Airbus
  • Pernod Ricard se renforce dans la tequila haut de gamme avec Codigo 1530 Tequila.
  • Edenred rachète l'américain IPS.
  • Le trafic d'Aéroports de Paris poursuit son redressement en septembre.
  • Frey signe un crédit de 110 M€ assorti de conditions ESG.
  • Voltalia démarre la construction d'un parc éolien en Nouvelle-Aquitaine.
  • Europlasma signe un contrat de 8 M€.
  • 2CRSi, Clever Cloud, Kalray et Vates s'unissent pour équiper les data centers de matériels souverains et innovants.
  • Biocorp et BD s'associent dans les dispositifs connectés d'administration de médicaments.
  • Catana, Prodways, Visiomed, Groupe Okwind ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • 888 : Le chiffre d'affaires trimestriel du bookmaker recule dans un contexte d'incertitude réglementaire au Royaume-Uni.
  • Deutsche Lufthansa : La compagnie relève ses prévisions après un quasi-doublement du chiffre d'affaires au T3.
  • Rio Tinto : Le groupe minier a prévenu qu'il voyait des risques de baisse de la demande en raison du ralentissement de l'économie mondiale.
  • Roche : Le chiffre d'affaires du T3 a atteint 14,74 MdsCHF, pour un consensus à 15,25 CHF. Les objectifs sont confirmés.
  • Swiss Re : Le réassureur sera en pertes au T3, à cause des remboursements liés à l'ouragan Ian, avec des demandes évaluées à 1,3 Md$ le concernant et une facture globale assurée estimée entre 50 et 65 Mds$.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les immatriculations de véhicules neufs ont progressé de 7,9% en Europe en septembre, selon l'ACEA.
  • Intel revoit ses ambitions à la baisse pour l'introduction en Bourse de Mobileye, selon le Wall Street Journal, de 50 à 20 Mds$.
  • Le patron de la banque d'investissement de Credit Suisse, Christian Meissner, va quitter le groupe, selon plusieurs sources. Bloomberg croit en parallèle savoir que le groupe a démarré le processus de cession de sa branche gestion d'actifs aux Etats-Unis.
  • L'Allemagne va allonger la durée de vie de ses trois centrales nucléaires.
  • Exxon Mobil évincé par Moscou d'un gigantesque projet pétrolier en Russie.
  • SoftBank sort de THG.
  • Implenia remporte un contrat pour la construction d'un grand laboratoire complexe pour l'Université de Bâle.
  • Les quatre grands gestionnaires d'actifs allemands (Allianz Global Investors, Deka Investments, Union Investment et DWS) continuent d'investir dans les industries fossiles, selon Reclaim Finance, Greenpeace et Urgewald.
  • Principales publications du jour : Johnson & Johnson, Nestlé, BHP Group, Netflix, Goldman Sachs, Intuitive Surgical, Eurofins, Wise, Hasbro… Tout l'agenda ici.

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