L'onde de choc du COVID-19 déferle sur le monde du travail. Un chiffre suffit à illustrer cette réalité: fin avril, 1,9 million de personnes (soit 37 pourcent des actifs) étaient au régime des réductions d'horaire de travail (chômage partiel). Du jamais vu. A titre de comparaison, on peut rappeler qu'au plus fort de la crise économique de 2009, près de 90'000 employés ont pu bénéficier de ce dispositif, qui a pour objectif premier de pallier un recul temporaire des activités et de préserver des emplois.

Deux raisons expliquent l'engouement pour cet instrument. Son efficacité tout d'abord. Une étude réalisée en 2017 par le Centre de recherches conjoncturelles de l'EPFZ (KOF) montre que, entre 2009 et 2015, le chômage partiel a empêché des licenciements en Suisse et a permis aux entreprises concernées de sauvegarder au moins 10% de leurs emplois.

De la sorte, de nombreuses entreprises ont pu garder des travailleurs qualifiés et, par là même, un précieux savoir-faire. L'assurance-chômage y trouve également son compte: les dépenses occasionnées par ce remède anti-crise sont largement inférieures à celles du chômage complet. Pas étonnant dès lors que le chômage partiel soit unanimement soutenu par les partenaires sociaux et par les partis politiques, toutes couleurs confondues.

Mais le recours massif au chômage partiel s'explique surtout par le caractère exceptionnel de la crise que nous vivons. Fermeture d'entreprises, bouclage des frontières, restrictions de mobilité: tous les secteurs de l'économie ont été frappés de plein fouet par la pandémie. Dans ce contexte, le chômage partiel apparaît comme la seule bouée de sauvetage pour éviter les licenciements.

Face aux effets dévastateurs du COVID-19, le Conseil fédéral a élargi le cercle des bénéficiaires du chômage partiel, dont notamment les salariés dirigeants de leurs entreprises, les travailleurs temporaires et les apprentis. Mais cette mesure d'urgence a été abandonnée à la fin du mois de mai en parallèle avec la sortie du confinement.

Eteindre abruptement le droit à ces prestations risque de provoquer une vague de faillite, a fortiori dans un contexte où la consommation reste poussive et où la reprise des échanges commerciaux prendra du temps. Face à l'ampleur de cette crise, la prolongation de 12 à 18 mois de la durée du chômage partiel apparaît comme une priorité dans tous les secteurs - industrie des machines, horlogerie, tourisme - où les effets de la crise se feront sentir sur une longue durée. Cette mesure est soutenue par l'Union patronale suisse.

L'extension de la durée maximale du droit d'indemnité en cas de réduction de l'horaire de travail à 18 mois a déjà été introduite avec succès en 2016, suite à la crise liée au franc fort: des emplois ont été sauvés, l'appareil de production est resté intact. Cette prolongation a permis de rétablir un climat de confiance permettant aux entreprises concernées, pour la plupart des PME, de mieux planifier leurs activités et de relancer leurs investissements.

Le commentaire de Marco Taddei est paru dans «L'Agéfi ».

La Sté Union Patronale Suisse a publié ce contenu, le 10 juin 2020, et est seule responsable des informations qui y sont renfermées.
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