On démarre ce matin avec le mariage annoncé hier d'Activision Blizzard avec Microsoft, ou plutôt l'entrée de l'éditeur de jeux vidéo dans l'escarcelle du géant des logiciels. Le prix proposé de 70 Mds$, pour colossal qu'il est, ne représente que 2,9% de la capitalisation du créateur de Windows. Il s'agit toutefois de sa plus grosse acquisition, loin devant celle de Linkedin en 2016 (28 Mds$) ou de Nuance l'année dernière (18 Mds$). Cette transaction secoue le Landernau du jeu vidéo, comme en témoigne la chute de 9% de l'action Sony ce matin ou la flambée de 12% d'Ubisoft hier. Elle soulève aussi des questions antitrust qui seront examinées un peu partout dans le monde, notamment aux Etats-Unis.

Qui enterre-ton aujourd'hui ?

Et bien d'abord on enterre le Nasdaq. Avec sa baisse de 2,57% hier, l'indice technologique s'approche à nouveau de la zone de correction. Bon ne l'enterrons pas trop vite quand même, il a souvent eu pas mal de répondant ces dernières années. "Les corrélations historiques impliquent une baisse de la valorisation du Nasdaq de l’ordre de 10% supplémentaires par rapport au niveau actuel", écrivait lundi Kepler Cheuvreux, en se demandant si la hausse des résultats allait permettre d’absorber la compression des multiples, alors même que les anticipations de résultats sont "quasiment plates depuis août dernier" sur le Nasdaq. L'indice technologique américain a perdu 6,8% depuis le début de l'année, et 9,2% sur ses pics de novembre. Son proxy agressif, le fonds Ark Innovation de Cathie Wood, émarge pour sa part à -18,7% en 2022, tandis que son double maléfique, l'ETF Tuttle Capital Short Innovation, gagne 20,7%.

On enterre aussi la politique monétaire prodigue des dix dernières années, avec la disparition des rachats d'actifs et le cycle de hausse de taux qui va s'enclencher aux Etats-Unis. Brian S. Wesbury, de First Trust, a publié un intéressant papier sur l'inflation, en mettant dos-à-dos les démocrates qui accusent les entreprises de cupidité et les républicains qui fustigent la dépense publique. Pour l'économiste, connu pour ses sympathies républicaines, les deux camps sont de mauvaise foi, à moins qu'il ne se fourrent profondément le doigt dans l'œil. Non, de son point de vue, c'est la politique monétaire laxiste qui explique l'inflation, ce qui rend d'autant plus important un suivi rigoureux des prochains mois et complique singulièrement la tâche de la banque centrale. Pour autant, Wesbury pense que quelques hausses de taux et le tapering (disparition des achats d'actifs) ne suffiront pas à supprimer tout laxisme dans la politique monétaire.

On enterre ensuite l'ancien Suez, après l'annonce du succès de l'OPA de Veolia, qui ne faisait guère de doute compte tenu de l'accord finalement trouvé entre les deux rivaux sur le prix de rachat. Le groupe d'Antoine Frérot réalise un gros coup en mettant la main sur son alter-ego, au prix de la revente de certains actifs de Suez, notamment sa branche "eau" en France qui conservera le patronyme. A moins que l'on ne voit resurgir la Lyonnaise des Eaux, puisque les noms vintage sont à la mode. La transaction a réveillé l'action Veolia, passée de moins de 16 EUR début novembre 2020 à plus de 32 actuellement, soit un gain de 100% en 14 mois. Un enterrement de première classe donc.

Enfin, peut-être faut-il enterrer les idées reçues sur les bénéfices des banques. Après avoir surpris à de multiples reprises les investisseurs par la qualité de leurs résultats l'année dernière, les premières annonces bancaires américaines sont pour le moins décevantes. JPMorgan Chase a chuté de 6% vendredi après la publication de bénéfices records mais moins flamboyants que prévu (enfin, si l'on peut dire qu'un bénéfice de 48,3 Mds$ n'est pas flamboyant). Et a rechuté de 4,2% de plus hier après que son comparse Goldman Sachs eut à son tour déçu son monde en dépit, là encore de bénéfices stratosphériques. "The Firm" a plongé de son côté de 7% en clôture hier.

Comme souvent, les marchés ont réagi tardivement aux signaux pourtant très clairs de la banque centrale américaine. Enfin très clairs il faut le dire vite, parce que la Fed a elle aussi réagi trop tardivement. Il y a donc des mouvements violents depuis quelques jours, notamment sur le Nasdaq nous l'avons vu. Et quand le Nasdaq tousse, les autres indices s'enrhument. En Asie, Tokyo a perdu 2,8% et Sydney un peu plus de 1%. Le Hang Seng tient un peu mieux en séance mais évolue dans le rouge. Il n'y aura pas d'indicateur macroéconomique majeur aujourd'hui auquel se raccrocher. Ce sont les résultats trimestriels qui feront probablement la tendance. Le CAC40 perdait 0,3% à 7116 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Les chiffres de l'inflation de décembre au Royaume-Uni et en Allemagne sont publiés à 8h00. Aux Etats-Unis, les mises en chantier et les permis de construire de décembre seront annoncés à 14h30.

L'euro recule à 1,13229 USD. L'once d'or stagne à 1813 USD. Le pétrole est ferme à 86,51 USD le WTI et 88,50 USD le Brent. Le rendement du T-Bond remonte à 1,88% sur 10 ans. Le bitcoin perd du terrain sous les 42 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aalberts : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 72 EUR.
  • ABB : RBC passe de performance sectorielle à surperformance en visant 41 CHF.
  • Adecco : UBS passe de vendre à acheter en visant 55 CHF.
  • Alfen : Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 88 EUR.
  • Asos : l'Allemagne Sachs passe d'acheter à neutre en visant 2750 GBp.
  • Bureau Veritas : UBS passe de neutre à vendre.
  • DBV Technologies : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 3,40 EUR.
  • Delta Plus Group : GreenSome Finance passe de neutre à achat en visant 116,70 EUR.
  • DKSH : Stifel passe de conserver à acheter en visant 90 CHF.
  • DNB Bank : Deutsche Bank passe de conserver à acheter.
  • Electricité de France : J.P. Morgan passe de surpondérer à souspondérer en visant 7,60 EUR.
  • Fuchs Petrolub : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 50 EUR.
  • Lonza : Vontobel passe de conserver à acheter en visant 810 CHF.
  • NN Group : Citigroup passe d'acheter à neutre.
  • Ryanair : Liberum passe de conserver à acheter en visant 19 EUR.
  • Safran : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 109 EUR.
  • Schneider Electric : RBC passe de surperformance à performance sectorielle en visant 175 EUR.
  • Segro : J.P. Morgan passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 1450 GBp.
  • SFS Group : Baader Helvea passe d'accumuler à acheter en visant 165 CHF.
  • Sika : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 441 à 456 CHF.
  • Siltronic : Jefferies passe de neutre à achat en visant 160 EUR.
  • Swiss Life : Citigroup passe d'achat à neutre en visant 616,80 CHF.
  • Veolia : Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 35 à 38 EUR.
  • Wienerberger : Oddo BHF démarre le suivi à surperformance en visant 42 EUR.
  • Zurich Insurance : Citigroup passe de neutre à achat.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Christel Heydemann en pole-position pour prendre la direction générale d'Orange.
  • Sanofi annonce des données positives dans un deuxième essai de phase III avec Dupixent dans le traitement du prurigo nodulaire.
  • Gecina place un Green Bond de 500 M€ d’une maturité de 11 ans à 0,875%.
  • Havas (Vivendi) rachète Tinkle.
  • Eurazeo lève un nouveau montant record de 5,2 Mds€ 2021.
  • Delta Plus s'offre l'italien Maspica.
  • Transgene et PersonGen en collaboration pour l'évaluation d'une nouvelle combinaison thérapeutique contre les tumeurs solides.
  • Drone Volt s'offre le néerlandais Skytools.
  • Carbios accélère son développement industriel.
  • Riber reçoit une commande de machine MBE.
  • Les résultats de l'étude de phase I/II d'Abivax avec ABX196 dans le cancer du foie seront présentés le 21 janvier à l'ASCO GI Cancers Symposium 2022.
  • Vogo participe à un consortium pour répondre aux enjeux mondiaux de prévention et de détection des commotions cérébrales dans l'univers du sport.
  • Visiativ a des ambitions de recrutement.
  • Econocom, Implanet, Entech, Spineway, Kerlink, Arcure, Grolleau, Réalités ont publié leurs comptes et/ou des prévisions.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • ASML prévoit des ventes nettement inférieures aux projections au 1er trimestre, et anticipe 20% de croissance annuelle en intégrant le sinistre qui a frappé le groupe.
  • La croissance organique de la Compagnie Financière Richemont nettement supérieure aux attentes au T3 fiscal.
  • Sony chute en bourse après l'opération de Microsoft sur Activision.
  • Burberry annonce une croissance de 5% de ses ventes trimestrielles.
  • EQT fait mieux que prévu sur l'exercice 2021.
  • TechnipFMC retenu sur un projet éolien en Ecosse.
  • Ford va enregistrer dans ses comptes un gain de 8,2 Mds$ lié à Rivian.
  • Des actionnaires de Tesla mécontents veulent qu'Elon Musk rembourse l'acquisition de SolarCity, soit 13 Mds$.
  • AT&T et Verizon font un geste sur la 5G sans éliminer le risque de perturbations du trafic aérien.
  • Poenina et Burkhalter envisagent de fusionner.
  • Le conseil d'administration d'Assicurazioni Generali, en proie à une lutte interne sur la reconduction de son PDG Philippe Donnet, a riposté mardi aux actionnaires frondeurs, estimant "sans fondement" les critiques formulées à son égard.
  • Principales publications de résultats : UnitedHealth, Procter & Gamble, ASML, Morgan Stanley, Compagnie Financière Richemont, Antofagasta, Burberry, Virbac

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