Si la première séance du semestre était le reflet des six mois qui suivent, les investisseurs signeraient probablement pour le scénario qui s'est dessiné le 1er juillet 2022. Les indices ont globalement terminé en hausse modérée, mais il faut savoir se contenter de peu après un premier semestre boursier qui a permis de ressortir des cartons toute la sémantique de la catastrophe. 

Les marchés actions ont encaissé une purge qui a permis de gommer un certain nombre des excès accumulés ces dernières années. L'actualité me donne une excellente illustration de la façon dont les financiers sont capables de se monter la tête. Vous avez probablement entendu parler de Klarna, la jeune pousse suédoise encensée comme la plus belle aventure européenne du "acheter maintenant, payer plus tard", ou "buy now, pay later". Le service permet de payer en trois fois sans frais les achats, avec un nombre croissant de commerçants. "Klarna, c’est le moyen le plus smoooth et le plus sûr d’acheter directement ce qui vous fait envie, puis le payer au fil du temps", vante l'application.

Derrière l'enrobage marketing, il y a la vieille idée du paiement différé, qui concernait autrefois les gros achats. Klarna ouvre le dispositif aux petites sommes et fait payer le service aux vendeurs et pas aux acheteurs. La promesse est en substance : on vous ramène des clients grâce à notre service en échange de quoi vous nous rémunérez. Presque de l'apport d'affaires en somme. Le problème, c'est que le modèle économique est encore incertain. Saluons toutefois les efforts de la société qui publie ses résultats trimestriels comme une société cotée alors qu'elle ne l'est pas, puisqu'elle est portée depuis son origine par le private equity. Klarna a perdu l'équivalent de 659 M€ en 2021 et 239 M€ sur le seul 1er trimestre 2022. Pourquoi des professionnels investissent dans un truc pareil, vous demandez-vous ? Parce que tout le monde est à la recherche du prochain Google et que l'activité de la fintech est en vive croissance avec désormais 150 millions d'utilisateurs actifs dans le monde. Les investisseurs font donc le pari que l'entreprise atteindra tôt ou tard le point de bascule et qu'elle deviendra une machine à cash.

Bon, mais en attendant, comme la société perd beaucoup d'argent, elle doit réaliser des levées de fonds à intervalle régulier. C'est là qu'est l'os du jour. Le Wall Street Journal croit savoir que la levée de fonds en cours sera réalisée sur la base d'une valeur de 6,5 milliards de dollars pour Klarna (c'est grosso modo la valeur d'entreprise de La Française des Jeux, pour vous donner une idée). Mais Reuters parle de son côté de 6 Mds$. Ça vous semble peut-être beaucoup, mais au cours du 1er trimestre 2022, les actionnaires de Klarna estimaient que la société valait plutôt 30 Mds$. Puis quelques semaines après, le chiffre de 15 Mds$ était avancé. Il y a dix jours, les bruits de couloir du private equity laissaient penser que Klarna cherchait à lever des fonds sur la base d'une valeur de 10 Mds$. On en est donc à 6 Mds$ pour démarrer la semaine et il vaudrait mieux que les rumeurs cessent sinon la société ne vaudra plus rien dans quelques heures.

Oh, et j'ai oublié de préciser que des actionnaires institutionnels a priori sérieux sont entrés dans Klarna l'année dernière sur la base d'une valorisation de 45,6 Mds$. Oui vous avez bien lu, 45,6 milliards de dollars (ce qui correspond à la valeur d'entreprise de Safran, par exemple). Si l'on prend les 6 Mds$ évoqués par Reuters ce weekend, cela signifie que la société suédoise vaut 7,6 fois moins que l'année dernière. C'est parfaitement ridicule et cela illustre à merveille les délires provoqués par les excès de liquidités des dernières années, qui ont abouti à la situation que l'on connaît actuellement. Je n'ai rien contre Klarna bien sûr et pour être honnête, je ne sais pas du tout combien vaut cette société. Mais visiblement, je ne suis pas le seul. L'histoire ne dit pas si Klarna propose d'investir et de payer plus tard en trois fois.

Allez, on revient sur les nouvelles du jour. Que faut-il retenir pour démarrer la semaine sur les marchés financiers ?

  • Ambiance : "C'est le début du mois, essayons de rebondir discrètement".
  • Actualités économico-financières : Les entreprises américaines commencent à souffrir de la vigueur du dollar. L'Argentine perd son ministre des finances. JPMorgan Chase voit le baril de pétrole à 380 USD dans le scénario du pire.
  • Infos générales : L'armée russe progresse dans le Donbass. Une fusillade dans un centre commercial danois fait trois morts. En Australie, Sydney frappée par de violentes inondations. La France connaîtra probablement son nouveau gouvernement dans la journée. Les Minions font un carton au box-office.
  • Actualités des sociétés : Tesla est faillible, puisque la société a livré moins de véhicules que prévu au second trimestre, rattrapée par les pénuries et le confinement chinois.
  • L'info inutile : les comptes YouTube et Twitter de l'armée britannique ont été piratés pour faire passer des messages en faveur des cryptomonnaies et des NFT.
  • A retenir : C'est la fête de l'indépendance aux Etats-Unis, les marchés sont fermés.

Le CAC40 a démarré la séance en hausse de 0,7% à 5975 points. Le Bel20 gagnait 0,86% à 3740 points et le SMI 0,4% à 10815 points.

Les temps forts économiques du jour

Peu d'indicateurs aujourd'hui, hormis les prix à la production européens de mai (11h00). Tout l'agenda macro ici.

L'euro se négocie 1,0426 USD. L'once d'or remonte légèrement à 1811 USD. Le pétrole rebondit un peu avec un Brent de Mer du Nord à 111,40 USD le baril et un brut léger américain WTI à 108,17 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans recule à 2,88% sur 10 ans et sur 5 ans. Le bitcoin s'échange autour de 19 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • 4C Group : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 58 SEK.
  • Abivax : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif réduit de 36,20 à 25 EUR.
  • AMS-Osram : J.P. Morgan passe de surpondérer neutre en visant 10,33 CHF.
  • AutoStore : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 32 à 27 NOK.
  • Compagnie Financière Richemont : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif réduit de 137 à 134 CHF.
  • ERG : Morgan Stanley démarre le suivi à pondération en ligne en visant 30 EUR.
  • Ferrari : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 180 USD.
  • Geberit : UBS passe de neutre à achat en visant 590 CHF.
  • Gecina : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 139 à 114 EUR.
  • Glencore : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 630 à 640 GBp.
  • Interroll : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 3700 à 2500 CHF.
  • Kardex : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 290 à 220 CHF.
  • Metabolic Explorer : Kepler Cheuvreux reprend le suivi à conserver avec un objectif de 2,50 EUR.
  • Munters : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 62 à 64 SEK.
  • Pets at Home : RBC passe de performance sectorielle à sousperformance en visant 280 GBp.
  • Prosegur : Mirabaud passe d'acheter à neutre en visant 2,03 EUR.
  • Proximus : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif réduit de 14 à 11,60 EUR.
  • Shop Apotheke : Oddo BHF passe de surperformance à neutre.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les livraisons de Tesla sont inférieures aux prévisions au second trimestre, à cause des pénuries.
  • The Toronto-Dominion Bank s'intéresserait à Cowen, selon Bloomberg.
  • Le spécialiste canadien des cryptomonnaies Voyager Digital suspend le négoce, les dépôts et les retraits, dommage collatéral du fonds crypto Three Arrows.
  • KDDI indique que 70% de ses services ont été rétablis après de gros problèmes de réseau.
  • Uniper pourrait bénéficier d'un sauvetage "à la Deutsche Lufthansa".
  • General Motors craint un manque à gagner au deuxième trimestre en raison de la pénurie de semi-conducteurs qui affecte les ventes de véhicules.
  • Citigroup serait en discussion avec des entreprises au sujet de la vente potentielle de ses activités en Russie.
  • Virya Energy (Colruyt) va "définir des options stratégiques" pour l'énergie éolienne en mer.
  • La famille Agnelli, via sa holding Exor, va acquérir une participation de 10% dans l'Institut Mérieux pour 830 M€.
  • DKSH se renforce dans les ingrédients alimentaires et acquiert Goerg Breuer.
  • Les ventes de Honda aux États-Unis chutent en juin en raison de "graves problèmes d'approvisionnement au deuxième trimestre".
  • CTS Corporation a finalisé l'acquisition de Ferroperm Piezoceramics auprès de Meggitt pour 525 MDKK.
  • Valora a finalisé l'acquisition de Frittenwerk.
  • Le constructeur chinois Shimao incapable d'honorer une obligation.
  • Klarna discuterait d'une levée de fonds sur la base d'une valorisation de 6 Mds$, selon Reuters. L'année dernière, un tour de table comprenant un fonds SoftBank avait investi sur la base de 46 Mds$, soit 7,5 fois plus.
  • Principales publications du jour : Fast Retailing, Repsol, NordnetTout l'agenda ici.

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