L’été sera-t-il calme et ensoleillé ou bien agité et tempétueux ? Il est clair que les marchés souhaitent un été paisible en attendant que la microéconomie revienne sur le devant de la scène avec la saison des résultats semestriels. Et on ne peut que leur donner raison puisqu’en excluant l’aggravation de la pandémie aux Amériques, la reprise économique se profile bel et bien à l’horizon et les marchés tiennent un cap haussier depuis trois mois, généreusement soutenus par la politique des banques centrales et les mesures de relance budgétaire lancées au sein des plus grandes économies du monde. Je ne vais pas réécrire l’histoire, qui se résume plus ou moins bien avec les trois énoncés suivants : « Crise la plus rapide de l’histoire », « Don’t fight the Fed/BCE » et « Vite un vaccin ». Le pire serait donc dernière nous, c’est du moins le sentiment partagé par le président de la Réserve fédérale de New York, John Williams, qui a déclaré lors d'une réunion en vidéo organisée par l'Institute of International Finance que l’économie US a probablement atteint un point bas dans la récession.

Toutefois, il convient de garder un œil attentif sur des nuages qui se profilent à l’horizon, et plus précisément en Asie du sud-est, des complications qui sont de différentes natures puisqu’on parle d’économie, de géopolitique et d’un nouveau risque sanitaire dont voici un condensé :

  • Vers la fin du principe « Un pays, deux systèmes ». Pékin a adopté hier sa loi controversée sur la sécurité nationale à Hong Kong, condamnée par l’Union Européenne et Washington. Le refroidissement des relations bilatérales entre les Etats-Unis et la Chine pourrait s’aggraver alors que l’administration Trump a annoncé mettre fin aux exportations d’équipements de défense sensibles vers Hong Kong. Pékin promet « des représailles » ; faisant planer sur les marchés comme un parfum de 2018.
  • Le choc des Titans. Les tensions élevées qui règnent entre l’Inde et la Chine après les accrochages meurtriers à la frontière des géants asiatiques dans l’Himalaya ont poussé New Delhi à mettre en place des restrictions sur les produits chinois. C’est désormais le cas de 59 applications chinoises, dont TikTok et WeChat, bannies du territoire indien, qui justifie sa démarche en raison de « la protection de la souveraineté et à l'intégrité de l'Inde, à la sécurité de l'État et de l'ordre public ».
  • L’Australie "Aussie”. Entre la Chine et l’Australie, le courant passe mal ces derniers temps. Ouverture d’une enquête visant à définir les responsabilités de la Chine dans la pandémie, mise en place de droits de douane de 80.5% contre l’orge australienne etc. Le gouvernement australien a également souligné aujourd’hui que les cyberattaques contre l’Australie avaient fortement augmenté ces derniers temps, visant - sans la nommer explicitement - la Chine.
  • Nouveau virus made in China. Une nouvelle souche de grippe susceptible de devenir pandémique a été identifiée par des scientifiques chinois. Son joli nom, G4 EA H1N1, est transporté par les porcs et peut infecter les humains. Les mêmes experts déclarent toutefois que cette nouvelle souche ne présente pas une menace imminente car il n’existe aucune preuve que le virus soit transmissible d’humain à humain. A vous d’en juger, je vous glisse ici l’article complet de Reuters

Toujours en Asie, le Nikkei débute ce nouveau semestre sur une note de prudence alors que la confiance des entreprises est tombée à un plus bas de 11 ans tandis que le Hang Seng pâtît de la montée des tensions avec Pékin. Le CAC40 a ouvert à l'équilibre à 4939 points.

Les temps forts économiques du jour

La lecture finale des PMI des services du mois de juin sera publiée tout au long de la journée, en matinée en Europe et dans l'après-midi en Amérique du Nord. L'emploi allemand (9h55) et de l'UE (11h00) sont aussi au programme. Aux Etats-Unis, l'enquête sur l'emploi d'ADP (14h15), les commandes d'usines (16h00) et les stocks pétroliers (16h30) sont attendus.

L'euro se traite à 1.122 USD. L'once d’or s’offre un nouveau record à annuel à 1786 USD. Le pétrole reprend son souffle, à 41.7 USD le baril de Brent et à 39.7 USD le baril de WTI. Le Bitcoin perd un peu de terrain à 9149 USD. Le rendement du 10 ans américain remonte à 0.68%.

Les principaux changements de recommandations

  • Accor: Crédit Suisse entame son suivi avec une recommandation à sous-performer et vise 21 EUR.
  • Airbus : Goldman Sachs, Jefferies et Crédit Suisse sont toujours à l’achat sur le titre et visent respectivement 84, 80 et 82 EUR.
  • Air France-KLM: Deutsche Bank maintient sa recommandation vendre en visant 3.50 EUR.
  • Alstom : JP Morgan conserve son opinion neutre et vise 38 EUR.
  • ArcelorMittal : Oddo confirme son opinion achat mais abaisse son objectif de cours à 13 EUR à 12 EUR.
  • AXA : HSBC abaisse son objectif de cours à 24,6 euros contre 31,8 euros.  Morgan Stanley abaisse son objectif de cours à 24,20 euros contre 24,90 euros.
  • BMW: UBS réduit son objectif de 60 euros à 53 euros et rétrograde le titre de 'acheter' à 'neutre'.
  • Elior Group: Crédit Suisse entame son suivi avec une recommandation à sous-performer et vise 4.2 EUR.
  • Getlink : Morgan Stanley abaisse son objectif de cours à 13,20 euros contre 14 euros.
  • Iliad : JPMorgan relève son objectif de cours à 200 euros contre 185 euros.
  • Lufthansa AG: Deutsche Bank maintient sa recommandation vendre en visant 5.70 EUR.
  • Micron Technology: JPMorgan relève son objectif de cours de 65 dollars à 70 dollars et confirme sa recommandation Surpondérer.
  • Publicis: Oddo BHF relève son opinion sur Publicis de 'alléger' à 'neutre' avec un objectif de cours ajusté de 31 à 32 euros.
  • Renault: UBS reste neutre mais revalorise son objectif de 16 à 22 EUR.
  • Ryanair Holdings : Deutsche Bank reste à l’achat à 13 EUR.
  • Sodexo : Crédit Suisse entame son suivi avec une recommandation « neutre » et vise 67 EUR.

L’actualité des sociétés

En France

Airbus a annoncé son intention de supprimer environ 15.000 postes d'ici l'été 2021 dans le cadre d'un plan de restructuration, un chiffre jugé « excessif » par Bercy. Suez  comptabilisera dans ses résultats du premier semestre des charges exceptionnelles de l’ordre de 550 millions d’euros, des charges à la fois liées à l’accélération de son plan de transformation mais aussi aux coûts liés à la pandémie. Vinci signe un contrat pour moderniser le Forum des citoyens de Velbert en Allemagne. GTT - Gaztransport et Technigaz  reçoit une commande de DSME pour les cuves de deux unités de stockage de GNL. Gecina acquiert un ensemble résidentiel au cœur de Paris. Société Générale rachète Shine, une fintech spécialisée dans les TPE tandis qu’Amundi finalise le rachat de la filiale de gestion d'actifs de Banco Sabadell, Sabadell AM. Pharmagest prend une position majoritaire au capital d’Asca Informatique pour devenir les leaders français de l’étiquetage numérique pour les pharmacies. Casino annonce ce soir avoir finalisé la cession de sa filiale Vindémia pour une valeur d'entreprise de 219 millions d'euros. Mercialys a placé avec succès une émission obligataire à 7 ans d'un montant de 300 M€, tout comme CNP Assurances qui annonce le succès de son émission obligataire d'un montant de 750 millions d'euros à échéance 30 juin 2051. Le groupe Lacroix a publié ses résultats semestriels et anticipe un retrait de 10% du chiffre d’affaires de l’année.

Dans le monde

Easyjet envisage de supprimer 700 postes de pilotes et de fermer trois bases au Royaume-Uni dans le cadre de son plan de restructuration. Banca Monte dei Paschi di Siena étudie différentes hypothèses de fusion, dont une avec Banco BPM. Vestas décroche une commande de 16 éoliennes en France ainsi qu’un contrat de 10 turbines aux Pays-Bas. La directrice des ressources humaines d’Adidas démissionne. Royal Dutch Shell prévoit de réduire la valeur de ses actifs pétroliers et gaziers jusqu'à 22 milliards de dollars en raison de la baisse des prix pétroliers alors qu’Exxon Mobil résiste aux sirènes des dépréciations. La Federal Communications Commission (FCC) a officiellement désigné les sociétés de télécommunications Huawei et ZTE comme menaces à la sécurité nationale. Boeing entame des vols de test de certification pour le 737 MAX. FedEx  déclare que des signes provisoires sur son activité indiquent que l'économie mondiale se remet de la pandémie de coronavirus. Facebook bannit les « Boogalooo », une mouvance ultra-violente d’extrême droite. La compagnie aérienne Aeroméxico dépose une demande de mise en faillite (Chapitre 11 de la loi sur les faillites).

Ça publie. Constellation Brands, General Mills, Rolls-Royce

 

Lectures

Dans Les Echos, L’Allemagne rejoint le club des émetteurs d’obligations vertes.

Le 737 MAX de Boeing reprend les airs pour des vols d’essais, relate Le Monde.

Exxon Mobil, irréductible gaulois refusant de déprécier ses actifs, à lire dans le Wall Street Journal.