OUAGADOUGOU (Reuters) - L'émissaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'ancien président nigérien Mahamadou Issoufou, s'est déclaré mardi satisfait de son entretien avec le chef de la nouvelle junte militaire au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré.

Mahamadou Issoufou a ajouté que le bloc régional continuerait d'accompagner la transition du Burkina Faso vers un nouvel ordre constitutionnel après le deuxième coup d'Etat militaire dans ce pays depuis le début de l'année.

La Cédéao a demandé à plusieurs reprises aux militaires qui ont pris le contrôle du Burkina Faso vendredi de respecter le calendrier accepté par leurs prédécesseurs pour le rétablissement d'un ordre constitutionnel d'ici juillet 2024.

Devant les journalistes, Mahamadou Issoufou a fait état d'échanges très profonds, très francs lors de ses entretiens à Ouagadougou avec Ibrahim Traoré et des chefs coutumiers et religieux.

"Je peux vous assurer que la Cédéao va continuer à accompagner le peuple burkinabè (...) dans cette épreuve difficile qu'il traverse", a-t-il dit.

Les autorités du Burkina Faso ont publié un communiqué se contentant de faire état de cette rencontre sans précisions sur son contenu.

Ibrahim Traoré a déclaré dimanche soir à Radio France Internationale souhaiter que "le retour à l'ordre constitutionnel normal soit même avant cette date (de juillet 2024-NDLR), si la situation le présage".

Cet entretien a eu lieu sur fond de manifestations à Ouagadougou, qui ont contraint la délégation de la Cédéao, pour des raisons de sécurité, à rester à l'aéroport plutôt que de se rendre au coeur de la capitale, a dit une source diplomatique.

Dans la matinée, des manifestants ont bloqué l'accès au centre de conférences où devaient avoir lieu ces entretiens, a constaté un journaliste de Reuters. La foule est restée relativement peu fournie et pacifique.

Au cours du week-end, de violentes manifestations hostiles à la France avaient déjà éclaté au Burkina Faso, notamment devant l'ambassade française à Ouagadougou, bien que Paris ait démenti des affirmations selon lesquelles l'ancien président intérimaire Paul-Henri Damiba, lui-même arrivé au pouvoir après un coup d'Etat en janvier, s'était réfugié sur une base militaire française.

(Reportage Thiam Ndiaga et Anne Mimault, rédigé par Sofia Christensen, version française Bertrand Boucey)