Cette démarche vise à simplifier la prise de décision en prenant un choix binaire : soit le titre correspond à nos critères d’entrée et nous lui accordons un poids de 5% dans le portefeuille, soit elle ne correspond pas à nos critères et le titre ne mérite pas notre faveur. 

On se passe ainsi de toutes les réflexions sur la pondération en fonction de la conviction, la pondération en fonction du risque ou encore la pondération en fonction de la taille de la société. Si elle correspond à notre philosophie d’investissement avec un potentiel relativement important et un risque relativement faible, nous la rentrons. 

Il est essentiel de simplifier au maximum la prise de décision et de limiter l’influence négative des biais cognitifs. En effet, si l’on tient compte de l’incertitude quant aux rendements futurs des actions et à la difficulté de “timer” les arbitrages (achat/vente/allègement/renforcement) en fonction de l’évolution de la conviction, il devient très compliqué de surperformer un portefeuille équipondéré qui lui ne pose pas autant de problèmes. 

D’ailleurs, les gestions équipondérées, notamment dans les fonds professionnels, créent bien souvent de meilleures performances. Cette surperformance vient à mon avis de cette simplification du processus d’investissement. On se concentre sur la sélection du titre et pas la gestion du portefeuille. Cela limite ainsi les erreurs humaines liées aux biais cognitifs et réduit donc le risque du portefeuille. 

Les portefeuilles Investisseur de Zonebourse, utilisant l’équipondération, surperforment leur indice de référence sur le long terme (10 ans et plus). 

Portefeuille Investisseur Europe PEA vs. ETF Lyxor MSCI Europe NR (dividendes réinvestis) sur 10 ans : 

Source : Zonebourse 

Portefeuille Investisseur USA vs. ETF iShares MSCI USA NR (dividendes réinvestis) sur 10 ans :

Source : Zonebourse 

Lorsque l’on regarde les indices cette fois, par exemple le S&P 500 aux Etats-Unis, on remarque qu’il est pondéré par capitalisation. Le top 10 pèse ainsi 28,86% de l’indice. Vous pensiez investir de manière diversifiée sur l’économie américaine mais vous vous apercevez que plus d’un quart repose sur seulement 10 entreprises. 

Source : Zonebourse 

Alors faut-il mieux investir dans un ETF classique ou un ETF équipondéré ? Et bien, même les indices équipondérés surperforment à long terme. En effet, ces derniers donnent une exposition systématique aux facteurs de risque qui sont plus performants à long terme. Ils surpondèrent les petites capitalisations qui ont souvent un potentiel de croissance supérieur. 

Exemple ci-dessous avec le S&P 500 vs. le S&P 500 Equal Weight : 

Source : Bloomberg & Joachim Klement 

Des chercheurs de l’Université de Lancaster ont essayé de trouver les facteurs qui expliquent cette différence de performance entre le S&P 500 et le S&P 500 équipondéré. Le premier facteur est l’exposition aux small-caps. Ce biais est environ trois fois plus important que le biais de valeur inhérent à l'indice équipondéré. Les portefeuilles à pondération égale profitent moins des effets de momentum que les indices pondérés par la capitalisation boursière, ce qui crée une sous-performance si le marché est principalement guidé par le momentum. Mais à regarder les courbes depuis 1990, l’équipondération surperforme, notamment dans les phases de hausse du marché. Les biais de valeur et de capitalisation compensent ainsi largement l’effet momentum

Source : Swade et al. (2022)

Le graphique ci-dessus montre les contributions à la surperformance du portefeuille équipondéré avant et après la crise financière mondiale de 2008 (post-GFC et pre-GFC). La principale différence entre ces périodes est qu'après la crise financière mondiale, les taux d'intérêt étaient nuls et la croissance faible. Cela a changé un peu la donne en 2022 avec des taux directeurs qui sont repartis à la hausse. Mais que les taux reviennent bas ou restent élevés, cela ne change pas les deux facteurs qui expliquent la meilleure performance de l’équipondération : le biais de valeur (value) et le biais de capitalisation (small-caps). 

Voici un petit aperçu de l’utilité d’équipondérer son portefeuille. Dans le cas d’un indice, cela permet de pondérer plus fortement les petites sociétés qui ont plus de chance de croître à un rythme plus élevé. Dans le cas d’un portefeuille actions, cela permet de simplifier la prise de décision, de se concentrer sur une démarche plus rationnelle et de limiter les biais cognitifs liés à la pondération sur le risque et la conviction. Maintenant, c’est à vous de faire votre choix en fonction de votre personnalité et de votre expérience.