8 hausses pour 492 baisses. C'est le bilan de clôture de l'indice large américain S&P500 hier soir. Il a perdu 4%, lâché par ses amortisseurs habituels, les Apple, Microsoft et consorts. A vrai dire, cela fait quelques semaines que les grosses technologiques américaines ne sont plus en odeur de sainteté. Ce qui explique d'ailleurs que l'Europe se comporte mieux que les Etats-Unis en 2022. Mais il s'est passé autre chose hier.

Hier, tout un secteur a lâché aux Etats-Unis, et pas n'importe lequel : celui de la distribution de produits de consommation de base. Depuis le début de l'année, les investisseurs ont accru leurs paris sur les valeurs défensives. Parmi elles, les entreprises de la distribution alimentaire avaient assez bonne presse, au point qu'elles affichaient pour une bonne partie d'entre elles des parcours boursiers positifs. C'est un peu le phénomène qui a animé Carrefour en France depuis le 1er janvier, en plus de l'amélioration des performances et du petit vent de spéculation avec Auchan. Pourquoi va-t-on vers le défensif en période plus incertaine ? Parce qu'il commercialise des produits ou des services dont on ne peut pas vraiment se passer. Le quatuor traditionnel, c'est les Télécoms, à cause du besoin de communiquer. La Pharmacie, à cause de la nécessité de se soigner. Les Utilités, parce qu'il faut bien accéder à l'eau et à l'énergie. Et la Distribution de base, parce qu'il faut manger et conserver un minimum d'hygiène.

Le coup de semonce est venu de Walmart mardi. Walmart est une sorte de Carrefour en sept fois plus gros. L'action du groupe s'est effondrée de 11% après une révision en baisse des objectifs annuels en marge de l'annonce des résultats du dernier trimestre. Walmart n'était donc pas le havre de paix qu'espéraient les investisseurs, parce que l'inflation a fait enfler ses coûts : transport, main d'œuvre, produits. Dans la foulée, le rival Target tenait hier le même discours. Même cause, conséquences encore plus lourdes : -25% hier soir à la clôture. Les autres entreprises du secteur aux Etats-Unis comme Dollar Tree, Dollar General ou Costco Wholesale ont aussi vu leurs titres couler à pic. Toutes ces actions surperformaient assez nettement le marché depuis le 1er janvier. Le mouvement a été si profond qu'il a contaminé l'Europe : Carrefour, Casino ou Jeronimo Martins ont tous perdu plus de 3% hier en fin de parcours.

C'est bizarre quand même cette capacité qu'ont parfois les investisseurs à détourner les yeux jusqu'au dernier moment. Une sorte de syndrome de Saint Thomas. Car cet effet de ciseau entre une hausse des coûts d'une rare intensité et la réduction des capacités financières des consommateurs fait la une depuis des mois. Alors évidemment, les grandes surfaces alimentaires risquent d'être plus fréquentées que les magasins de produits superflus dans les trimestres à venir. Mais cela ne signifie pas pour autant que les sociétés qui les exploitent vont maximiser leurs profits. Les investisseurs en ont la confirmation depuis les mises à jour de Walmart et Target, qui les renvoie vers une question bien plus épineuse : ont-ils eu d'autres fausses bonnes idées de cachettes sécurisées ? D'ailleurs, de telles cachettes existent-elles vraiment quand la grande lessiveuse inflationniste rebat les cartes ? La réponse est oui, puisqu'on sait que les matières premières suivent la pente des prix. Les actifs liés au pétrole et aux denrées agricoles sont d'ailleurs au zénith ou presque. Mais bon, ce n'est pas très enthousiasmant.

Mais quid des autres ? Si vous avez un peu de mémoire, vous vous souvenez probablement qu'il y a deux ans, lorsque le coronavirus a semé la panique sur les marchés, il a fallu un peu de temps pour que les investisseurs se rendent compte que les grands acteurs du numérique avaient aussi des vertus défensives : ils ont tellement pénétré notre quotidien que certains d'entre eux constituent quasiment des services de base qui feraient probablement partie des derniers budgets à être coupés, mais avec un enrobage un peu plus sexy que votre forfait Orange. Bien sûr, ils avaient aussi profité du tout-distanciel à l'époque. Et du quoi qu'il en coûte mondial. Mais pour l'instant au printemps 2022, en dehors des matières premières, les investisseurs n'ont pas vraiment trouvé leur sanctuaire, d'autant qu'ils ne peuvent plus compter sur les largesses des banques centrales. Décidément, tout cela devient très compliqué.

L'actualité du jour est dominée par la géopolitique avec l'opposition marquée du président turc Erdogan à l'intégration de la Suède et de la Finlande à l'OTAN. Il y aura une série d'indicateurs macroéconomiques aux Etats-Unis cet après-midi, et encore quelques publications de résultats. Les indicateurs avancés européens sont naturellement baissiers, puisqu'il y a un écart de performance à combler avec les Etats-Unis. En Asie Pacifique, le Nikkei 225 a perdu 1,7% et l'ASX 200 environ 1,6%. Le Hang Seng pique du nez de 2,4% à Hong Kong à l'heure où ces lignes sont écrites. Le CAC40 perdait 1,2% à 6274 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

L'essentiel du programme sera étasunien : indice Philly Fed et demandes d'allocations chômage hebdomadaires à 14h30, puis indices des indicateurs avancés et chiffres mensuels de l'immobilier ancien à 16h00. Tout l'agenda macro ici.

L'euro se stabilise autour de 1,05 USD. L'once d'or s'échange à 1816 USD. Le pétrole campe sur ses positions, avec un Brent de Mer du Nord à 110,50 USD le baril et un brut léger américain WTI à 110,47 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans recule à 2,91%. Le bitcoin se négocie autour de 29 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Barclays : KBW passe de performance de marché à surperformance en visant 230 GBp.
  • Beiersdorf : Bernstein reste à performance de marché avec un objectif relevé de 90 à 95 EUR.
  • Crédit Agricole : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 11 EUR.
  • Fortum : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 21 EUR.
  • Future : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 5225 à 3600 GBp.
  • Imperial Brands : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1668 à 1899 GBp.
  • ISS : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 125 DKK.
  • Nestlé : Bernstein passe de surperformance à performance de marché en visant 120 CHF.
  • Orkla : Bernstein passe de performance de marché à surperformance en visant 85 NOK.
  • Roche : Crédit Suisse réduit son objectif de cours de 370 à 350 CHF.
  • Société Générale : KBW passe de performance de marché à surperformance en visant 32,50 EUR.
  • Solvay : Morgan Stanley passe de neutre à sousperformance en visant 81 EUR.
  • Spectris : HSBC passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 110 EUR.
  • Subsea 7 : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 100 à 110 NOK.
  • The British Land : AlphaValue reste à vendre avec un objectif relevé de 394 à 419 GBp.
  • UCB : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération ligne en visant 110 EUR.
  • Varta : Berenberg reste à conserver avec un objectif réduit de 105 à 95 EUR.
  • Veolia : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 39 à 36,50 EUR.
  • Watches of Switzerland : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1600 à 1500 GBp.
  • Zurich Insurance : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 405 à 470 CHF.

En France

Publications de résultats :

  • Eurazeo : la société de portefeuille confirme ses objectifs à moyen terme et lance un programme de rachat d'actions.
  • Vallourec : le spécialiste des tubes sans soudure réduit sa perte au T1 et relève ses prévisions. Le groupe va supprimer 3000 emplois dans le monde, 550 de plus que prévu.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • L'antitrust britannique sceptique sur le rapprochement entre Veolia et Suez.
  • Société Générale a finalisé la vente de ses actifs russes, dont Rosbank à Interros Capital.
  • L'Oréal rachète les parfums Byredo au fonds Manzanita Capital, pour environ 1 Md€.
  • Stellantis va remanier l'an prochain son réseau européen de concessionnaires.
  • Denis Kessler restera président de Scor jusqu'en 2024.
  • Electricité de France réduit une fois encore sa prévision de production d'électricité nucléaire 2022 en la ramenant dans la fourchette "280 à 300 TWh" contre "295 à 315 TWh" précédemment.
  • Derichebourg va monter de 4,9 à 19,6% du capital d'Elior dans le cadre d'un accord avec le holding du fondateur, réalisé à 5,65 EUR l'action a minima. Mais aucune OPA n'est prévue.
  • Eiffage construira la première gigafactory de batteries électriques d’ACC à Douvrin.
  • Volkswagen devrait obtenir le feu vert inconditionnel de l'UE pour l'accord Europcar.
  • L'Agence européenne du médicament accepte l'examen du dossier du vaccin covid de Valneva.
  • Ecomiam et Agrikolis s’associent pour ouvrir les deux premières fermes relais de retrait de produits surgelés 100% origine France.
  • Latécoère finalise l'acquisition de MADES.
  • Nacon dévoile son nouveau lineup.
  • UV Germi va équiper quinze bassins pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
  • Acheter-Louer va encore regrouper ses actions.
  • Europlasma lance ses essais en Chine.
  • Eurobio finalise le partenariat avec NextStage AM au prix de 25,28 EUR par action.
  • Nanobiotix, Parrot, Cybergun ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Publications de résultats :

  • Cisco : le titre chute de 12% hors séance après la publication de prévisions du T4 fiscal nettement inférieures aux attentes.
  • easyJet : la perte semestrielle atteint 545 MGBP, en ligne avec les attentes.
  • Tencent : le titre perdait du terrain à Hong Kong après la publication de résultats trimestriels décevants.

Annonces importantes (et autres)

Lectures