PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en nette baisse vendredi et les Bourses européennes vivent leur pire séance depuis plus d'un an, l'émergence d'un nouveau variant du coronavirus faisant craindre une résistance élevée aux vaccins ayant brutalement ravivé l'aversion au risque, avec à la clé une chute des rendements obligataires et du pétrole.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en repli de 2,17% pour le Dow Jones, de 1,57% pour le Standard & Poor's 500 et de 0,77% pour le Nasdaq.

La volatilité sur les marchés américains pourrait être amplifiée par la faiblesse des volumes en ce lendemain du jour férié de Thanksgiving, d'autant que la clôture sera avancée à 18h00 GMT.

À Paris, le CAC 40 perd 3,32% à 6.841,00 points à 12h15 GMT, effaçant tous ses gains du mois écoulé. A Londres, le FTSE 100 cède 2,8% et à Francfort, le Dax recule de 2,62%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 3%, le FTSEurofirst 300 de 2,67% et le Stoxx 600 de 2,38%. Il n'avait plus subi un tel recul sur une séance depuis le 27 octobre 2020 (-2,95%).

L'indice de volatilité de l'EuroStoxx 50 bondit de 42,34% et a touché son plus haut niveau depuis février.

Plusieurs pays dont la France ont suspendu les arrivées en provenance des pays d'Afrique australe afin d'éviter la propagation d'un nouveau variant du coronavirus SARS-CoV-2 détecté en Afrique du Sud.

Ce variant, le B1.1.529, se caractérise selon l'agence britannique de la santé par un mode de pénétration dans les cellules complètement différent de la souche du coronavirus sur laquelle sont basés les vaccins actuels, ce qui pourrait le rendre résistant à ceux-ci et donc contraindre les autorités à de nouvelles restrictions, notamment en matière de déplacements internationaux.

Cette perspective inquiète d'autant plus les investisseurs que la résurgence de l'épidémie en Europe s'amplifie de jour en jour, même si certains incitent à relativiser les fluctuations actuelles des marchés.

"Avec des marchés au plus haut, la diminution de la liquidité à l'approche de la fin de l'année et la remontée des cas de COVID, un repli semble logique", estime ainsi Emmanuel Cau, responsable de la stratégie Europe de Barclays. "La question clé est celle de l'efficacité ou non des vaccins actuels contre les variants. L'incertitude sur le COVID pourrait contraindre les banques centrales à adopter une attitude plus prudente."

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

VALEURS EN EUROPE

Le repli des actions affecte l'ensemble des secteurs de la cote en Europe mais les plus durement touchés sont ceux du transport et des loisirs, dont l'indice Stoxx chute de 6,43%.

Le compartiment bancaire (-4,75%) souffre quant à lui de la chute des rendements obligataires et celui de l'énergie du recul des cours du pétrole (-4,41%).

L'organisateur de croisières Carnival (-13,30%) accuse la plus forte baisse du Stoxx 600 et à Paris, les reculs les plus marqués du CAC 40 sont pour le constructeur aéronautique Airbus (-9,80%), son fournisseur de moteurs Safran (-9,96%) et le groupe de centres commerciaux Unibail-Rodamco-Westfield (-9,53%).

Parmi les rares hausses notables du jour figurent les acteurs cotés du marché des diagnostics et des tests comme Eurofins Scientific, qui gagne 6,49%, BioMérieux (+6,15%) ou Diasorin (+7,38%).

TAUX

Les achats massifs de valeurs refuges se traduisent par une forte baisse des rendements des emprunts d'Etat, de plus de 12 points de base pour les bons du Trésor américain à dix ans, à 1,5311%, et de plus de sept points pour le Bund allemand de même échéance, à -0,313%.

Le dix ans français est quant à lui revenu sous 0,05%, l'italien sous 1%.

Parallèlement, le taux d'inflation "à cinq ans dans cinq ans" dans la zone euro, baromètre des anticipations d'évolution des prix à long terme, est retombé à 1,8083%, son plus bas niveau depuis début octobre.

CHANGES

Le repli sur les actifs jugés les plus sûrs favorise avant tout le yen et le franc suisse, au détriment du dollar, qui perd 0,5% face à un panier de devises de référence.

Le billet vert est en outre désavantagé par l'absence d'une partie des cambistes aux Etats-Unis en ce lendemain de Thanksgiving. L'euro en profite pour remonter à 1,1274 dollar (+0,61%).

Le rand sud-africain cède par ailleurs plus de 2% face au dollar, au plus bas depuis un an.

Les cryptomonnaies subissent elle aussi de plein fouet le regain général d'aversion au risque: le bitcoin chute de 8,32% à 54 083,69 au plus bas depuis la mi-octobre.

PÉTROLE

La crainte de voir le nouveau variant faire rechuter le marché du transport aérien et plus globalement freiner la reprise économique, renvoie les prix du pétrole à leur niveau de début octobre.

Le Brent abandonne 5,86% à 77,40 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 6,49% à 73,30 dollars.

La baisse du prix du baril de Brent dépasse désormais 10% par rapport au pic du 25 octobre (86,70 dollars).

(Reportage Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)

par Marc Angrand